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Pour ou contre la fraude à l'école?Samedi 6 Juin 2015 - 14:00 À cette question, un peu absurde, mais d’une actualité brûlante au regard de la fin de semaine agitée, vécue à Brazzaville et dans certaines localités de l’intérieur du Congo, à la suite de l’annulation du baccalauréat de l’enseignement général, le vendredi 5 juin, pour cause de « fuite » des matières, responsables de l’éducation, enseignants, parents d’élèves et élèves eux-mêmes répondront sans doute par la négative. Il faut bannir la fraude, parce que l’école, lieu d’apprentissage, doit garder sa mystique d’institution d’émulation où les meilleurs sont promus et les moins compétitifs encouragés à s’élever par l’effort. Le fait est que, depuis plusieurs années, l’école congolaise pose de graves problèmes de plusieurs ordres. D’abord les effectifs, chaque jour plus nombreux, d’élèves dans tous les cycles, de la maternelle à l’université, sont devenus un casse-tête pour les autorités. En apparence, la libéralisation du secteur, en 1991, dont l’un des points positifs a été le désengorgement de l’école publique grâce à la création d’établissements privés est apparu comme un soin palliatif dans un pays où l’école est obligatoire. Que dire ensuite du paradoxe que constitue le déficit criant des enseignants ? En 2013, le ministère de l’Enseignement primaire et secondaire posait une statistique hallucinante de 15 000 enseignants qu’il fallait avoir pour venir à bout de ce dysfonctionnement. Avec les départs à la retraite, ce chiffre aurait grossi pour se situer désormais à 18 000 « manquants ». Ajoutons aussi, dans la grille des calamités qui troublent l’école, le comportement déplorable de certains élèves, qui ont transformé leurs établissements en des lieux de culte du banditisme, de consommation d’alcool, s’ils n’en font des terrains propices à la « lutte des classes » avec des enseignants au vestimentaire jugé « démodé ». C’est presque d’un volcan endormi qu’il s’agit lorsque l’on observe la série d’incidents enregistrés chaque jour dans plusieurs établissements scolaires au Congo. Et comme si cela ne suffisait pas, disons, comme suite logique de cette situation globalement intenable, s’est ajouté le clash du vendredi 5 juin, dernière journée des épreuves du baccalauréat annulé. Comment cette fuite des matières, qui semblait évidente au regard de rumeurs parfois démenties par des voix autorisées, a-t-elle prospéré ? Qui l’a ainsi méticuleusement organisée, puisque certains candidats ou proches de candidats en auraient pris connaissance sur leur téléphone portable ? Et les manifestations bruyantes des candidats ou de profiteurs s’élevaient-elles contre les officiels en charge du dossier ou contre la fraude elle-même parce qu’elle aurait été sanctionnée ? Autant de questions que l’on peut se poser en attendant l’organisation onéreuse de la session de remplacement. Devant cet échec cuisant, le dernier mot qui n’a rien d’une conclusion peut être d’inviter les pouvoirs publics à multiplier des initiatives pour éloigner de nos écoles cette culture de la facilité très tendance aujourd’hui, qui contribue grandement à la baisse de la qualité des enseignements dispensés aux petits apprenants et les condamne, à terme, à ne pas tenir avec brio des postes de responsabilités auxquelles ils ont droit à la fin de leurs études. Il faut pourtant aussi, de manière durable, soigner la grande administration publique paresseuse. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |