Ville de Kinshasa : le bourgmestre de la commune de Kisenso suspendu

Jeudi 27 Avril 2023 - 13:00

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Le gouverneur de la ville-province de Kinshasa, Gentiny Ngobila, vient de suspendre le bourgmestre de la commune de Kisenso, Asiwel Godet. Il lui est reproché d’avoir « invité la population de (sa commune) à se munir des machettes pour se défendre ».

 L'appel du bourgmestre de Kinseso, selon le gouverneur de la ville de Kinshasa, a « entraîné des affrontements des inciviques (Kuluna) ainsi qu’une montée inquiétante de l'insécurité » dans la municipalité. « J’ai le regret de vous annoncer, par la présente, votre suspension des fonctions de bourgmestre de la commune de Kisenso », a écrit Gentiny Ngobila, dans la lettre du 25 avril adressée au bourgmestre Godet Asiwel.

Le gouverneur de la ville de Kinshasa a agi sur instructions du ministre national de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, qui avait constaté les faits reprochés à cette autorité municipale. « Sur instruction de son excellence monsieur le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, suite aux déclarations faites par vous, invitant la population de votre entité municipale à se munir des machettes pur se défendre, chose qui a entraîné comme conséquences des affrontements des inciviques ‘’kuluna’’ et une montée inquiétante de l’insécurité », a-t-il fait savoir. Il a annoncé l’ouverture d’un dossier disciplinaire à l’encontre du bourgmestre suspendu.

En attendant, le bourgmestre adjoint, Yvon Ilunga Nyamabo, assumera l’intérim jusqu’à la fin de la procédure disciplinaire enclenchée par le ministre provincial de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Justice.

Selon des sources de cette municipalité, Godet Asiwel aurait plutôt demandé à la population de sa municipalité de résister contre des civils que la police utilise comme « éclaireurs » et qui s’arrogent le pouvoir d’interpeller et d’arrêter des citoyens. Le bourgmestre de Kisenso aurait aussi recommandé à la population de savoir faire respecter leurs droits, même devant les éléments de la police à qui il faut notamment demander les motifs des interpellations, etc. Mais, il avait également, lors d'une activité à laquelle avait pris part la population, félicité les habitants de l'avenue de l'« Ecole », qui, armés des machettes (comme il l'avait recommandé), auraient fait fuir les membres des gans appelés communément "kuluna".

Une autre autorité municipale suspendue plus tôt 

Le bourgmestre de Kisenso est le deuxième qui vient d'être suspendu, parmi ceux récemment nommés par ordonnance présidentielle. Il y a quelques jours, celui de la commune de la Gombe, Léopold Manzambi Nzola, avait également été suspendu à titre conservatoire par le gouverneur. L’autorité urbaine lui a reproché l’outrage envers le vice-gouverneur, Gérard Mulumba. Ce serait une faute administrative lourde de la part du bourgmestre. « Après lecture minutieuse de votre correspondance n°143/001/501/CG/MTL/BZ/2023 du 11 avril 2023, dans laquelle vous imputez le vice-gouverneur d’actes d’abus de pouvoir et de barbarie qui seraient perpétrés dans votre commune, je dénote une indiscipline sans précédent, un manque de respect et d’égard criant vis-à-vis de celui-ci, comportements qui constituent un outrage à l’autorité, de surcroît une faute administrative lourde », avait écrit, le 13 avril, Gentiny Ngobila au bourgmestre de la Gombe, qui était dores et déjà mis à la disposition de la commission de discipline présidée par le ministre provincial en charge de l’Intérieur et à l’encontre duquel une action disciplinaire avait été ouverte.

Précisons que le vice-gouverneur avait, en son temps, réagi contre la nomination de ces nouveaux bourgmestres. A en croire Gecoco Mulumba, ces nominations à la tête des communes de Kinshasa n’avaient pas tenu compte de leurs avis et considérations alors que c’était à eux, Gentiny Ngobila et lui, de gérer ces autorités municipales mises sous leur responsabilité. Il regrettait que certains noms qu’ils avaient proposés pour nomination ne soient pas retenus dans la liste des promus. Certains bourgmestres remplacés à la tête des communes par l’ordonnance présidentielle avaient dénoncé ce caractère de la part du vice-gouverneur à leur égard. « Ils nous engueulait sans ménagement au téléphone et en face, parfois devant la population », avaient-ils regretté.

Lucien Dianzenza et Jules Tambwe Itagali

Légendes et crédits photo : 

Le bourgmestre suspendu, Godet Asiwel, devant une foule à Kisenso

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