Cancer du sein et du col de l'utérus: le collectif Wooaim prévoit une campagne de dépistage gratuit

Mercredi 16 Novembre 2022 - 16:30

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Engagé cette année dans la lutte contre le cancer du sein et celui du col de l'utérus, le collectif Wooaim a récemment organisé une conférence animée par le Pr Judith N’sondé Malanda, directrice du Programme national de lutte contre le cancer, et une marche de sensibilisation à ces maladies qui a permis de réunir des fonds qui serviront à la réalisation de la campagne gratuite de dépistage, ont confirmé, le 16 novembre, les membres de cette organisation.  

Les deux activités organisées par le collectif Wooiam (lire who i am, qui je suis en anglais),  dans le cadre d'«Octobre rose», un mois consacré à la campagne annuelle de communication (symbolisée par le ruban rose) destinée à sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein (forme la plus répandue chez la femme), et à récolter des fonds pour la recherche ont eu lieu les 29 et 30 octobre dernier. La conférence animée par le Pr Judith N’sondé Malanda, à la Chambre de commerce, a porté sur le thème « Cancers du sein et du col de l'utérus, parlons-en».

La marche dite «rose» a réuni une centaine de personnes de la Place de la République, ex rond-point Lumumba, à la Côte sauvage en passant par la mairie centrale et la grande gare. Elle a nécessité des participants une contribution symbolique qui a permis de récolter les fonds nécessaires pour l’organisation de la campagne de dépistage gratuit des cancers du sein et du col de l’utérus. « Ces fonds serviront à la réalisation de cette campagne dont la date et le lieu n’ont pas encore été arrêtés pour diverses raisons. Mais cela sera fait d’ici peu », a confié la jeune Sarah Carmelle Mavouenzela, responsable de Wooaim, qu’elle a créé avec deux autres jeunes filles, Grâce Leslie Bhalat et Alisha Tessia Mbauchy. Ces dernières se sont jointes à elle pour mener le combat contre le cancer, après avoir vu ses ravages sur certains de leurs parents et proches.

Et même si la date et le lieu de la campagne n’ont pas encore été déterminés, l’initiative est saluée par les Ponténégrins. Nombreux estiment qu’elle est un moyen efficace pour encourager les femmes à se faire dépister car, comme cela a été constaté, le sujet sur le cancer demeure encore tabou au Congo. Marie-Jeanne, mère de famille, estime que cela est dû à la peur de la maladie. «Le cancer effraie tellement que les gens craignent d’en parler. Il le faut pour être bien informé, pour pouvoir le détecter ou l’éviter», a-t-elle dit. De son côté, le vieux Gustave, a encouragé à se faire dépister. «Beaucoup de gens sont malades du cancer mais l’ignorent. Nombreux ne veulent pas ou ont peur de se faire dépister. Certains avancent des raisons liées aux frais à payer et d’autres se croient invulnérables. Cette campagne est une occasion de s’assurer de son état de santé et de permettre à ceux chez qui la maladie sera diagnostiquée d’être pris en charge », a-t-il conseillé.

Le cancer tue des millions des gens dans le monde et fait aussi des ravages au Congo. D’après le Pr Judith N’sondé Malanda, les données venant du registre de cancer de la ville de Brazzaville indiquent qu’en 2020, près de 2476 nouveaux cas et plus de 1500 décès ont été enregistrés. Ce qui prouve bien l’ampleur qu’a prise la maladie et la nécessité d’intensifier la sensibilisation de la population et de l' encourager à se faire dépister.

Lors de la conférence organisée par Wooiam, le Pr Judith N’sondé Malanda a précisé que le cancer peut être guéri si le traitement est précoce, d’où l’importance du dépistage. Elle a expliqué : «Le Cancer est une maladie grave mais qui peut être guérie s’il est diagnostiqué à temps. La maladie évolue en stade 1er, 2e, 3e, 4e. Le souhait est que les malades arrivent au 1er ou 2e stade pour bénéficier des traitements et d’un suivi. Mais très souvent, les malades arrivent tard. Il faut donc se faire dépister, c’est important de le faire pour être pris en charge à temps, donc avant que la maladie n’atteigne un stade avancé ». Toutefois, de nombreux citoyens ont déploré les coûts encore trop élevés des traitements contre le cancer. La dialyse, par exemple, nécessite une somme de 250 000 FCFA par séance, à raison de plus d’une séance le mois.

Ce qui fait que bons nombre de malades du cancer se considèrent déjà comme morts et cela leur cause beaucoup de souffrances ainsi qu'à leurs proches. «L’Etat devrait regarder cette question des prix des traitements contre le cancer. Beaucoup de gens qu’on pouvait sauver meurent parce que les traitements sont trop coûteux», a plaidé M. Lambert.

Tous les organes du corps peuvent être touchés par le cancer

Rappelons que le cancer est provoqué par la transformation de cellules qui deviennent anormales et prolifèrent de façon excessive. Ces cellules déréglées finissent par former une masse qu'on appelle tumeur maligne. Les cellules cancéreuses ont tendance à envahir les tissus voisins et à se détacher de la tumeur. Selon le Pr Judith N’sondé Malanda, il y a plus un grand nombre de maladies de cancer. «Tous les organes du corps peuvent être touchés par le cancer», a-t-elle indiqué, précisant qu’il y a aussi des cancers héréditaires (cancer du côlon, du sein, de l’œil de l’enfant).

La conférence qu’elle a animée à la Chambre de commerce a permis de sensibiliser, entre autres, aux facteurs de risques du cancer du sein, qui touchent aussi les hommes et les enfants (alcool, tabac, manque d’allaitement, pesticides, alimentation en matières grasses, antécédents familiaux et autres), les signes possibles de ce cancer (présence d’un ganglion rouge sur le sein ou l’aisselle, changement de taille du sein, douleurs, rétraction, écoulement sanglant, eczéma, rougeur ou démangeaison au niveau des seins), les traitements (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, dialyse) et la prévention avec l’activité physique, l’allaitement et autres. «Quand la femme développe un cancer du sein, son mari doit se faire dépister car il peut développer un cancer de la prostate», a conseillé le Pr Judith N’sondé Malanda.

Elle a aussi évoqué les facteurs de risque du cancer du col de l’utérus causé par le virus de papillomavirus humain (HPV) qui se transmet par contact avec la peau et les muqueuses, le plus souvent par voie sexuelle, et évolue en anomalie qui devient cancer du col de l’utérus. Ce cancer classant sida (donc souvent accompagné du VIH) se transmet par la précocité des rapports sexuels, le tabac, l’alcool et autres. Il se manifeste au moins vingt ans après avoir contracté le virus par des douleurs pendant les rapports sexuels, vomissements, insuffisance rénale, douleurs osseuses.

Ses symptômes sont, entre autres, les saignements vaginaux hors période des règles, écoulement génital, douleurs au bas ventre, douleurs lombaires. Ce cancer est évitable car, comme pour le cancer du foie, il existe un vaccin. On peut lutter contre lui en faisant vacciner les enfants. Les participants à la conférence ont suivi des projections d’images effrayantes des cas de cancer du sein chez la femme et chez l’homme ainsi qu’une vidéo sur l’autopalpation des seins et des aisselles qui permet de détecter la présence d’un ganglion (signe de la présence de la maladie). Notons qu’outre la campagne de dépistage gratuite du cancer du sein et du col de l’utérus, le collectif Wooiam prévoit d’organiser d’autres activités. L’organisation dispose d’un compte Facebook à travers lequel elle sensibilise régulièrement sur le cancer.

 

 

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

1-Vue de la salle lors de la conférence 2-La photo de famille

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