Mode : le masque dans les codes

Jeudi 28 Avril 2022 - 18:59

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Il y a trois ans, le monde faisait son entrée dans une nouvelle ère, celle du masque obligatoire, dont le port fût contraint par la nécessité de limiter la diffusion de la covid-19. Malgré l’assouplissement des gestes barrières, le masque est quant à lui entré dans les codes, non plus seulement par nécessité, mais aussi par un effet de tendance, mettant à mal les codes non-verbaux d’interaction sociale.

Deux ans après le pire de la pandémie, à l’heure où les bilans se font sanglants et que la crainte demeure de revoir surgir la pandémie dans ses nombreuses vagues et variantes, le constat est que la covid-19 a également laissé des traces sur l’humain, dans le cadre de sa santé mentale mais aussi de ses interactions sociales.

Loin des bilans économiques, de dettes-covid et des plans de restructuration, la crise sociale et humaine entraînée par la covid semble parfois reléguée au second plan. La perte du lien social bien qu’évoquée ne paraît être qu’une théorie, là où, dans le quotidien de tous les citoyens du monde, l'on voit les méfaits du passage de la covid.

A côté des deux mètres de distanciation sociale a sévi l’obligation du port de masque, dans les espaces communs. 70 % de la communication interpersonnelle étant non-verbale, les visages masqués passaient et passent encore pour de vraies énigmes en termes d’intentions, de suppositions, de non-dits mais aussi de séduction.

En réaction à un compliment, un visage qui ne laisse entrevoir qu’un hypothétique plissement des rides oculaires en lien avec un hypothétique sourire dessiné derrière un masque indifférent donne lieu à un questionnement interne. Un rictus qui trahirait une frustration, passerait pour inexistant et laisserait passer une offense qui aurait pu être soulignée et rattrapée.

Le masque est entré dans les codes, aidé par la mode et le besoin de se distinguer en forçant l’harmonie des graphiques et des couleurs même là où elle n’a pas lieu d’être, créant ainsi une véritable barrière émotionnelle. Les émotions sont encore celles qui humanisent l’être humain plus que toute autre chose.

Masque, lunettes noires, oreillettes et casquette, en recherchant un look sportif si ce n’est un look « cool », certains individus paraissent de fait sous couverture, là où la vie est constamment une invite à la découverte et à l’échange.

Les jeux de séduction se sont également vus être mis en difficulté, compliquant la reconnaissance et l’abord d’un éventuel alter ego. Quant aux personnes sourdes-muettes dépendantes de la langue des signes, fortement tributaire de la partie basse du visage ou de la lecture sur les lèvres, le port obligatoire du masque est alors un vrai casse-tête si ce n’est un élément encore plus clivant que d’habitude pour leur intégration sociale.

Le masque ne devrait pas être vu comme un élément tendance ; il est le fruit d’une contrainte sanitaire et ne devrait absolument pas être adopté comme un article de mode ou un indispensable du quotidien toute heure, tout lieu et toute activité confondus.

Princilia Pérès

Légendes et crédits photo : 

Le masque comme accessoire de mode/DR

Notification: 

Non