Finances publiques : la Banque mondiale décrypte la croissance du Congo

Jeudi 18 Septembre 2014 - 18:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le rapport de la Banque mondiale (BM) note que l’économie du Congo croît. Mais le rythme, jugé lent, ne permet pas un réel développement économique et social malgré les moyens dont dispose l'État en investissant dans certains secteurs porteurs. 

 

Ce premier rapport de suivi de la situation économique et financière du Congo a été largement commenté le 18 septembre à Brazzaville, autour d’un atelier de dissémination du document. En effet, la tendance actuelle de la croissance du Congo est nettement inférieure au taux prévu dans le Plan national de développement 2012-2016. Entre 2011 et 2013, la croissance  moyenne a été de 3,5% au lieu de 8,5% espérée.

Le taux pour 2014-2016 estimé à 7,6% pourrait être affecté par des facteurs endogènes et exogènes que sont la pression interne, la difficulté d’exécution du budget, la faible capacité d’absorption par rapport aux investissements publics, la faiblesse du système des payements, l’organisation des Jeux africains et la volatilité des cours et de la production du pétrole.

Le constat général est que cette croissance théorique n’est pas inclusive car elle ne permet pas de réduire la pauvreté en créant des emplois. Au-delà, les indicateurs sociaux sont au rouge avec une économie qui dépend très fortement du secteur pétrolier.

En terme d’infrastructures par exemple, le rapport de la Banque mondiale souligne que le Congo a investi pour produire et non pour l’emmener auprès du consommateur lamda. Ces différents projets devraient accélérer le processus de diversification économique s’ils étaient mieux cordonnés. Le gouvernement devrait avoir des indicateurs de suivi. « Rendre inclusive la croissance, c’est aussi mettre en œuvre rigoureusement les réformes au niveau des finances publiques pour une gestion saine en matière d’investissement en infrastructures : renforcer la préparation et la planification des projets d’investissements, rationnaliser les procédures de passation des marchés et le système de décaissement (…) », peut-on lire dans ce rapport dont la première édition couvre l’année 2013 et la première moitié de 2014.

Au-delà de la revue des développements économiques récents, le rapport met en exergue les principaux résultats de certains travaux analytiques de la BM en République du Congo. Un travail d’analyse élaboré dans le but d’établir la cohérence des politiques économiques nationales à moyen et long terme.

Des comparaisons qui corroborent

Le rapport de suivi de la situation macroéconomique montre un environnement favorable à court et moyen terme. À côté, il note une croissance lente de moins de 4% au cours des trois dernières années. Le dernier rapport sur la comparaison internationale, en 2011, montre que le Congo a progressé avec une moyenne annuelle de 8,3% pour accroître son PIB (Produit intérieur brut) par habitant et une parité du pouvoir d’achat qui passe de 3621 à 5830 USD entre 2005 et 2011. Malheureusement, les performances macroéconomiques obtenues entre 2011 et 2013 pourraient ralentir le rythme et, donc, rallonger les perspectives si rien n’est fait.

Le rapport note aussi le Revenu national brut par habitant qui a augmenté d’à peine 4,3% entre 2012 et 2013 pour se situer à 2660 dollars. « Une vitesse qui doit être accélérée pour l’atteinte de l’objectif d’émergence en 2025. Il faudrait, à l’avenir, travailler davantage sur les questions liées à la bonne gouvernance et au renforcement des capacités de l’administration publique afin qu’elle corresponde effectivement aux attentes », a déclaré Sylvie Dossou.

Selon le directeur sectoriel du Département macroéconomie et réduction de la pauvreté à la BM, Albert G. Zeufack, ce produit analytique de périodicité annuelle est une édition focalisée sur la croissance efficiente de la gestion des finances publiques. « Le gouvernement fait beaucoup mais cela semble passer inaperçu. Non pas par manque de crédibilité mais plutôt par faute de mesures. Des besoins d’actualisation sont nécessaires ainsi que les renforcements de capacité », a reconnu le ministre de l’Équipement et des travaux publics, Émile Ouosso, qui représentait le gouvernement à cet atelier. 

 

Nancy France Loutoumba

Légendes et crédits photo : 

Photo : les participants lors de la présentation du rapport, photo Adiac