Portrait : Déo Kouvoulou, un haut vol en basse attitude !

Jeudi 12 Janvier 2023 - 18:25

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Dans la vie d’artiste il y a des hauts et Déo.  Il y a encore Notre Dame de Fatima, un piano en plastique, « Maradona », un voyage à Rabat, un bassiste de talent ! Focus sur Déo Kouvoulou.

La palette musicale de Déo Kouvoulou serait-elle aussi large s’il n’avait pas existé, à Dolisie, la chorale «  Ô ma joie » dans laquelle chantait sa mère, Manéné Vianney ? Sans doute que non.  A la paroisse Notre Dame de Fatima, tandis que la chorale s’en donne à cœur joie, Déo claque la peau des djembés de ses petites mains et il n’a que 2 ans. Ce n’est pas l’un des trois secrets de Fatima que de révéler qu’en ces débuts des années 1990, un grand musicien est né.  Dans la capitale de l’or vert, il grandit avec dans une oreille de la rumba, celle qu’écoute son père Ignace, soudeur de profession, et le zouk dans l’autre oreille, cette musique des Antilles qu’affectionne sa mère.

Dans sa jeunesse, Déo a longtemps été partagé sur sa vision du lendemain, avoue qu’il aurait aimé être avocat, est devenu, au résultat des courses, musicien professionnel parce que c’était tout simplement plus fort que lui. Mais c’est peut-être aussi la faute à sa tante qui lui offre comme jouet un piano en plastique au Noël de ses 6 ans. Un an après, ce qu’il joue sur les touches noires et blanches en plastique  à la maison, il les reproduit sur le clavier de la chorale à Notre Dame de Fatima. A l’âge de 10 ans, le voilà déjà à la basse électrique, plus tard voilà le jeune prodige aux baguettes derrière les fûts. Le reste du temps, il apprend à lire et écrire la musique. Dans le Niari comme ailleurs, les églises ont valeur de conservatoire. 

Déo Kouvoulou met cap au sud en 2006, franchit la forêt du Mayombe, s’installe à Pointe-Noire. Il fait successivement ses armes dans la chorale Notre Dame de L’Espérance, dans le groupe négro spirituals Les Bons bergers, dans le quatuor de percussions Doudoumba... Son leitmotiv ? Il le doit à Narcisse Miayoukou alias « Maradona », douanier mécène et président des Bons bergers qui n’a de cesse de lui répéter : «  Un musicien est remplaçable », comme pour dire que sa place se gagne sur le terrain, une phrase que Déo garde encore aujourd’hui comme un mantra. Alors, qu’importe l’instrument, Déo est de tous les combats, de toutes les aventures, ouvert à toutes les rencontres musicales. Percussioniste, pianiste, bassiste, batteur, quoi d’autres ? Un capital sympathie immédiat, un éternel sourire aux lèvres, un œil malicieux, une rigueur professionnelle, un sens de l’engagement et un talent hors pair qui lui vaudra d’accompagner de très nombreux artistes, du Guadeloupéen Sonny Troupé à l’Italienne Patrizia Di Malta, de Fredy Massamba à Ndima, groupe  de pygmées Aka... Et de vous en épargner la longue liste, citant malgré tout pour les plus récents concerts Diesel Gucci ou encore Fanie Fayar lors du récent concert donné à Rabat, au Maroc, dans le cadre de la 9e édition du  festival Visa for Music, en décembre dernier, où Déo aura accompagné la chanteuse congolaise à la batterie. 

S’il n’a nul besoin de visa pour voyager d’un instrument à un autre, semblant les connaître par cœur sur le bout de ses doigts, Déo avoue que la basse reste malgré tout son instrument préféré. Du reste, s’il fallait faire mention d’une quelconque influence, c’est le nom de Richard Bona, bassiste américain d’origine camerounaise, qui lui vient instinctivement à l’esprit. 

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Deo Kouvoulou

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