Allemagne : l’influence de la Russie en Afrique entre au Parlement

Mardi 25 Octobre 2022 - 12:00

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Les parlementaires allemands accusent Moscou de mener une campagne de désinformation très ciblée en Afrique, visant à discréditer les partenaires occidentaux.

Les parlementaires de la CDU-CSU ont mis en garde : l’influence de la Russie en Afrique a augmenté de manière significative au cours des dernières années, à travers un engagement qui se fait souvent de manière dissimulée via des représentants comme le groupe Wagner. Une influence qui menacerait également le partenariat qui lie l'Allemagne avec certains pays du continent, obligeant la CDU et la CSU à exiger du gouvernement fédéral une réaction visant à atténuer cette influence croissante. « La Russie mène une campagne de désinformation très ciblée en Afrique afin de discréditer les partenaires occidentaux. Et c'est ce qui s'est passé récemment au Mali, où des trolls russes ont largement fait campagne sur Facebook contre l'intervention de l'ONU et contre l'armée allemande. Et ces campagnes ont également joué un rôle déterminant dans le fait que les Français ont été priés de quitter le Mali, a déclaré Katja Leikert de la CDU-CSU. Et que faisons-nous contre cela ? Pratiquement rien », déplore -t-elle. 

Karamba Diaby, du groupe SPD, plaide pour un renforcement du partenariat avec les organisations africaines.  Car, « dans un monde multipolaire, après le 24 février, les organisations régionales comme l'Union africaine ont plus de responsabilités. Il faut les renforcer et les intégrer dans notre projet. Pour la situation sur place et pour toute la région du Sahel, la poursuite de notre engagement est essentielle. Pour notre coopération avec les cinquante-quatre pays africains, il ne s'agit pas de se retirer mais de renforcer notre partenariat sur un pied d'égalité dans nos efforts pour l'avenir. C'est ainsi que nous pourrons contrer l'influence de la Russie »,  estime  Karamba Diaby. 

Jamila Schäfer, des Verts, invite à ne pas occulter la dimension historique des liens entre certains pays du continent et la Russie. Des liens qui ont compté lors des récents votes aux Nations unies. « Nombre des Etats africains qui se sont abstenus ces dernières semaines se sont battus pour leur indépendance contre des Etats coloniaux au milieu du siècle dernier », citant l'Afrique du Sud, la Namibie, l'Ethiopie et la Guinée, entre autres, qui auront obtenu l'aide russe pour leur lutte. S'y ajoutent des liens économiques, militaires et politiques étroits partagés dans certaines parties du continent aujourd’hui exploitées « sans vergogne pour son propre impérialisme »,  selon elle.

Pour Andrej Hunko, porte-parole du groupe de la Gauche, Die Linke, l'Allemagne et l'Europe doivent respecter la souveraineté des Etats africains :  « Nous refusons aussi bien un colonialisme russe en Afrique qu'un colonialisme transatlantique ou un prétendu nouveau colonialisme allemand ou encore un colonialisme aux côtés de la France. L'Afrique doit enfin être prise au sérieux en tant que continent souverain avec des Etats souverains. Il doit y avoir une coopération d'égal à égal et non un retour à l'époque néocoloniale ». 

L’un des arguments utilisés par les auteurs de la motion introduite au Bundestag indique que le soutien croissant de la Russie à des régimes souvent autocratiques en Afrique, dans de nombreux cas, a « des conséquences dramatiques pour la population locale ». Pour la CDU-CSU, l'influence de la Russie réduit les chances de réformes démocratiques et d'alternance pacifique du pouvoir. Le groupe conservateur regrette que le gouvernement fédéral n'ait pas encore présenté une stratégie claire servant de réaction à cette question.  

Noël Ndong

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