Peinture : une exposition pour soutenir les femmes victimes des violences à l’est de la RDC

Samedi 10 Septembre 2022 - 15:24

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L’exposition qu’anime l’artiste Christian Badimbanga dit Ba, originaire de la République démocratique du Congo (RDC), à l’Institut français du Congo (IFC) de Brazzaville pour une durée de trois semaines, a été ouverte le 8 septembre en présence du directeur délégué de ce temple culturel, Régis Ségala. Elle a pour but de soutenir les femmes victimes des affres de toutes sortes dans l’est de la RDC.

Dans son mot de bienvenue, le directeur délégué de l’IFC de Brazzaville, Régis Ségala, s’est dit heureux et fier d’accueillir Christian Badimbanga pour ouvrir la nouvelle saison culturelle 2022-2023 et de clôturer  celle de cette année. « C’est un plaisir de pouvoir accueillir cet artiste dans nos murs pour cette première activité après ce long moment des vacances. L’IFC est très attaché au fait de pouvoir présenter le travail des jeunes artistes, que ce soit pour les arts visuels, la sculpture, la peinture, mais aussi la musique, la danse, le théâtre et le slam. On essaie de donner une expression à toute forme artistique. C’est très important pour nous qu’il y ait cette diversité et l’émergence des jeunes talents. Christian est déjà révélé dans le monde entier », a déclaré Régis Ségala.

Il a précisé par la suite qu’il est important de donner la parole à tous ces artistes, surtout ceux qui sont peu connus. Régis Ségala a annoncé les grands rendez-vous jusqu’à la fin de l’année, notamment la sixième édition de Mboté hip-hop prévue pour le 17 septembre sur le parvis de l'IFC ; la quinzième édition de tuSeo, festival international du rire de Brazzaville, du 27 au 29 octobre, avec la présence de Sahidou Habatcha, un humoriste très célèbre dans l’Afrique francophone mais aussi en Europe.

Soutenir le voisin en difficulté

Pour l’artiste Christian Badimbanga, qui s’est dit content d’exposer à l’IFC de Brazzaville pour la première fois, cette exposition s’inscrit dans le cadre du soutien aux femmes qui subissent les affres de toutes sortes à l’est de la RDC, attaqué depuis plusieurs années sans interruption. Les femmes sont violées à longueur des journées et les enfants tués comme des chiens. Aussi a-t-il lancé cette exposition pour soutenir toutes ces victimes de l’est de son cher pays. Parallèlement, il demande aux Congolais de Brazzaville de les soutenir aussi. « Quand la maison du voisin brûle, il faut se battre pour éteindre le feu, sinon ce feu va aussi envahir ta maison. Je demande aux Congolais de Brazzaville de soutenir ceux de l’est de la RDC. Car le Congo Brazzaville et celui de Kinshasa forment un même pays, n’eut été le fleuve qui nous a séparés. Voilà pourquoi j’ai pensé les soutenir à travers cette exposition qui parle de l’amour ; l’amour dans le travail », a souligné l’artiste.

Le travail que l’artiste présente à travers cette exposition qui va durer du 8 au 30 septembre révèle une plastique intéressante, pour le moins originale, d’une dimension philosophique, ou tout au moins théorique, moralisante, contre la guerre sous toutes ses formes. Il développe la thématique de la guerre à travers le thème de la « reconstruction ». Il s’agit, entre autres, des tableaux ci-après : Baby, Mawete, Into, Bertin, Eglise, Bonheur, Joie, Masques, Masques 2, Un regard vers l’extrême, Contemplation de l’inconnu, Durée de l’existence, Au-delà du crépuscule, Vision.

Pour rappel, Christian Badimbanga dit "Ba" s’est détaché depuis plus d’une dizaine d’années de l’académisme de l’Ecole des beaux-arts de Kinshasa, recherchant des canons esthétiques moins conventionnels que ceux de la peinture figurative académique. Ses lignes inachevées représentent l’infini, les hauts et les bas de nos vies mais surtout de la sienne. Il incruste dans ses toiles des boutons, collectés au fil du hasard, ce qui donne un certain relief à ces figures. Des formes anthropoïdes, fort expressives, sans doute malmenées par les réalités dont elles font partie, cousues et recousues de boutons ; des spirales ; des lignes inachevées, un symbolisme tantôt bantou, tantôt plus universel. Son travail offre une vision sur la communauté bantoue tout en y inscrivant ses propres traumatismes et une pensée universitaire. L’œuvre qui résume le mieux le travail actuel de l’artiste est le « Mandela », pour laquelle il a reçu en 2015 le premier prix de l’exposition African Art fair, Paris, France.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

1- Christian Badimbanga devant un de ses tableaux / Adiac 2- L’artiste et quelques visiteurs observant les toiles / Adiac 3- Les œuvres de Christian Badimbanga / Adiac

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