Sécheresse : un fléau global qui affame, fracture et fragilise le monde

Mercredi 30 Juillet 2025 - 21:01

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De la corne de l’Afrique à l’Europe du Sud, le stress hydrique redessine les cartes de la sécurité alimentaire, économique et géopolitique.

Alors que la planète fait face à une crise climatique sans précédent, la sécheresse s’impose désormais comme un facteur de déstabilisation majeur, à la fois écologique, économique et politique. Selon le rapport conjoint du Centre américain de lutte contre la sécheresse (NDMC) et de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), publié le 28 juillet, les sécheresses de 2023 à 2025 ont déjà entraîné des pertes humaines massives, des pénuries alimentaires critiques et une volatilité des marchés mondiaux. « La sécheresse est un tueur silencieux. Elle mine les économies, fracture les sociétés, et compromet la stabilité », prévient Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la CNULCD.

En Afrique de l’Est, plus de 90 millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë. La production de maïs a chuté de 70 % au Zimbabwe, entraînant la perte de 9 000 têtes de bétail. En Somalie, 4,4 millions de personnes sont confrontées à la faim, soit un quart de la population. L’impact ne s’arrête pas aux frontières du continent. L’Espagne, le Maroc ou la Turquie enregistrent des baisses de rendement agricoles supérieures à 40 %, compromettant les revenus, les prix à la consommation et la paix sociale. Le canal de Panama, pilier du commerce maritime mondial, fonctionne désormais à régime réduit, provoquant des retards logistiques globaux et une hausse des prix du transport.

La crise touche aussi la société : en Éthiopie, les mariages forcés de mineures ont doublé ; au Botswana, des hippopotames meurent piégés dans des rivières asséchées. La résilience des écosystèmes est en recul rapide, compromettant des décennies de conservation. « Ce que nous vivons n’est pas une anomalie climatique. C’est une transformation structurelle du monde, qui exige une action mondiale cohérente », affirme Mark Svoboda, directeur du NDMC. Les experts appellent à une diplomatie climatique active, à la multiplication des systèmes d’alerte précoce, au verdissement des politiques agricoles et à une coopération interrégionale renforcée. En jeu : la sécurité mondiale, la souveraineté alimentaire, et la stabilité des marchés. « Investir dans la résilience à la sécheresse, c’est faire un pas vers la justice climatique », conclut Daouda Ngom, ministre sénégalais.

 

Noël Ndong

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