Sécurité internationale: les pays africains réclament le renforcement de la coopération militaire et militaro- technique avec la Russie

Jeudi 1 Juillet 2021 - 16:08

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Plusieurs pays africains ont pris part à la IXe conférence de Moscou sur la sécurité internationale, qui a réuni environ 700 délégués de 109 pays, dont 55 ministres de la défense, leurs adjoints et les chefs d'état-major général, ainsi qu'une soixantaine d'ONG étrangères.

Dans son discours d'ouverture, le président russe, Vladimir Poutine, a appelé à conjuguer les efforts internationaux pour relever les défis mondiaux, notamment les conflits armés régionaux, les risques de prolifération des armes de destruction massive, les activités des groupes criminels transfrontaliers, le trafic de drogue, la cybercriminalité et le terrorisme international. Le caractère mondial de ces défis exige que tous les États unissent leurs efforts et travaillent sur la base du droit international et des objectifs et principes de la Charte des Nations unies, a-t-il déclaré. 

Le chef d'Etat russe a également souligné l'importance du règlement des conflits régionaux

Les participants ont examiné divers aspects de la sécurité dans différentes régions du monde, notamment en Afrique, favorable à une coopération militaire et militaro- technique. La contribution et les requêtes des pays africains ont porté globalement sur le renforcement de la coopération militaire, et militaro-technique entre la Fédération de Russie et les pays africains, qu'ils considèrent comme un facteur principal de renforcement de la sécurité régionale, dans un ordre mondial où les menaces sont diffuses et imprévisibles, marqué par un environnement de volatilité, d’incertitude, de complexité et d’ambiguïté. Ils soulignent que la sécurité globale des États est de plus en plus menacée par les crises politiques liées au processus démocratique, à l’exacerbation de la pauvreté et du chômage. Ce qui favorise les revendications sociales, la radicalisation religieuse, le terrorisme et l’extrémisme violent, les rebellions armées, les conflits communautaires et séparatistes, la criminalité organisée, les épidémies et pandémies qui viennent s’ajouter aux calamités naturelles.

Ce sont-là des ensembles sous-régionaux confrontés chacun à un ou plusieurs de ces défis sécuritaires spécifiques, exacerbés depuis la déstabilisation de la Lybie, l’instabilité contagieuse dans la bande sahélo-saharienne et la persistance de Boko-Haram dans le bassin du lac Tchad. Ce qui a internationalisé le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique occidentale et centrale. La bande sahélo-saharienne est ainsi devenue un sanctuaire des Groupes armés terroristes et du trafic en tous genres, une zone infréquentable, d’où les djihadistes veulent partir pour étendre leur empire jusqu’au golfe de Guinée.

La corne de l’Afrique, toujours en proie à la piraterie maritime, est un autre foyer de tensions entretenues par les Chebabs qui déstabilisent la Somalie et le Kenya. Plusieurs autres pays de la côte est de l’Afrique (Tanzanie et Mozambique) sont aussi victimes d’attaques terroristes. La prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petit calibre, qui résultent des différents conflits, favorisent la récurrence des rébellions fratricides, par exemple, les massacres de civils dans les pays des grands lacs et dans le bassin du lac Tchad.

Plus récemment, en plus des crises post-électorales qui ont secoué certains pays de l’Afrique de l’Ouest, la guerre de sécession en Éthiopie et la rébellion au Tchad ayant coûté la vie au président Idriss Deby Itno, constituent des motifs de préoccupation dont les effets risquent de faire basculer ces parties du continent dans une insécurité généralisée. Au-delà des pays du G-5 Sahel, le Cameroun et le Nigéria sont périodiquement victimes d’attaques qui endeuillent les pays et provoquent des déplacements massifs de populations. Tous ces foyers de tensions et de guerres, rendent les Etats de plus en plus instables et compromettent la mise en œuvre des programmes de développement socioéconomique.

Cet état de fait augmente les taux de pauvreté et de chômage, exacerbe les tensions sociales et fait de l’Afrique un réservoir potentiel de candidats à la migration clandestine, dont l’ampleur devient incontrôlable. Puis, ils ont félicité la Russie pour son appui aux pays africains dans la gestion de ces conflits. Ils ont aussi noté que la construction des armées nationales fortes en Afrique se heurte au contraste qui existe entre la volonté politique des dirigeants et les capacités économiques des États. Une situation aggravée par les crises de tous genres qui agitent le monde, d’autant plus que l’adaptation des équipements des armées au nouveau contexte sécuritaire souffre de l’insuffisance de moyens financiers nécessaires à la mise en œuvre des lois de programmation militaire élaborées à cet effet.

En conséquence, de nombreuses armées africaines sont dans l’incapacité de gérer par elles-mêmes les menaces sécuritaires, compromettant ainsi la stabilité socio-économique et politique de leurs pays, avec des incidences dommageables à l’ensemble de la communauté internationale. D’où l’obligation de la mutualisation plus accrue des efforts de toute la communauté internationale au-delà des idéologies et de la géopolitique.

L'Afrique, en plus de la nécessité de la montée en puissance des armées nationales, a une préoccupation longtemps exprimée, de création et d’opérationnalisation d’une force en attente de l’Union africaine avec des composantes sous-régionales. La matérialisation de telles initiatives nécessite une coopération militaire multidimensionnelle plus renforcée entre les pays africains et les puissances militaires comme la Russie, en termes de renforcement de capacités en matière de formation et surtout d’équipements majeurs adaptés au contexte sécuritaire actuel. Une approche qui permettrait aux grandes puissances d’économiser les moyens mobilisés pour leurs interventions militaires d’urgence visant à sauver les États africains du péril terroriste, tel que l’opération "Serval’’ au Mali. Cette nouvelle forme de coopération militaire, appelée par l’Afrique, devrait trouver aujourd’hui un écho favorable auprès des puissances militaires à travers des rencontres comme la conférence de Moscou sur la sécurité internationale, pensent-ils.

Noël Ndong

Notification: 

Non