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Sécuriser l’Afrique oui, mais comment ?

Samedi 24 Avril 2021 - 16:43

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Le décès brutal la semaine dernière d’Idriss Déby Itno, président du Tchad, a provoqué un choc sans précédent dans cette partie du continent. Mais il contraint aujourd’hui la communauté internationale dans son ensemble à prendre la juste mesure des menaces qui pèsent depuis des années sur l’immense zone du Sahel-Sahara, sur l’Afrique de l’Ouest, sur l’Afrique centrale et même sur la Corne de l’Afrique en raison du désordre général provoqué par l’assassinat, sur ordre des Occidentaux, du guide libyen Mouammar Kadhafi, il y a tout juste dix ans, le 20 octobre 2011.

 

Ces menaces, les observateurs de la scène africaine n’ont pas cessé de les dénoncer preuves à l’appui en soulignant le fait qu’elles réveillaient les mauvais démons de l’ethnicisme, de la guerre des religions, des trafics d’êtres humains, des mafias vouées à la vente des stupéfiants, mais elles n’ont été réellement prises en compte ni par les Nations unies, ni par les grandes puissances. Avec cette conséquence aussi dramatique que prévisible de la déstabilisation d’une zone géographique stratégique, déstabilisation que ni la force Barkhane ni la coalition du G5 Sahel n’ont été capables de combattre efficacement quoi que prétendent leurs dirigeants.

 

D’où la question qui se pose aujourd’hui à l’Afrique concernant la sécurité de ses territoires, la prévention et la gestion des crises, la coordination des politiques de défense des Etats, l’appui que peuvent apporter les puissances extérieures qui investissent ou sont prêtes à investir massivement sur le continent le plus prometteur de la planète en raison des immenses ressources naturelles qu’il détient. Une question qui se pose de façon d’autant plus forte que les tensions ne cessent de croître dans plusieurs zones parmi lesquelles figurent en bonne place la Centrafrique, la République démocratique du Congo, le Soudan et l’Ethiopie, le Tchad comme on vient de le voir de façon dramatique, le Sahel, le golfe de Guinée dans lequel prolifère désormais la piraterie.

 

Sécuriser l’Afrique oui, mais comment ? A cette question, dont la réponse commande l’avenir du continent tout entier et pas seulement celui de la zone du Sahel-Sahara, seule une réflexion collective permettra de répondre. Avec, bien sûr, un sommet direct ou virtuel qui permettra aux dirigeants du continent d’échanger sur cette question vitale, mais aussi et plus encore avec la mise en place d’une organisation capable de traduire en actes les idées et les projets des Etats concernant la sécurisation du continent.

 

Quitte à passer pour de doux rêveurs, disons que le Congo est très bien placé aujourd’hui pour mener à bien un tel projet. La stabilité de sa gouvernance interne étant assurée pour les cinq années à venir, son président Denis Sassou N’Guesso étant reconnu par ses pairs comme un homme d’Etat décidé à fonder l’avenir du continent sur des bases plus solides, sa capitale Brazzaville s’étant dotée à Kintélé des infrastructures nécessaires pour accueillir une telle conférence, toutes les conditions sont effectivement réunies. Tout y compris la relance de la revue d’idées Géopolitique Africaine dont la parution a été interrompue il y a quelques mois, mais qui accompagnerait efficacement sur le plan intellectuel la concrétisation de cet acte diplomatique essentiel pour l’avenir du continent.

 

Du rêve, de l’illusion que tout cela ? Non, du simple bon sens dans le temps très particulier que nous vivons.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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