Opinion
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L’affaire GhosnMercredi 21 Novembre 2018 - 20:30 Elle défraie la chronique, enflamme la presse, fait monter au créneau les tenants du libéralisme pur et dur, réjouit les adversaires du capitalisme. Mais au-delà de l’argent, ou plutôt de l'accusation de dissimulation d’argent par un chef d’entreprise qui se trouve au cœur de cette affaire, l’arrestation spectaculaire et d’ailleurs soigneusement mise en scène du grand patron du conglomérat industriel Renault-Nissan-Mitsubishi, à savoir le Franco-libano-brésilien Carlos Ghosn, met en lumière de façon crue la bataille dans laquelle s’engagent aujourd’hui sans le dire les grandes puissances industrielles sur la scène mondiale. Qui peut croire, en effet, que la justice nippone soit contrainte de mettre à l’ombre pendant trois semaines un magnat de l’industrie automobile alors même qu’elle a tous les moyens de mener ce genre d’enquête sans agir avec une telle brutalité ? Il lui aurait suffi pour connaître la vérité, toute la vérité, de convoquer posément le suspect devant ses tribunaux afin qu’il s’explique sur les détournements réels ou supposés dont il s’est ou se serait rendu coupable. Or elle ne l’a pas fait, préférant lancer un pavé dans la mare avec toutes les conséquences économiques, financières et surtout diplomatiques que cela ne peut manquer d’avoir. Si elle agit ainsi c’est très probablement parce que l’enjeu de la bataille judiciaire qui s’engage est stratégique pour le Japon. Autrement dit que celle-ci constitue pour cet Etat asiatique une action majeure menée dans le but de défendre sa souveraineté contre les intrusions réelles ou supposées des puissances étrangères. Certes, l’on ne peut rien affirmer encore avec certitude alors que la comédie débute à peine, mais il est très probable que le but recherché par les autorités de Tokyo est la reprise en main de l’un des joyaux industriels japonais que l’industrie française avait réussi non sans mal à sauver ces dix dernières années. Si cette analyse, énoncée par des observateurs chevronnés, est juste – ce dont nous sommes nous-mêmes convaincus – cela veut dire que la compétition industrielle mondiale entre dans une nouvelle phase où l’on verra les Etats veiller à ce que leurs entreprises ne soient pas d’une manière ou d’une autre mises en coupe réglée par des puissances étrangères. Il se pourrait ainsi que l’affaire Ghosn marque en réalité un tournant dans les rapports économiques internationaux. À suivre donc et de très près ! Les Dépêches de Brazzaville Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |