Chronique : dangers sanitaires et environnementaux des pesticides

Jeudi 25 Novembre 2021 - 18:37

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En Afrique, la culture maraîchère constitue un secteur d’emploi durable et stable pour une grande partie de la population, contribuant grandement au produit intérieur brut des pays de ce continent. Cette agriculture constitue un facteur majeur dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population urbaine africaine. Depuis toujours, cette activité est mise en péril par les insectes nuisibles qui détruisent à eux seuls le tiers des récoltes. Afin de pallier ce problème, les maraîchers font recours à des produits chimiques appelés « pesticides », pour protéger leurs cultures.

Le terme « pesticide » désigne les substances utilisées dans la lutte contre les organismes jugés indésirables par l’homme (plantes, champignons, bactéries…). Il est souvent employé dans le cadre des usages agricoles, mais il englobe également les usages non agricoles comme l’entretien des voiries, des espaces verts, jardins des particuliers, etc. L’utilisation des pesticides peut être à l’origine d’expositions multiples telles que celles par inhalation ou par contact cutané ou suite à l’ingestion d’aliments contaminés.

Les pesticides peuvent être présents dans l’air par volatilisation à partir du sol ou des plantes, par érosion éolienne et par dérive lors de l’épandage. Pendant l’épandage, en fonction des conditions météorologiques et des modes d’application, de 25% à 75% des pesticides ne se déposent pas sur les aires traitées. On retrouve parmi eux des produits destinés à lutter contre les herbes indésirables (herbicides), les insectes ravageurs (insecticides), les maladies dues à des champignons, des bactéries ou des virus (fongicides).

Il faut savoir que de nombreux pesticides sont des perturbateurs endocriniens. Leur toxicité ne se limite pas aux seules espèces que l’on souhaite éliminer. Ils sont notamment toxiques pour l’homme et leurs effets sur l’environnement sont nombreux. Les substances et les molécules issues de leur dégradation sont susceptibles de se retrouver dans l’air, le sol, les eaux, les sédiments, ainsi que dans les aliments. Elles présentent, par leur migration entre ces compartiments de l’environnement, des dangers plus ou moins importants pour l’homme et les écosystèmes, avec un impact à court ou à long terme.

Selon une étude publiée il y a quelques mois, de petits exploitants en Afrique recourent de plus en plus à des méthodes anarchiques dans la lutte antiparasitaire et opèrent en l’absence d’une régulation adéquate. L’analyse des chercheurs a porté exclusivement sur certaines productions africaines de fruits, telles que les agrumes, les mangues, les dattes et n’a pas tenu compte des cultures de fruits à échelle industrielle, comme les bananes et l’ananas. Les chercheurs ont voulu démontrer, lors de cette étude, que la mauvaise gestion des pesticides entraîne le plus souvent une contamination de l’environnement par des produits toxiques et de graves problèmes de santé humaine comme la résistance des moustiques, ce qui met en péril les stratégies de lutte anti vectorielle.

Ce qu’il faut retenir principalement de cette étude est que la gestion des pesticides très nuisibles pour les produits consommables et l’environnement n’est pas maîtrisée par les petits agriculteurs africains. Les chercheurs préconisent, en lieu et place des pesticides, l’usage des prédateurs naturels sans danger pour les cultures et les produits, permettant de diminuer les pertes subies par les producteurs, tout en assurant une bonne protection de l’environnement. Sachons que les pesticides sont un facteur majeur d’incidence sur la diversité biologique, de même que la perte d’habitat, le changement climatique et la santé. En effet, sur le plan sanitaire, les conséquences de l’utilisation des pesticides peuvent provoquer de nombreuses maladies comme de l’asthme, des diabètes, des cancers, de l’infertilité, des malformations ou encore des troubles neurologiques tels que Alzheimer, Parkinson, ou autisme.

Pour préserver l’environnement et la santé, il est donc important que des programmes de formation en gestion et sécurité d’utilisation des pesticides soient dispensés aux acteurs du secteur agricole.

 

Boris Kharl Ebaka

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