Paris : Coup d'envoi du Marché de la poésie à l'ambassade du Congo

Les invités à cette très belle soirée poétique et musicale ont pu vivre, hier soir, un avant-goût de ce que sera le Marché de la poésie qui se tiendra du 11 au 15 juin place Saint-Sulpice à Paris. 

Ponctué par les lectures des poètes Gabriel Okoundji -lauréat du Prix Mokanda 2014- et Maxime Ndebeka ainsi que par l'admirable prestation de la chanteuse congolaise Helmi Bellini, l'événement de prestige était placé sous le signe de la musicalité, celle des sons et des rythmes des mots avec les lectures de poèmes mélant la langue de Molière et les langues du pays de la panthère, le Congo. Helmi Bellini a transporté le public avec sa magistrale interprétation d'Ata ozali, hymne de l'unité congolaise, dont les paroles ont été écrites par l'ambassadeur Henri Lopes.

Le premier des Congolais de France n' a d'ailleurs pas manqué de jeter un pont entre poésie et musique : « Reste une fratrie de poètes congolais : les paroliers de nos fameuses rumbas. Qu'on songe aux troubadours des tropiques que sont Paul Okamba, Antoine Moudanda, Franco. Ces monstres sacrés constituent des gisements méconnus, riches de pierres étincelantes. Ils ne s'expriment pas en français, mais dans les langues populaires, surtout en lingala, qu'ils rajeunissent par leurs traits de génie. Même s'ils ne sont pas à l'ordre du jour de cette soirée, je veux que, dans une minute de méditation discrète, nous ayons une pensée profonde pour ces griots et baladins hors du commun. »​

L'ambassadeur Lopes a rappelé : « Il y a beau temps que la poésie en langue française fleurit sur les rives du fleuve Congo. » Et de citer les précurseurs Lheyet-Gaboka, Letembet-Ambily et Lomami-Tchibamba, les poètes de la décolonisation, Martial Sinda, Tchicaya U Tam'si, Maxime Ndébéka, Téophile Obenga, Jean-Blaise Bilombo Samba, Sony Labou Tansi, Jean-Baptiste Loutard, et les poètes de « la nouvelle floraison » : Alain Mabanckou, Huppert Malanda et Gabriel Mwènè Okoundji. « Leurs poèmes sont des fleurs aux couleurs et aux parfums différents. Il n'y a pas de fleurs supérieures à d'autres, elles éclosent à des saisons différentes et chacun d'entre nous choisit de cueillir telle ou telle, selon ses penchants, selon les circonstances. Toutes ornent avantageusement notre patrimoine national », a déclaré l'ambassadeur Lopes.

« C'est la première fois que l'Afrique francophone est entendue dans sa voix poétique », a précisé Jacques Darras à propos de cette 32^e édition du Marché de la poésie qui aura pour région invitée d'honneur cette année le Bassin du Congo. « Il faut insister que la langue française que nous défendons tous et illustrons tous, n'est pas la propriété de la seule France, c'est une langue universelle » a-t-il poursuivi avant de rendre hommage aux poètes congolais : « C'est l'occasion de montrer qu'il y a de très grands poètes de langue française au Congo parmi lesquels on peut citer Tchicaya U Tam'si ou Sony Labou Tansi dont le rythme jazzé devrait nourrir les poètes français d'aujourd'hui. »

On pouvait apercevoir parmi l'assistance prestigieuse Philippe Douste-Blazy, président d'Unitaid, Dieudonné Ndabarushimana, ambassadeur du Burundi en France, le député Jean-François Mancel, l'écrivain Alain Mabanckou, la chroniqueuse Rokhaya Diallo, l'historien François Durpaire, le cinéaste Amog Lemra et de nombreuses personnalités du monde de la littérature et de l'édition : Jean-Noël Schifano, éditeur des oeuvres complètes de Tchicaya U Tam'si, Suzanne Diop, Michel Cadence, Jacques Chevrier, Marilena Lica-Masala, Dominique Loubao, Aimé Eyengué, Réassi Ouabondzi, Zacharie Acafou...  

Une entrée en matière réussie qui se poursuivra le jeudi 5 juin par une rencontre organisée à la Librairie Galerie Congo sur le thème « Maloba ya Ebale : Les dits du fleuve, poésie congolaise d’hier et d’aujourd’hui ».