Quand les cartes se rebattent …

Personne n’aurait imaginé le 1^er janvier de l’an 2000, autrement dit dans les premières heures de ce troisième millénaire, que les cartes se rebattraient sur la scène mondiale comme elles le font aujourd’hui. Et personne ne peut dire ce qu’il sortira des événements dont nous vivons depuis des mois les heures troubles : de la pandémie du coronavirus à l’accélération du dérèglement climatique en passant par la guerre qui dévaste l’Ukraine et les troubles stratégiques qui gagnent l’immense zone de l’Indo-Pacifique, le Proche et le Moyen-Orient, la Corne de l’Afrique, la liste des troubles qui menacent la paix mondiale ne cesse, en effet, de s’allonger.

Avant de poursuivre ce raisonnement, précisons que la dégradation des relations internationales à laquelle nous assistons, médusés comme la majorité des humains de ce temps, est d’autant plus incompréhensible que toutes les conditions étaient réunies, au sortir du siècle précédent qu’avaient profondément marqué les deux guerres mondiales de 1914 et 1940, pour convaincre les peuples de la planète de vivre désormais en paix avec eux-mêmes : avancées techniques et scientifiques aussi rapides que diverses, hausse générale du niveau de vie des populations sur les cinq continents, guérison progressive des blessures subies de multiples façons dans les décennies précédentes, mise en valeur rationnelle des immenses ressources naturelles que détient la Terre, renforcement des institutions internationales mises en place afin de  préserver la paix mondiale …

Nous l’avons écrit ici même à plusieurs reprises ces dernières années mais il nous semble nécessaire de le réécrire une fois encore : notre espèce ne franchira les obstacles qu’elle ne cesse de dresser sur sa route et ne se protègera des multiples dérives générées par sa suractivité que si elle respecte les obligations morales que les drames vécus dans les siècles et les millénaires précédents lui ont imposé, ou plus exactement lui ont fait prendre la terrible mesure pour sa propre survie. Pour dire les choses de façon encore plus claire, seules la réflexion collective et la mise en place d’institutions capables de faire respecter la paix sur toute l’étendue de la planète nous sauveront du désastre qui se précise de jour en jour.

Oser regarder la vérité en face, autrement dit prendre la juste mesure des dangers que nous courons tous dans le moment présent, est de toute évidence la mission que doit s’imposer la société civile sous toutes ses formes. Si elle ne le fait pas et ne contraint pas ses gouvernants à faire de la liberté individuelle et collective, autrement dit du respect de l’autre le fondement de leur action, l’on peut être certains que le vingt-et-unième siècle dont nous vivons les premières décennies verra notre espèce animale s’enfoncer dans des drames irréversibles dont la terrible guerre qui dévaste aujourd’hui l’Est de l’Europe et l’accélération du dérèglement climatique nous donnent la juste mesure.

Parole d’observateur dont les jours sont comptés comme ceux de tous les êtres humains.