Art contemporain : la 11e Riac a démarré sous le signe de la mémoire et du partage

Mardi 9 Septembre 2025 - 15:07

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Initiée par l'artiste pluridisciplinaire congolaise Bill Kouélany, la Rencontre internationale d’art contemporain (Riac) a ouvert les portes de sa 11e édition le 8 septembre à Brazzaville, lançant trois semaines de débats, d'ateliers, d’expositions et de spectacles sur le thème  « Patrimoine africain, témoin du passé ou richesse durable pour demain ? ».

Le ton des spectacles a été donné dès 18h avec la performance envoûtante « Cercle de mémoires » de l’artiste camerounaise Ange Kayifa. Vêtue d’un simple maillot de bain, elle répand la scène d'encens et de sel, avant d'habiter le cercle lumineux tracé au sol, laissant son corps « parler » entre silence, gestes et danse. « “Cercle de mémoires” donne la visibilité aux femmes qui ont été invisibilisées dans l’histoire africaine. Je rends hommage à ma grand-mère, première femme régisseur de prison d’hommes dans ma ville au Cameroun, et à toutes celles dont la trace s’efface trop souvent », a-t-elle confié.

La soirée s’est poursuivie avec la pièce « Cannibale » de Didier Daeninckx, mise en scène par François Boggio, avec Géraldine Massamouna et Eros Mampouya. Pour la comédienne et spectatrice Germaine Ololo, l’expérience reste perfectible. « Les comédiens sont là, le travail technique est là, mais le texte tiré d’un roman doit être réécrit pour être pleinement une pièce de théâtre », a-t-elle souligné.

Plus tôt dans la journée, les participants avaient pris part à un débat d’idées autour de la thématique de l’édition, après la présentation générale des artistes, avant de partager un repas de bienvenue et d’entamer les ateliers de critique d’art, peinture, photo/vidéo, écriture créative et danse.

Un programme dense et diversifié

Pour Chris Moumbounou, coordonnateur des Ateliers Sahm, le cœur de la Riac réside dans la rencontre et la transmission. « Ce matin, chacun a mis un nom sur un visage, et dans l’après-midi, les ateliers ont démarré dans l’esprit de famille qui caractérise cette rencontre », souligne-t-il. La programmation comprend des débats, des ateliers, des performances, des projections, des expositions et des concerts.

Dès ce 9 septembre, le public est attendu pour la projection du documentaire « Sankara n’est pas mort » de Lucie Viver. S’ensuivront notamment un vernissage collectif à l’Institut français du Congo le 10 septembre, une exposition solo de Jean Michel Dissake le 11 septembre au Pefaco hôtel et un spectacle de slam et danses patrimoniales sous l’égide du Pnud le 12 septembre.

« Nous voulons que chaque soir, il y ait un rendez-vous artistique où le public retrouve théâtre, performances ou cinéma, et chaque journée, des ateliers de création pour nourrir les échanges », précise Chris Moumbounou.

Une centaine d’artistes réunis

Cette 11e édition de la Riac réunit environ 100 artistes venus du Congo, mais aussi du Cameroun, du Gabon, de la République démocratique du Congo, de la Tunisie, de la Suisse, de la France, du Bénin, du Mali… Une diversité que les organisateurs tiennent à préserver malgré des moyens limités. « C’est toujours un plaisir pour moi de participer à la Riac, parce qu’on a la possibilité de rencontrer des professionnels et des non-professionnels venus de tous les horizons. Cela nourrit ma pratique et me pousse à me positionner en tant qu’artiste », insiste Ange Kayifa, qui signe ici sa troisième participation.

En trois semaines, Brazzaville se transforme en un carrefour culturel, où se croisent générations, disciplines et visions de l’Afrique de demain. Une manière concrète de faire du patrimoine non pas une relique, mais une matière vivante pour l’avenir.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

1- Ange Kayifa en pleine performance artistique lors de l’ouverture de la 11e édition de la Riac/Adiac ; 2- Interprétation sur les planches des Ateliers Sahm de la pièce « Cannibale » par Géraldine Massamouna et Eros Mampouya/Adiac

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