Afrique : la bataille de la lumière, électrifier 600 millions de vies sans carboneJeudi 30 Octobre 2025 - 9:30 « L’électricité n’est pas un luxe, c’est une condition de dignité », rappelait récemment Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement. En Afrique subsaharienne, 600 millions de personnes vivent encore dans l’obscurité, selon la Banque mondiale. Un déficit énergétique qui freine la scolarisation, l’industrialisation et la stabilité sociale. Lors du Sommet africain de l’énergie, tenu à Dar es Salaam, trente chefs d’État et de gouvernement ont validé un plan de 50 milliards de dollars visant à connecter 300 millions de personnes d’ici à 2030. Un chantier continental autant politique qu’économique : la maîtrise de l’énergie conditionne désormais la souveraineté technologique et la sécurité nationale. Le continent détient pourtant 60 % du potentiel solaire mondial, selon le Global solar council. Mais il ne capte que 2 % des investissements mondiaux dans les renouvelables. « Le paradoxe africain, c’est un soleil à foison et des réseaux à la bougie », ironise un diplomate européen en poste à Addis-Abeba. Les solutions existent : mini-réseaux solaires, microgrids intelligents, batteries locales. Leur développement pourrait générer jusqu’à 4 millions d’emplois d’ici à 2030, selon l’Agence internationale de l’énergie. Mais ces projets exigent des financements hybrides et une gouvernance claire. Car derrière les panneaux photovoltaïques, se joue une nouvelle géopolitique de l’énergie : celle de l’indépendance vis-à-vis du gaz, du charbon et des importations extérieures. Les États africains cherchent à équilibrer souveraineté énergétique et attractivité des capitaux étrangers. La Chine, pionnière du solaire low cost, occupe déjà 40 % du marché des infrastructures électriques africaines. L’Europe, quant à elle, mise sur des partenariats « verts » à forte valeur ajoutée, tandis que les États-Unis promeuvent l’initiative Power Africa. Mais l’avenir du continent dépendra aussi de sa capacité à impliquer les communautés rurales et lespetites et moyennes entreprises locales dans la production et la maintenance des installations. « Une électrification durable ne se décrète pas : elle se construit au plus près de la population », souligne la chercheuse sénégalaise Aminata Sarr. Dans un monde de huit milliards de voisins, l’Afrique joue sa carte stratégique : celle d’un continent électrifié, connecté et souverain. Allumer la lumière, c’est aussi rallumer l’espoir. Noël Ndong Notification:Non |










