Opinion

  • Chronique

Une agriculture durable pour un développement durable

Vendredi 23 Décembre 2022 - 12:08

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Depuis quelques années maintenant, le développement durable s’est imposé sur la scène politique et économique. Il fait désormais partie des valeurs que la communauté internationale ne cesse de promouvoir et est devenu un élément incontournable de tout discours qui entend traiter de la société et de son avenir. L’agriculture, qui dépend des biens naturels que sont le climat, les sols, l’eau, la biodiversité et qui contribue aux besoins humains fondamentaux, peut être à la fois cause et victime de la dégradation des milieux, de la surconsommation des ressources naturelles, du changement climatique global ou des risques technologiques et sanitaires. Et ceci concerne aussi bien les agricultures du Nord que celles du Sud.

Pour concevoir des modèles adaptés à un développement durable, il faut à la fois une bonne compréhension des dynamiques à l’œuvre et de leurs conséquences ainsi qu’un éclairage sur les choix possibles. Mais il faut aussi une appropriation de ces connaissances par les acteurs du développement et les producteurs, ainsi que par les décideurs publics, afin de faire les choix politiques nécessaires pour accompagner les changements. Le développement durable a pour objectif le développement économique actuel, sans compromettre les ressources et la qualité de l’environnement des générations futures. Une agriculture durable est bien entendu la clé de cette problématique. Elle a pour base les trois piliers du développement durable : écologique, social et économique.

Une agriculture durable doit nourrir la population et développer l’économie tout en limitant son impact sur l’environnement afin d’être pérenne. Pour cela, elle doit le plus possible être fondée sur un système circulaire, permettant le maintien et la régénération des ressources, voire leur amélioration.

L’agriculture durable est en fait le retour moderne aux principes mêmes de l’agriculture ancestrale qui préservait ses ressources, recyclait ses déchets et protégeait ses semences y compris ses espèces. Une agriculture durable doit essayer d’appliquer au maximum ces principes : l’utilisation optimale des ressources naturelles, en priorité de l’eau ; le recyclage des déchets végétaux et animaux pour fertiliser et maintenir la qualité des sols (compost et fumier) ; l’utilisation des déchets verts comme biomasse (combustible, carburant, biogaz) pour créer de l’énergie ; la limitation des émissions de gaz à effet de serre, notamment en favorisant les circuits de consommation courts ; la limitation de la pollution des milieux, en diminuant l’utilisation des engrais et des pesticides ; le maintien et l’utilisation des prédateurs et polinisateurs naturels ; la traçabilité des produits pour garantir la sécurité alimentaire ; le maintien de la biodiversité, de l’écosystème naturel et du patrimoine génétique des espèces cultivées endémiques ; l’aménagement des paysages agricoles et lutte contre la désertification ; le respect du bien-être animal ; le respect des conditions de travail et de la santé des travailleurs ainsi que des habitants et le développement économique local.

L’agriculture durable devra faire ses preuves face à l’agriculture intensive. Si elle est plus raisonnable, en refusant notamment la surexploitation des sols et la pollution, elle ne peut présenter les mêmes rendements à court terme que sa rivale. L’agriculture est un facteur essentiel de croissance économique. Or, l’accélération des dérèglements climatiques pourrait amputer la production agricole, en particulier dans les régions du monde qui souffrent déjà d’une insécurité alimentaire. Par ailleurs, l’activité agricole, l’exploitation des forêts et le changement d’affectation des terres contribuent aussi au changement climatique puisqu’ils sont à l’origine d’environ 25 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. C’est pourquoi l’atténuation des émissions de ces gaz dans le secteur agricole et la pratique d’une agriculture durable contribueront à endiguer le changement climatique.

Boris Kharl Ebaka

Edition: 

Édition du Samedi (SA)

Notification: 

Non

Chronique : les derniers articles