Air du temps : Kinshasa à l'épreuve des intempéries

Vendredi 11 Décembre 2015 - 17:44

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La capitale de la RDC est actuellement confrontée à d’énormes difficultés liées à sa voirie qui est loin de répondre aux défis auxquels elle est censée faire face.

Kinshasa présente, depuis les pluies de ces trois dernières semaines, l’image ahurissante d’une ville en déliquescence, sans réelle attraction. Le magnétisme que dégageait autrefois cette agglomération du temps de sa splendeur des années 70 tranche avec la triste réalité du moment. Pendant trois semaines d’intenses pluies, les Kinois ont vécu un profond calvaire exacerbé par le déficit d’une voirie urbaine appropriée. La détérioration progressive des routes entrainée par le ruissellement en divagation des eaux de pluies aura mit à nu l’inefficacité des travaux entrepris dans le cadre des cinq chantiers. A peine réhabilitées, la plupart des routes n’ont même pas totalisé la durée de vie de cinq ans au grand dam des usagers. De la route Elengesa à l’avenue Université en passant par By Pass ou encore le tronçon Unikin-Kimwanza, le constat est amère : nids de poule, ensablement, détérioration de la chaussée, segmentation des avenues etc.

Des exemples sont légion qui traduisent l’état piteux de la voirie urbaine à l’heure de la révolution de la modernité. Un contraste. Les passagers sont astreints à ravaler de longues distances à pied pour prendre une correspondance pouvant les amener à destination à cause des arrêts accidentels provoqués par des routes défoncées qui empêchent les automobilistes de poursuivre leur parcours. A l’exception de quelques grandes artères qui résistent encore à l’usure du temps, la plupart des routes secondaires à l’intérieur de la ville ont quasiment cessé d’exister transformées en marécages à défaut d’être envahies par des herbes folles. A noter que la voirie urbaine de Kinshasa est estimée à 5500 km. Selon plusieurs  sources concordantes, environ 90% des routes sont en terre et non entretenues.

Aussi curieux que cela puisse paraitre, le centre-ville censé refléter l’image de Kinshasa parait aussi subir les effets pervers d’une tendance à l’immobilisme collectif. Sur le prolongement de l’avenue Bokassa au niveau du marché central, des marres d’eaux verdâtres parsemées d’ordures jonchent la rue. La vie et le commerce continuent malgré tout à coexister avec le risque élevé de propagation des maladies. La nuit tombée, ces eaux troubles et polluées sont livrées à la merci des crapauds dont les croassements dérangent la quiétude des résidants. Entretemps, la puanteur des immondices jaugeant les décharges publiques mal entretenues à l‘image de celle du quartier Devaux rajoute à l’aspect rebutant d’une ville qui se meurt à petit feu. Depuis que l’Union européenne (UE) eut transféré aux autorités locales la gestion du Programme d’assainissement urbain de Kinshasa (PARAU-PAUK) lancé en 2008, un conflit de compétence s’était déclaré entre l’Exécutif provincial et le Gouvernement central quant à la poursuite de cette tâche. Redémarrée sous la houlette de l’Hôtel de ville après une vive polémique, l’évacuation des immondices s’effectue timidement au grand mécontentement des Kinois harassés d’inhaler continuellement des odeurs pestilentielles.       

Plus que jamais, Kinshasa est confrontée à d’énormes difficultés liées à son urbanisation. Et dire que dame la pluie n’est encore qu’à ses débuts. Rien qu’avec les dernières pluies de décembre, on a dénombré près de trente et un morts. La situation risquerait de s'empirer dans la perspective des prochaines pluies qui s’annoncent d’ici fin décembre, si dans l’entretemps, aucune disposition n’est prise. Là-dessus il y a lieu de stigmatiser les lotissements anarchiques qui, depuis plusieurs années, gangrènent le secteur de l’habitat avec la complicité des bourgmestres et des conservateurs des titres immobiliers. D’où la multitude des constructions anarchiques érigées dans des espaces qui, naturellement, ne répondent pas aux normes. Une situation qui a entraîné comme conséquence néfaste, l'émergence des érosions et des pressions notamment sur des infrastructures existantes.

Entretemps, la croissance ultérieure, bien qu'accompagnée de quelques mesures d'urbanisation, ne s'est pas accompagnée d'un apport additionnel en infrastructures pour des nouveaux espaces occupés. Tout ceci repose la problématique de revisitation du plan de réaménagement de la ville de Kinshasa. Le souci des Kinois c'est que leur ville retrouve sa belle figure d'antan. L’intervention urgente de l'Office des voiries et drainage (OVD) qui, chaque année, reçoit des fonds alloués par le gouvernement pour assurer sa tâche, est requise pour sauver ce qui peut l’être encore. Comme quoi, l’autorité urbaine a du pain sur la planche pour tenter de redorer à Kinshasa son blason terni.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des sinistrés de Ndjili constatant l'ampleur des dégâts après la pluie

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