Précampagne électorale : opposition et majorité se sont défiées à Kinshasa

Samedi 27 Octobre 2018 - 18:38

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Entre les deux parties, l’heure est déjà à la précampagne. Chacune d'elles cherche, par ces temps qui courent, à ratisser large en mettant sous sa coupe la majorité des Congolais en prévision d’un triomphe électoral d’ici au 23 décembre. Le pays est, comme qui dirait, divisé entre ces deux grands blocs politiques qui, à côté des pseudo-indépendants intégrés ou non, se livrent une guerre larvée par partis et regroupements politiques interposés.

Les événements de ce week-end, avec à la clé des manifestations d’envergure initiées de part et d’autre, sont révélatrices du niveau de l’enjeu électoral qui ne laisse plus de place à la moindre distraction. Des deux côtés, les équipes de campagne imaginent des stratégies et concoctent des plans visant à faire adhérer la majorité des Congolais au projet politique des candidats qu’elles défendent. Décidemment, la prochaine présidentielle promet déjà en termes d’émotions et de tensions sociales, au regard du spectacle que les deux camps ont gratifié le public kinois ce week-end. Le débat a quitté les allées de la politique pure et de l’argumentaire pour se  cristalliser autour de la capacité des uns et des autres à mobiliser les Congolais.

Là-dessus, la majorité présidentielle n’hésite plus à afficher un certain triomphalisme depuis qu’elle a réussi à drainer un grand nombre de militants lors de son meeting du 27 octobre, au stade Tata Raphaël. Des milliers de partisans et sympathisants venus de quatre coins de Kinshasa ont, en effet, afflué au lieu de la manifestation qu’ils ont du reste rempli aux trois quarts, au grand enchantement des cadres du Front commun pour le Congo (FCC). Ces derniers y ont vu un signal fort qui prouve à suffisance que le peuple est derrière leur candidat, Emmanuel Ramazani Shadary. L’UCC,  l’AFDC, le PPRD, le Palu, le MSR, le Fonafec, l’UDPS/Tshibala, la DDC, le Burec et d’autres partis affiliés ont chacun mobilisé leurs bases respectives. Les bus Transco ont également été mis à contribution pour assurer le déplacement des Kinois vers le lieu du meeting.

Présenté officiellement au grand public, le dauphin de Joseph Kabila s’est déjà vu investi, avant terme, à la magistrature suprême. Porté par le FCC présenté comme une grande force politique implantée sur tout l’ensemble du territoire national et détenant le cordon de la bourse face à une opposition émiettée et désargentée, Emmanuel Ramazani Shadary croit avoir le quitus général pour présider aux destinées de la République démocratique du Congo pendant les cinq prochaines années. Il entend s’appuyer sur ce qu’a été la base de Joseph Kabila en 2006 et 2011.

Tout y était pour consacrer l’insuccès de la marche des opposants

Ce meeting de la majorité a eu lieu au lendemain de la marche initiée la veille par l’opposition contre la machine à voter et le fichier électoral non nettoyé. Une manifestation qui n’a hélas pas drainé du monde comme on l’espérait. Déploiement de la police anti-émeute à travers la ville, itinéraire modifié, bus Transco à peine visibles, communication défaillante, appréhension d’une population harassée par des marches contreproductives qui, souvent, tournent au drame, etc., tout y était pour consacrer l’insuccès de la manifestation du 26 octobre. La police a avancé le chiffre de quatre mille personnes seulement ayant pris part à cette marche, tournant ainsi en dérision des opposants qui pensaient faire mieux.

Peut-on conclure, à la lumière de ces deux manifestations, que les Kinois ont déjà choisi leur camp ? Pas si sûr lorsqu’on sait que cette démonstration de force ne traduit pas forcément les intentions de vote. Réputée bastion de l’opposition, Kinshasa est-elle en train de basculer pour convoler avec une majorité présidentielle qui présente des gages de stabilité et de cohésion quand bien même son bilan en termes d’amélioration du vécu quotidien de la population demeure mitigé ? L’après Tshisekedi en qui les Kinois s’identifiait jadis au travers de sa lutte politique aura décidément laissé des traces. Toutefois, rien n’est encore gagné. C’est dans l’urne que tout va se décider.  

Alain Diasso

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