Portrait : Henri Innocent, l’excellence au parfum de la résilience

Né d’un père Guyanais et d’une mère Guinéenne, Henri est brutalement séparé de sa mère, sans aucune explication, du jour au lendemain, et emmené en Guyane par son père alors qu’il était âgé de huit ans, sans avoir pu dire au revoir à sa mère.

Deux ans après s’être installé en Guyane, son père décède des suites d’une maladie incurable et le laisse seul face à son histoire, totalement livré à lui-même. Henri est alors placé à l’âge de 10 ans dans un foyer pour jeunes enfants où il est exposé à une violence sans nom. Protégé de cette violence par le fait d’une main invisible, il est pourtant confronté à celle que subissent ses amis et cette violence déteint irrémédiablement sur lui. Henri se renferme, devient violent et se livre à des confrontations directes avec ses éducateurs tout autant qu’avec ses camarades.

Malgré l’aide d’un psychologue, qui constitue pour lui un espace d’expression, Henri sera sauvé de sa déchéance subie par une rencontre d’un troisième genre, celle du Christ, qui ne prendra une dimension réelle pour lui qu’après de multiples tentatives infructueuses de sa tante paternelle.

C’est dans cette période que lors d’une visite en entreprises, dans le cadre d’un programme d’orientation scolaire, Henri tombe en amour du métier de pâtissier-boulanger et se lance ainsi dans la préparation d’un Certificat d’aptitude professionnelle, option pâtisserie, qu’il obtient au bout de trois ans. Ce qui lance le début d’une carrière excellente dans un milieu pourtant très fermé, notamment aux populations d’outre-mer.

Mais la rigueur, la détermination et l’excellence dans le rendu de ses créations forcent la main de ses formateurs, à chaque étape de sa carrière. Après environ dix ans de formation dans les écoles et cuisines d’outre-mer et de la Métropole françaises, Henri Innocent est aujourd’hui un chef patissier-chocolatier-glacier qui sert sa science et son excellence dans un hôtel cinq étoiles de Courchevel pour la saison d’hiver qui s’achève.

Ayant fait le choix de prestations saisonnières, Henri aspire à voyager tout en faisant ce qui le passionne. Il espère un jour pouvoir transmettre tout ce savoir-faire et ces expériences d’ici et d’ailleurs au service des enfants guyanais qui se voient parfois interdits, au nom de leur naissance, d’aspirer à ce corps de métier.

Au-delà d’une contribution purement professionnelle, Henri reste profondément marqué par cette rencontre qui a changé sa vie : « Je ne peux pas oublier d’où je viens », assure-t-il. Il parle d’un appel plus profond, qui est celui d’utiliser son histoire pour aider toute personne qui a perdu foi en la vie afin qu'elle se relève et puise dans les profondeurs d’une rencontre insoupçonnable, la force de vivre une transformation dont le monde témoigne.