Patrimoine historique national : le ministre de la Culture et des Arts, Jean Claude Gakosso, inaugure le monument Sainte Radegonde d’Oyo

Lundi 2 Juin 2014 - 15:59

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Ce monument dédié à Sainte Radegonde, qui a eu le privilège d’avoir son nom porté à la première mission d’évangélisation de la partie nord du Congo effectuée par Monseigneur Prospère Augouard en 1899, a été érigé dans l’enceinte de la paroisse Notre-Dame-de-l’Assomption d’Oyo dans le département de la Cuvette

C’est une entrée très honorifique que Sainte Radegonde, fille d’un roi de Thuringe, vient de faire dans l’univers très varié des monuments et sites historiques du Congo. Ce monument érigé en son honneur a été inauguré le jour même où tous les Catholiques du monde célébraient l’ascension.

Pour ce faire, une grande messe de bénédiction dite par Monseigneur Abagna Mossa, évêque d’Owando, en présence du ministre de la Culture et sa suite, ainsi que des autorités civiles et militaires de la ville d’Oyo, a précédé l’inauguration de ce monument. L’évêque d’Owando a dans son homélie, exhorté les chrétiens à croire véritablement à la résurrection du Christ et à sa montée vers le ciel. Puis il a béni l’ouvrage avant son inauguration.

Présent à cette cérémonie, le directeur général du patrimoine et des archives, Samuel Kidiba, a affirmé dans son allocution que ce monument est une cristallisation du passé, de l’histoire et de l’imaginaire du passé. « La Sainte Radegonde de Tsambitso, comme les autres vestiges, constituent la manifestation de la volonté des hommes bâtisseurs de se souvenir de notre mémoire qui est le témoin vivant des événements. »

Procédant à la coupure du ruban symbolique, le ministre Jean-Claude Gakosso a rappelé à l’auditoire qu’au Congo, il y a beaucoup de monuments qui sont le prolongement symbolique de la terre sainte. À titre d’illustration, il a cité les localités de Louzolo, Voka, Loango, Boundji et Tsambitso qui sont des hauts lieux d’évangélisation. « On peut considérer qu’à partir de ces lieux, notre peuple est entré dans l’histoire moderne... L’érection de ce type de monument par le ministère de la mémoire collective, que nous incarnons, vient montrer aux générations futures que Tsambitso, Loango, Louzolo ont réellement existé. » Avant d’ajouter : « Le symbole profond de cette statue, n’est autre que celui de l’amour du prochain… Nous sommes fidèles à nous-mêmes dans ce vaste projet que le président de la République nous a confié, en exhumant la mémoire collective. Je suis très heureux que cette œuvre qui mémorise la mission de cet événement de Tchambitso soit enfin réalisée. »

En procédant à l’inauguration du monument, le ministre a voulu matérialiser la vision du chef de l’État portant sur la cristallisation du patrimoine historique national du Congo. Une initiative positivement appréciée par les populations d’Oyo qui y voient un rempart spirituel dans leur manière de servir le Seigneur.

Que sait-on de Sainte Radegonde ?

Grande personnalité de l’histoire de France et grande sainte ; son rayonnement s’était étendu même au-delà de l’Europe. Fille d’un roi de Thuringe, sa famille fut massacrée en 531 par un fils de Clovis Clotaire, qui la fit prisonnière, alors qu’elle n’avait guère plus de 12 ans. Il lui fit donner une instruction soignée à Athies dans l’une de ses villas royales. Puis, devenu veuf, Clotaire décida vers 540, de l’épouser. Elle refusa, s’enfuit et finit ensuite par accepter le mariage. Bien que princesse germanique, elle devint « reine des Francs », ses ennemis d’hier. Très pieuse, elle s’employa à secourir les malheureux, à soigner les malades, à consoler les affligés, à demander la grâce pour les condamnés à mort. Elle fut une reine très bonne et très aimée de ses sujets qu’elle allait visiter.

Son jeune frère ayant été assassiné par Clotaire, son propre mari, Radegonde, excédée par tant de barbarie, décida vers 550 de se séparer de lui. S’étant faite consacrer religieuse par Saint Médard, évêque de Noyon, elle se retira dans un monastère qu’elle fonda à Poitiers, et où elle mena, durant 35 ans, une vie de pénitence particulièrement austère. C’est l’Abbaye Sainte-Croix qui subsiste encore aujourd’hui. Bien qu’ayant renoncé à toutes les richesses, à toutes les facilités de la vie et à son titre de reine pour ne s’attacher qu’au Christ, elle continuait à intervenir, de l’intérieur de son monastère, auprès des princes qui se déchiraient pour arrêter ou éviter les conflits. Bien que retirée du monde, son autorité demeura grande dans tout le royaume jusqu’à sa mort, le mercredi 13 août 587 à Poitiers.

Son renom de grande sainte s’étendit très vite dans tout le pays (en France où près de 150 sanctuaires lui sont dédiés), puis ailleurs : en Allemagne, en Angleterre, en Autriche, en Belgique, en Italie et même au Congo et au Canada. Les grâces obtenues par son intercession sont innombrables, environ 4.000 ex-voto dans l’église Sainte Radegonde de Poitiers où est son tombeau. On signale encore de toutes récentes… C’est après une période d’oubli, que les historiens redécouvrent cette grande figure de femme, et son culte renait un peu partout… D’où, ils lancent l’invite à tous de la prier pour l’Église, pour l’Europe et pour la France dont elle fut une reine prestigieuse. Parce que pensent-ils, elle mérite de devenir patronne de l’Europe.           

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le monument érigé en l’honneur de Sainte Radegonde Photo 2 : Photo de famille après le dévoilement du monument