Rapport sur les inégalités mondiales 2022 : la situation en Afrique

Mercredi 8 Décembre 2021 - 14:08

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Le nouveau rapport du Laboratoire sur les inégalités mondiales présente une masse de données sur les différentes facettes des inégalités dans le monde: richesse globale, revenus, inégalités entre les sexes et inégalités écologiques. Le rapport dresse la situation en Afrique. La synthèse faite par Jeune Afrique est très riche d’enseignements.

L’Afrique, où seulement 10% de la population capte plus de la moitié des revenus, reste en moyenne une des zones les plus inégalitaires au monde, avec une persistance de situations très contrastées. Parmi les perdants, il y a des femmes et des enfants. Il faut cependant noter une mauvaise qualité des données, parfois incomplètes ou datées de plusieurs années, ou l’absence de certains pays. C’est le cas de la Libye.

En Afrique subsaharienne,  le revenu moyen représente 31% du revenu mondial, alors que 10% des plus riches amassent plus de 56% du montant de la richesse, se situant au-dessus des Etats-Unis, où cette frange  rassemble 45% du total, alors que l’Europe se situe à 35%.  L’Afrique du Sud, où 10% de la population gère 66,54% des revenus, se classe en tête du peloton. Leur part (Top 10) a augmenté de vingt points entre 1990 à 2015, quand celle de la moitié de la population la plus pauvre a baissé fortement. Les suivants des pays les plus inégalitaires dans cette partie de l’Afrique sont la Centrafrique, le Mozambique, la Namibie, la Zambie, où le Top 10 s’est accaparé plus de 60 % de l’ensemble des revenus. Comme les autres pays « les grandes puissances économiques francophones subsahariennes », telles la Côte d’Ivoire et le Cameroun sont, elles aussi, au-dessus de la barre des 50 %, les 10 % les mieux lotis cumulent respectivement 55 et 52 % de l’ensemble des revenus. Le Maroc se situe à 50 %, alors que le Nigeria, première économie du continent, est  à 43 %, le Mali à 41 %. Dans cette échelle de concentration de richesse au niveau du continent, l’Algérie est le pays le plus égalitaire d’Afrique, le Top 10 accapare 37 % du revenu national.

Selon les chercheurs, la colonisation et son héritage pourraient encore aujourd’hui être à l’origine de cette grande concentration des revenus avec des écarts plus grands dans les pays où la présence des descendants des colons est la plus forte et où l’indépendance est la plus récente. Dans les pays subsahariens, les 1 % les plus riches ont capté 38 % du total,  alors que dans la zone Moyen-Orient–Afrique du Nord, cette proportion atteint 44 %. La parité homme-femme apparaît hors d’atteinte, les femmes ne captant que 35% des revenus à l’échelle mondiale. Au Maghreb, la part des revenus nationaux allant aux femmes est comprise entre 12 et 20 % ; l’Afrique reste parmi les zones les moins égalitaires. Dans les pays subsahariens, la part de revenu allant aux femmes est de 28 %. Si l’Afrique du Sud (36,3 %, en hausse de dix points depuis 1990), la Namibie ou la Guinée Bissau se distinguent plutôt bien avec plus 30 %, les derniers étant le Niger, le Tchad et la Somalie, entre 15% et 20%. Un constat identique au Maghreb (Algérie 12%, Maroc 15%,Tunisie 20%).

Et la France dans tout ça !

À travers sa politique de développement solidaire et de lutte contre les inégalités mondiales, la France s’est engagée pour bâtir avec ses partenaires une capacité de réponse multilatérale et solidaire face aux grands déséquilibres globaux. Cette politique s’accompagne de moyens en hausse en vue d’atteindre 0,55 % du revenu national brut consacré à l’aide publique au développement en 2022 et d’un cadre d’action rénové, au service de priorités géographiques et sectorielles ainsi que de résultats concrets sur le terrain, constituant un pilier de sa la politique étrangère. Parmi les objectifs, il y a l’éradication de la pauvreté, la lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, la promotion de l’éducation et de la santé, d’autre part, la promotion des droits humains, le renforcement de l’État de droit et de la démocratie, ainsi que l’égalité entre les femmes et les hommes et entre les filles et les garçons, enfin la protection des biens publics mondiaux, la préservation du climat par la baisse des émissions de gaz à effet de serre et la lutte contre la perte de biodiversité.

Noël Ndong

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