Obsèques de Justin-Marie Bomboko samedi 19 avril 2014 à KinshasaSamedi 19 Avril 2014 - 2:10 Le premier ministre des Affaires étrangères de RDC est mort le 10 avril aux Cliniques universitaires de Bruxelles, et l'arrivée du corps de l'illustre disparu le 19 avril lance officiellement le début de l'hommage de la nation à l'un des pères de l'indépendance
Bomboko Lokumba est le tout premier Congolais diplômé de sciences politiques à l’ULB. S’il n’y avait pas eu l’indépendance, le jeune diplômé aurait poursuivi sa formation pour aller à Lubumbashi et occuper la fonction de recteur, mais le destin en a décidé autrement. Du côté congolais, il y a eu les interventions, entre autres, de l’ambassadeur de la RDC au Benelux et auprès de l’Union européenne, Henri Mova Sakanyi, et du deuxième vice-président du Sénat, Mario Cardoso. Retour sur un parcours atypique Décédé à 85 ans, Justin-Marie Bomboko a traversé toutes les crises politico-militaires que le pays a connues depuis son accession à la souveraineté internationale en 1960. Il est né en Équateur, à Boleke dans le territoire de Bolomba et le secteur de Lonsagania. Enfant issu d’une famille de chefs, il est précoce. Il a terminé ses études primaires en cinq ans et est allé à l’école normale de Bamania après avoir été remarqué par le père Gustave, l’inspecteur des écoles catholiques. Après avoir refusé une bourse du gouverneur général colonial pour étudier à Lovanium, il a accepté, poussé par les missionnaires, de prendre une bourse pour l’ULB. Au fait, il a brisé tout un mythe, les Congolais jadis forcés aux sciences sociales pouvaient désormais évoluer dans des secteurs proscrits, notamment le droit et les sciences politiques. Par sa formation universitaire, Bomboko était un évolué. D’ailleurs, il a effectué sa première visite en Belgique en tant que notable. À ce titre, il était en contact avec d’autres évolués, dont le futur premier ministre Lumumba. Au moment de la formation du gouvernement, il était le seul Congolais qui avait fait les sciences politiques spécialisées en droit international. Les Anamongo orphelins ? Beaucoup s’interrogent sur ce qui restera des Anamongo après la mort de son guide. Bomboko Lokumba s’est battu pour le rapprochement de ces peuples qui ont un ancêtre commun mais sont éparpillés sur l’étendue du territoire national. En 1960, les Anamongo réunis ont pu remporter des victoires politiques et occuper les postes clés des institutions de la première République, notamment la présidence du Parlement et même la primature. Comme il aimait le dire, il est enfant de l’Équateur mais aussi du Sankuru au Kasaï Occidental et même du Maniéma. Ces liens forts entre les peuples ne disparaîtront certainement jamais, mais les Anamongo pleurent celui qui a incarné ce rapprochement avec un charisme indiscutable. Laurent Essolomwa |