Voir ou revoir : « Herbe sauvage » d’Henri Duparc

Jeudi 8 Mai 2025 - 18:37

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Sorti en 1977, « Herbe sauvage » reste l’un des joyaux du cinéma ivoirien. Entre satire sociale et mélodrame sentimental, Henri Duparc tisse avec finesse un récit pertinent porté par des personnages touchants et une ironie subtile. Un film à découvrir ou redécouvrir, à l’heure où les cinémas africains résonnent plus fort dans le paysage mondial.

 

Avant la comédie sociale et politique de "Bal poussière", Henri Duparc s’était déjà imposé comme l’un des regards les plus affûtés du cinéma ivoirien avec "Herbe sauvage". Le film suit les pas de Bamba, un jeune homme ambitieux, déchiré entre l’amour sincère qu’il éprouve pour Kassi et l’ascension sociale promise par son mariage avec la fille d’un homme influent. Ce dilemme, à la fois intime et universel, devient sous la caméra de Duparc une critique douce-amère de l’arrivisme et des illusions de la modernité africaine au lendemain de l'indépendance.

Avec son écriture à la fois drôle et lucide, Duparc dresse le portrait d’une société en pleine mutation, où les valeurs traditionnelles sont bousculées par la course au statut et au confort matériel. La caméra capte avec tendresse et ironie les contradictions des élites urbaines, leurs faux-sembants, leurs désirs de réussir à tout prix. Le tout sans jamais sombrer dans la caricature.

Si le film a parfois les allures d’une comédie de mœurs, il n’en perd pas pour autant sa profondeur. Les silences, les regards, les gestes retenus parlent autant que les dialogues. L’interprétation, sobre et juste, des actueurs de ce long métrage d’environ 1h 30 min donne vie avec brio à des personnages pris au piège d’un monde qui change trop vite. Le charme discret de la mise en scène, porté par une musique délicate et des plans simples mais éloquents, confère au récit une élégance intemporelle.

Aujourd'hui, quarante-huit ans après sa sortie, ''Herbe sauvage'' n’a rien perdu de sa pertinence. Henri Duparc y signait déjà, avec finesse, ce que le cinéma africain pouvait offrir de plus précieux : un regard critique, enraciné, mais profondément humain. Un film à revoir non pas par nostalgie, mais pour mieux comprendre d’où l’on vient et peut-être où l’on va. Né en 1941, Henri Duparc est décédé le 18 avril 2006 à Paris, à l’âge de 64 ans.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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