Opinion

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A la reconquête du premier marché de la planète

Lundi 30 Août 2021 - 14:43

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Ce qu’a démontré trois jours durant la semaine dernière, dans le très beau cadre de l’Hippodrome de Longchamp à Paris, la Rencontre des entrepreneurs de France, c’est bien le fait que ce pays a pris enfin la juste mesure de la place que le tiers-monde en général, l’Afrique en particulier occupera tout au long des décennies à venir dans l’économie mondiale. La France et pas seulement les entreprises françaises qui en étaient depuis longtemps convaincues, mais qui ne bénéficiaient guère d’un appui significatif de l’Etat dans le développement de leurs activités sur un continent qui sera très certainement demain l’un des premiers marchés, sinon même le premier marché de la planète en raison, d’une part  de son poids humain et d’autre part des immenses ressources naturelles encore largement inexploitées qu’il détient.

Préparée avec le plus grand soin par le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Geoffroy Roux de Bézieux, cette rencontre a attiré vers elle des centaines de chefs d’entreprises, mais aussi des dizaines de hauts responsables politiques africains parmi lesquels figuraient en bonne place le chef du gouvernement congolais, Anatole Collinet Makosso, et plusieurs de ses ministres. Au-delà des réunions publiques qui l’ont marquée, elle a donc permis des échanges à haut niveau plus discrets dont surgira très probablement à brève échéance une forte relance des échanges entre l’Afrique francophone, la France et l’Europe.

Même si rien n’est encore définitivement joué, l’on peut tenir pour acquis que la crise économique et financière provoquée par la pandémie aussi brutale qu’imprévisible du coronavirus – la covid-19 et ses multiples variants – a ouvert les yeux des partenaires traditionnels de l’Afrique sur l’enjeu que représente aujourd’hui le continent pour les nations riches de l’hémisphère nord. Un enjeu dont les pays comme la Chine avaient pris la dimension exacte tout au long des dernières décennies en jouant intelligemment la carte très stratégique de la construction des grandes infrastructures de communication et autres, mais dont les entreprises françaises, très présentes jusqu’alors, ne se préoccupaient plus guère par crainte d’accumuler des créances sur les Etats dont elles auraient le plus grand mal à obtenir le règlement.

Ce qui ressort très clairement des débats qui se sont déroulés à Longchamp la semaine dernière, mais aussi et surtout des échanges qui ont eu lieu de façon nettement plus discrète entre les autorités publiques, c’est bien le fait que le patronat français, assisté par l’Etat et son gouvernement, va se mobiliser pour mettre à profit les atouts majeurs que constituent la langue et la culture ainsi qu’un passé commun dont les liens ne se sont pas distendus même s’il fut profondément marqué par l’asservissement des peuples colonisés. Avec, en tête des priorités, l’aide que les autorités françaises pourront apporter aux pays africains dans la remise en ordre de leurs finances publiques grâce notamment à l’allègement des dettes qui plombent celles-ci.

Conclusion de ce qui précède : les liens économiques et financiers qui unissent l’Afrique et la France vont se resserrer fortement tout au long des années à venir. Une évidence dont les investisseurs privés feraient bien de prendre dès à présent la juste mesure s’ils veulent en tirer de grands et justes bénéfices.

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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