Roga-Roga Missile : « Nous réservons un concert inédit aux habitants de Sibiti »

Mercredi 13 Août 2014 - 15:30

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Porte-étendard de la musique congolaise, Roga-Roga Missile, s’apprête à mettre sur le marché du disque son album Contentieux qui comportera treize titres.  En attendant, l'artiste, chevalier dans l’ordre du mérite congolais, est déjà à Sibiti pour une série de spectacles. Dans une interview exclusive qu’il a accordée aux Dépêches de Brazzaville, le patron d’Extra Musica zangul donne des détails sur l'album attendu et son agenda dans la Lékoumou.

Dépêches de Brazzaville. Vous êtes l’un des artistes musiciens de renom attendus à Sibiti dans le cadre des festivités du 15 août 2014. Comment aviez-vous établi votre chronogramme ?

Roga-Roga Missile : Nous allons prester pour le compte de notre sponsor Azur, le 13 août dans la journée, puis nous allons agrémenter les soirées au village ECair, les 13, 14 et 15 août. Ce sera pour la troisième fois que nous allons jouer à Sibiti dans le département de la Lékoumou. Nous réservons aux habitants de Sibiti et à tous les festivaliers, un concert inédit, car nous allons montrer de quel bois nous nous chauffons avec un show à plus de 1500 degrés.                             

DB. Quel bilan dressez-vous de votre album Sorcellerie Kindoki maintenant qu’un autre arrive ?

RRM : L’album Sorcellerie kindoki a été très bien vendu, sauf que nous avons connu la force des pirates. On n’a pas pu arrêter les pirates à temps. Donc l’album qui a été le plus piraté dans le monde, c’est l’album Sorcellerie kindoki. On déplore cela, mais que faire ? Par ailleurs, l’impact de l’album est très positif puisqu'il est partout. Tout récemment, lorsque je suis allé aux États-Unis, j’ai été très surpris de voir les gens à la frontière Texas-Mexique, écouter Sorcellerie kindoki. D’ailleurs lorsque je reçois mes droits d’auteur qui proviennent de la Sacem (France), il y a des écritures qui mentionnent la provenance des fonds. Je vois quelque fois la mention Liban, Singapour. Cela prouve que Kindoki a bien marché alors que nous n’avons pas eu la possibilité de bien le distribuer contrairement aux pirates.

DB. Les mélomanes à l’oreille attentive pense qu’il sera difficile pour Roga-Roga de composer dorénavant un album pouvant égaler Sorcellerie kindoki, tout simplement parce que vous avez placé la barre très haute. Est-ce que l’album Contentieux pourra approcher le précédent ?

RRM : Dans Sorcellerie kindoki nous avons travaillé comme des Terminator. Mais nous n’avons pas baissé les bras parce que quand le président de la République t’élève au rang de chevalier dans l’ordre du mérite, ça veut dire que le pays te fait confiance. Il faudrait que je puisse continuer à travailler davantage. C’est dire que l’album Contentieux a été travaillé plus que l’album Sorcellerie kindoki. J’espère que les mélomanes vont se retouver.

DB. Justement vous sortez de la France, qu’en est-il de la sortie de l’album Contentieux ? 

RR : J’étais parti en France pour la sortie de cet album qui était prévue pour le mois de juillet. Malheureusement la plupart des gens avec qui je travaille  étaient en vacance. Du coup, nous avons décidé, avec la maison Ibroks production, qui est ma maison de production, de faire sortir l’album au mois de septembre. Le temps de finaliser quelques travaux, notamment les clips et quelques affiches. Nous avons fini quelques mixages. Ce qui nous reste, c’est d’envoyer le produit à l’usine et signer avec des boîtes de com. Je suis moi-même le producteur de mon album, j’arrive quand même à atteindre 30% car c'est vraiment difficile pour les 70% qui restent. Si aujourd’hui les hommes d’affaires peuvent nous aider ou l’État, ce serait une très bonne chose. En France par exemple, il existe des rubriques qui permettent au gouvernement de soutenir la promotion de la culture.

DB. On parle d’un label que vous avez créé. Qu'en est-il ?

RRM : Je suis le patron de la maison Ibroks production, parce que j’avais pensé qu’à chaque fois que les producteurs essaient de nous produire, il y a toujours des hiatus. Je me suis dit, ça ne sert à rien. Puisque le producteur ne compose ni la musique et ne joue ni à la guitare. Puisqu’il y a des grands-frères qui m’aident, je n’ai pas voulu faire de la java, j’ai pensé plutôt ouvrir ma propre maison de production, bien que l’investissement n’atteint pas encore son apogée. Mais je me suis jeté à l’eau bien que c’est très difficile. Je sais que ça ne va pas retarder la sortie de l’album, parce que je sais que parmi les gens qui vont me lire, il y aura des généreux, qui peuvent m’appeler et m’aider afin que l’album puisse sortir. Mon but c’est de faire asseoir cette maison qui devrait être celle des artistes musiciens. Je serai très heureux que le gouvernement puisse m’aider afin que la culture puisse aller de l’avant parce qu’un pays sans culture, c’est un pays qui n’a pas d’âme. Nous allons recevoir tous les artistes pourvu seulement qu’ils soient talentueux et bosseurs. Nous allons également éduquer les artistes à base des séminaires par exemple ; parce que le comportement et le talent ça va de pair.

DB : Comment est structuré ce label ?

RRM : Nous avons scindé la maison en plusieurs parties : il y a Ibroks production qui a commencé depuis ; Ibroks distribution que nous allons faire asseoir et il y a Ibroks communication. Nous comptons signer des contrats avec des grandes maisons telles que Les Dépêches de Brazzaville tant en communication qu’en distribution, avec Azur…    

DB : Au départ Contentieux était est un single et du coup, il devient un album complet. Que s'est-il passé ?

RRM :  On a ajouté les chansons parce qu’il y a un système qui se passe en France où les albums sont distribués par la Fnac qui est une grande maison de distribution. Or, la Fnac a aussi ses exigences. Elle nous a exigé que si on fait trois chansons, il y a des clients qui achètent l’album et puis qui reviennent pour remettre, parce qu’ils pensent que les trois chansons, c’est de l’arnaque. Ils ont pensé qu’à partir de cinq, six, c'est raisonnable. D’où, nous avons pensé qu'il ne sert à rien de faire un single. Nous avons donc ajouté quelques chansons jusqu’à atteindre treize chansons.

DB : Où en êtes-vous avec le projet de soutien aux sinistrés du 4 mars que vous avez amorcé avec les artistes Werrason et JB Mpiana de la RDC ?

RRM : Nous nous communiquons à tout moment même si nous avons mis le projet en stand-by parce que les gens ne voulaient pas investir. Peut-être parce que le sujet du 4 mars est sensible. C'est ce à quoi nous sommes confrontés. Nous attendions les aides.

DB : Quelle est la thématique de l’album Contentieux ? N' y aura-t-il pas d’insanités dedans?

RRM : On s’est basé sur le social. Parce qu’aujourd’hui, il faut savoir que la mondialisation existe, il se penche plus sur le commerce. Tout est devenu commercial. Et du coup, on n’a plus l’esprit patriotique ; tout est basé sur le commerce. C’est pour cela que j’ai écrit la chanson Mbongo pour évoquer le côté négatif et le côté positif de l’argent. C’est un enseignement que je donne. Tout comme dans la chanson "Congolais tika- bizaleli ya mabé" dans laquelle j'associe Chairman. On fera Congolais tika 2 et 3. Il y a aussi la chanson Nsimba. Un homme qui aime sa femme doit la tenir et se balader avec, parce que c’est du vrai amour. Quant aux insanités, nous n’avons pas le temps à ça, parce que nous n’avons pas le temps à ça. Nous sommes des bantous. Parce qu’un homme qui ne respecte pas sa culture n’a pas d’âme.

DB : On dit que vous avez essayé de moderniser la danse Ekongo dans l’album Contentieux ; comment cela s’est-il passé ?

RRM. Je suis issu d’Okouma village dans le département de la Cuvette où il existe une danse  qu’on appelle Ekongo. C’est une danse de paix, qui permet aux gens de faire le sport, le Nzango. On utilise l’intelligence. Aujourd’hui, j’ai voulu immortaliser cette danse à travers ma guitare dans cette musique Ekongo. J’ai pris des chanteurs d’Ekongo pour un featuring. Les gens qui vont écouter cette chanson seront très contents parce que métisser la musique folklorique avec la musique moderne, ce n’est pas facile. On peut le faire, mais il faut réussir d’abord. J’ai essayé de le faire. Aux amoureux de la bonne musique d’écouter et d’apprécier. S’il arrive qu’au cours d’un concert on nous demande de l’interpréter, nous allons la fredonner sans problème.

DB : Quels sont les distributeurs de cet album ?

RRM : Au Congo, c’est la DRTV production alors qu’en Europe nous sommes en pourparlers avec Bélive. Aux États-Unis également. Et puis, nous sommes en train de voir comment travailler encore avec d’autres distributeurs.

DB : Que peut-on dire de Roga-Roga de 1994 et celui de 2014 ?

RRM : Avant j’étais encore jeune, je faisais des choses par enthousiasme. Aujourd’hui, j’ai compris beaucoup des choses. Avant de faire quelque chose je réfléchis. J’ai maintenant la connaissance de ce que je fais, sachant que la connaissance engendre la sagesse.

DB : C’est parce que vous avez grandi et acquis une certaine sagesse que vous avez fait gagner un contrat à Chairman Jacques Koyo avec la société Azur, séance tenante, au cours d’un concert que vous avez livré le week-end dernier à Elonda ?

RRM : Ce n’est que normal. Chairman Jacques Koyo, c’est quelqu’un qui a beaucoup fait pour la musique congolaise. Et étant donné qu’Azur est une société congolaise et vu ce qu’elle est en train de faire pour les artistes, pourquoi pas Chairman et les autres aussi ?

DB : Enfin...…

RRM : Je suis très heureux que notre pays soit en paix. C’est ça la meilleure des choses. Je dis "vive le Congo, vive la musique. Bonne fête d’indépendance à tous les Congolais et particulièrement à Jean Dominique Okemba, Mor’ A Nzambé !"

 

 

 

 

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : l'affiche de l’album Contentieux Photo 2 : Roga-Roga Missile