Retombées du dossier G7 : la crise institutionnelle s’enracine

Lundi 21 Septembre 2015 - 18:30

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Le gouvernement, le Parlement, le bureau politique de la majorité présidentielle, la territoriale ainsi que les institutions provinciales sont actuellement affectés par la vague des démissions des membres du G7 restés fidèles à la position de leurs leaders récemment exclus de la famille politique du président de la République.    

Qui pouvait croire que la lettre adressée, le 14 septembre, au chef de l’État en sa qualité d’autorité morale de la MP par le G7 pouvait mettre la scène politique en ébullition sur fond d’un remue-ménage dans les institutions ? Ceux qui, au départ, avaient minimisé l’impact que pouvait avoir cette fronde orchestrée sur la cohésion de la majorité devraient se dédire au regard des effets collatéraux occasionnés par la rébellion des leaders du G7. La plate-forme présidentielle a ressenti le contrecoup de la révolte menée par Charles Mwando Nsimba et ses compagnons. En témoignent les démissions en cascade ayant accompagné l’exclusion de ces derniers de la MP.

Le ministre de la Fonction publique, Jean-Claude Kibala; des Affaires foncières, Dieudonné Bolengetenge et celui de l’Agriculture, Isidore Kabwe Mwehu, ont renoncé à leurs fonctions. Tous ces membres du gouvernement ont, en fait, tiré les conséquences de la rupture de leurs leaders respectifs avec la famille politique de Joseph Kabila dont leurs partis politiques étaient alliés. Possibilité leur a été donnée, soit de se solidariser avec leurs chef des partis exclus de la coalition au pouvoir auquel cas ils étaient astreints de quitter le gouvernement, soit de dénoncer leur démarche et, par conséquent, maintenir leurs postes. Ayant choisi la première option, ils n’avaient qu’à rendre le tablier. Ce qui a été  fait. Les rapporteurs des deux chambres du Parlement, en l’occurrence le sénateur Modeste Mutinga et le député Norbert Ezadri ont préféré, eux aussi, suivre leurs leaders respectifs signataires de la lettre controversée. Le questeur de l’Assemblée nationale, la députée Élysée Munembwe, devrait également quitter son poste, à moins d’un revirement comme l’ont fait certains membres du G7 évoluant dans les institutions.

Moralité : les bureaux des deux chambres législatives n’affichent plus complets du fait de ces démissions qui créent un dysfonctionnement dans les institutions. Si au Sénat, il est question de combler le vide laissé par son rapporteur, à l’Assemblée nationale, par contre, les postes de premier vice-président et celui de rapporteur sont à combler. Le branle-bas touche également les autres institutions telles que la Territoriale et les institutions provinciales. Dans l’ex-Katanga, le ministre des Finances du gouvernement provincial, membre de l’Unadef, ne s’est pas fait prier pour quitter son poste.  Au Sud-Kivu, deux ministres provinciaux proches du MSR auraient aussi démissionné. Idem à  Lubumbashi où la maire adjointe de la ville et quelques bourgmestres pro G7 auraient rejoint le camp des démissionnaires. Jusqu’où ira la spirale des démissions avec tout ce qu’elles comportent comme conséquences sur le plan du fonctionnement des institutions ? , pourait-on s'interroger.

Il n’y a pas eu que des mouvements de solidarité vis-à-vis des frondeurs mais aussi des élans de désaveu exprimés par quelques membres des partis indexés à l’endroit de leurs leaders. C’est notamment le cas du député national Pico Muepu, élu sur les listes de l’ACO qui s’est désolidarisé de son président Banza Maloba Dany, un des auteurs de la lettre du G7. Cardoso Losembe, deuxième vice-président du Sénat, a préféré conserver son poste en désavouant son président Olivier Kamitatu. Une attitude qui lui a valu l‘exclusion de l’ARC dont il était membre. Mêmement pour la ministre Bijou Kat de l’Unafec en rupture de ban avec son mentor Gabriel Kyungu qu’elle refuse de suivre dans sa saga politique. Le remue-ménage se poursuit dans les institutions appelant inévitablement des remplacements dans les postes restés vacants.

Entre-temps, au sein des partis membres du G7, des dissidences se font jour fragilisant de fait un mouvement qui aurait gros à gagner s’il était compact et cohérent. Certaines indiscrétions soutiennent que des fortes pressions auraient été exercées au niveau de la MP sur le directoire des partis frondeurs en vue d’obtenir des sanctions contre leurs leaders ou d’y provoquer des dissidences. Cependant, il y a lieu de s’inquiéter pour la suite du processus électoral étant entendu que l’actuelle crise institutionnelle risque d’avoir un impact négatif sur le chronogramme électoral en cours, font observer des analystes. Le temps de remettre de l’ordre dans la boutique en comblant les vides laissés par les partants pourrait affecter un processus électoral déjà vicié avec un calendrier difficile à tenir, pense-t-on. Certaines langues sont d’avis que l’épisode du G7 trahit une stratégie du chao caressée par la MP pour justifier la tenue du dialogue d’où sortira une nouvelle donne politique au nom d’une requalification du jeu politique. C’est dire, comme le soutiennent maints analystes, que le schéma d’une transition qui ferait repousser l’échéance électorale de 2016 continue de tarauder l’esprit des stratèges de la MP au mépris du respect des délais constitutionnels.       

 

Alain Diasso

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