Tragédie du 4-Mars : deux prévenus auditionnés

Vendredi 9 Août 2013 - 5:46

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L’origine de l’explosion du dépôt de munition de Mpila n’étant pas encore précisée, l’audition de Gladys Mafoua et de Rodrigue Oba, tous deux caporal-chef des forces armées congolaises ont rapporté les faits de la journée du 4 mars 2012 au sein de l’Établissement central de réparation des armements et munitions (Écramu)

Arrivé à la barre à 10h30, l’armurier Gladys Mafoua a déclaré s’être rendu vers 7 heures, le 4 mars 2012 à l’Écramu afin de doter d’armement la garde devant assurer le service dans la même journée. Pour lui, tout semblait normal et aucun signe n’augurait de drame. En rentrant au sein du camp, il s’est rendu dans le petit dépôt de munitions dont il avait la charge, car selon lui il y avait deux dépôts. Il dressa ainsi la liste de ceux qui devaient prendre le relais dans la matinée du dimanche. « Comme je devais me rendre à l’église, il fallait que je me prépare. En sortant, j’ai vu le caporal-chef Kakom et je lui ai demandé de me coiffer. Il m’a répondu qu’il devait faire la corvée d’un supérieur. C’est ainsi que je me fis coiffer par un autre collègue. Après avoir fini, je suis allé à la douche, et de là j’ai entendu l’officier de permanence Ngolali crier au feu. Je suis sorti de la douche, et j'ai vu une immense flamme de l’autre côté du bâtiment administratif », a déclaré l’accusé Gladys Mafoua.

Après avoir constaté cela, il dit s’être enfui avec les autres à l’extérieur du camp. Et c’est là qu’il a demandé le téléphone du caporal-chef Kakom pour appeler les sapeurs-pompiers pour maîtriser l’incendie. C’est alors que la première détonation résonna. Il fut jeté, par le souffle de l'explosion, au fond d’un caniveau, près de la caserne. Après avoir repris connaissance, il prit l’option de rentrer chez lui, les vêtements déchirés. Il a, par ailleurs, attesté n’avoir jamais rencontré auparavant le colonel Marcel Ntsourou.

Par contre, le caporal-chef Rodrigue Oba, prenant sa garde entre 4 heures et 6 heures dimanche soir, a, pour sa part, indiqué n’avoir rien remarqué d’anormal. Dans son audition, il a fait savoir qu’il était sorti une heure avant l’explosion pour se restaurer vers Ébina, dans le sixième arrondissement de Brazzaville Talangaï. N’ayant rien trouvé, il avait pris l’option de rentrer à la base. Sur le chemin du retour, il aperçut une grande flamme dans l’enceinte du camp. Ne sachant que faire, il prit l’option de rentrer chez lui. Il a, par ailleurs, dénoncé les tortures faites sur sa personne par les agents de la Direction générale de la sécurité du territoire (DGST). Il fut maintenu dans les geôles de cette direction depuis la journée du 9 mars 2012 jusqu’à être transféré à la maison d’arrêt. Lors de son arrestation, le sous-officier a fait savoir à la cour qu’il était en possession de la somme de 300 000 FCFA, facteur de soupçons de la part des policiers de la sécurité nationale. Il a été auditionné à plusieurs reprises et torturé afin de le contraindre à dire des faits dont il n’avait aucune connaissance. Sur la source de cette somme, Rodrigue Oba a affirmé qu’il avait vendu sa parcelle situé à Djiri, sur la RN2, et avait pris cette somme sur lui pour l’achat d’une paire de chaussures.

Selon lui, un officier supérieur de la police de la DGST, lui aurait dit : « Pour protéger le pouvoir Mbochi, dis que c’est le colonel Ntsourou qui est le commanditaire de cette explosion. » Il a affirmé n’avoir jamais connu personnellement le colonel Marcel Ntsourou : « J’ai vu pour la première fois le colonel Marcel Ntsourou lors du procès des disparus du Beach. » Relatant les faits, il a affirmé que le dépôt renfermait également des explosifs appartenant à des sociétés chinoises de construction, qui selon lui, seraient la cause de l’ampleur des dégâts.

Sur plus de cinquante témoins attendus, trois seulement se sont présentés. Le procureur général de la République, Corneille Moukala Moukoko, a fait savoir qu’ils se présenteraient le moment venu.

Josiane Mambou-Loukoula