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Plaidoyer pour la communauté de défense du Bassin du Congo

Lundi 18 Janvier 2021 - 11:59

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L’erreur que risquent de commettre aujourd’hui les Etats de l’Afrique centrale – celle-ci étant entendue au sens large c’est-à-dire incluant les pays des Grands Lacs – serait de croire que l’intégration économique et financière en faveur de laquelle ils s’activent à juste titre permettra de résoudre les problèmes auxquels cette partie du continent africain, l’immense Bassin du Congo, se trouve confrontée. Des problèmes que l’aggravation continue des affrontements en Centrafrique, dans l’Est de la République Démocratique du Congo et dans le nord du Cameroun rend de plus en plus difficile à résoudre et sur lesquels la communauté africaine va devoir se pencher sérieusement si elle veut éviter une crise de grande ampleur dont les dégâts humains seraient considérables à tous égards.

Certes, l’intégration économique et financière qui se dessine aura des effets très positifs du fait de l’abaissement des frontières artificielles élevées entre les Etats tout au long de l’époque coloniale, en raison aussi de l’augmentation des échanges entre les peuples de la région qui en résultera et de la construction des infrastructures routières et ferroviaires qui favorisera le commerce sur toute l’étendue de cette zone géographique, mais si la sécurité des personnes et des biens n’est pas assurée simultanément sur des bases solides l’on peut  être certain que le processus se heurtera très vite à des obstacles insurmontables. D’où cette idée, qui n’est pas nouvelle mais qui s’imposera dans les mois et les années à venir comme une priorité absolue, selon laquelle le temps est venu de construire une communauté sous-régionale de défense capable de garantir à tous les pays, tous les peuples de cette vaste et très riche zone géographique la sécurité sans laquelle leur marche vers le développement durable sera impossible.

L’Histoire moderne est là pour démontrer que c’est bien ainsi que se construisent partout les ensembles géopolitiques suffisamment puissants et organisés pour se protéger contre les menaces intérieures ou extérieures dont leurs membres sont l’objet, mais aussi pour faire entendre leur voix suffisamment fort sur la scène internationale. A commencer par l’Europe dont l’unité s’est construite, après des siècles de conflits de plus en plus graves, sur la base de l’Alliance atlantique, cette structure militaire voulue et organisée avec l’aide des Etats-Unis au sortir de la deuxième guerre mondiale dans le but de mettre les peuples européens à l’abri de leurs obsessions mortifères, de leurs rivalités destructrices, de leurs duels séculaires afin d’imposer à leurs voisins et leurs frères leur domination sur le plan stratégique.

Il est certain que l’Afrique centrale vit un tournant de son histoire qui peut et doit lui permettre non seulement de franchir une étape décisive sur la voie du développement durable mais également de résoudre elle-même les conflits dont ses peuples sont victimes. Mais si elle veut franchir rapidement cette étape décisive elle doit se doter sans plus tarder  d’un système de défense autonome qui lui permettra de protéger ses frontières, de lutter contre les déviances de toute nature qui surfent sur les oppositions ethniques et religieuses, d’asseoir sa communauté économique et sociale sur des bases solides.

Si l’on y réfléchit bien toutes les cartes sont aujourd’hui sur la table diplomatique et militaire pour mener à bien ce grand dessein dans un délai raisonnable. Dans le temps où Denis Sassou N’Guesso préside la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) après avoir présidé trois années durant la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) et où son homologue de la RDC, Félix Tshisekedi, prend la présidence de l’Union africaine tous les feux se mettent au vert sur cette voie éminemment stratégique.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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