Claudia Lemboumba Sassou N'Guesso appelle à un soutien fort des artistes congolais.

Vendredi 28 Février 2014 - 20:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La conseillère en communication et aux relations publiques du chef de l’État congolais, Claudia Lemboumba Sassou N'Guesso, s’est fait remarquer l’année écoulée dans le mécénat culturel. Intéressée par tous les domaines de la culture, elle estime que les artistes congolais méritent un soutien indéfectible afin que la culture soit la première vitrine du Congo

Les Dépêches de Brazzaville : En 2013, vous avez été au centre d’un grand mécénat au sein de nos artistes. Pourquoi cet élan de cœur ?

Claudia Lemboumba Sassou N’Guesso : Vous devez savoir que moi-même, je me sens quelque part artiste dans l’âme. J’aime l’art de façon générale, la sculpture, la peinture : je collectionne à titre personnel des tableaux, comme ceux de Gotène pour ne parler que de cet artiste. C’est par amour pour l’art que je m’investis dans certains projets. Je pense que je suis née comme ça ; chez moi, il y a des objets d’art partout et à chaque fois que je voyage, je ramène toujours quelque chose d’artistique des pays que je visite. Si je devais refaire ma vie un jour, je voudrais être artiste peintre peut-être. À mes heures perdues, je prends des cours de peinture et dedessin.

LDB : Très souvent, on a l’impression que tous ceux qui accompagnent les artistes ont un penchant pour la musique et non pour les autres domaines de l’art.

CLSN : Ce n’est pas vrai du tout ! J’ai proposé au ministre Jean-Claude Gakosso d’être la marraine du théâtre congolais, nous avons ce projet ensemble. La dernière fois que je suis allée voir une pièce de théâtre ici, à Brazzaville, c’était Chaka Zoulou dans une mise en scène de Blaise Bilombo. J’ai trouvé que c’était intéressant, mais j’ai regretté le manque de costumes et que la mise en scène ne soit pas à la hauteur de qu’on pouvait attendre. De là m’est venue l’idée de proposer au ministre de la Culture de faire de moi la marraine du théâtre. Ce n’est qu’un exemple pour dire que la musique, c’est ce qu’on perçoit le plus facilement, mais je soutiens tout.

Le Congo a de grands dramaturges. Je recevrai ces personnes avec plaisir pour travailler ensemble. Je les aiderai dans la mesure du possible parce que j’aime l’art et que je me rends compte que, dans nos pays africains, la culture n’est pas une priorité comme celle de donner de l’eau et à manger, la santé et l’éducation. L’art devient quelque chose de luxueux alors qu’on peut avancer dans ce domaine en même temps que l’on s’occupe d’autres secteurs parce que l’art donne une certaine image de notre pays, il nous rappelle d’où nous venons.

LDB : Quel est votre regard sur la culture congolaise ?

CLSN : Comme je viens de le dire, je sens que la culture reste un parent pauvre. Souvent, il n’est pas inscrit dans les priorités ; pourtant, il y a des choses qui se font, mais malheureusement pas au niveau où on devrait les faire, car les moyens sont toujours limités. Avec plus de moyens, on ferait de notre culture beaucoup de grandes choses. Regardez par exemple les ronds-points de notre ville où sont érigés des monuments : ils pourraient être plus impressionnants avec davantage de moyens. Dans les pays occidentaux, lorsqu’on place une œuvre d’art sur un rond-point, on peut s’arrêter pour l’admirer, on met l’artiste au centre de la chose et je regrette que ce ne soit pas le cas ici.

LDB : Que comptez-vous faire ?

CLSN : Actuellement, c’est toujours du mécénat lorsque je suis sensibilisée à un projet. J’ai par exemple été récemment marraine de la première édition du Tazama et on fera la prochaine édition l’année prochaine, car nous nous sommes donné l’objectif d’aller plus haut. Le cinéma congolais sort à peine de l’ornière. J’ai entendu parler d’un collectif de jeunes cinéastes qui vient de faire un coffret : c’est avec plaisir que je les rencontrerais pour voir comment je peux les aider à avoir pignon sur rue ou d’autres connexions pour aller de l’avant.

LDB : Un mot pour conclure…

CLSN : Je dirais que tous les artistes comptent sur des personnes comme moi. Je pense qu’avec les moyens qu’ils ont, ce qu’ils réussissent à faire est à féliciter. Mais en vérité, c’est nous, les dirigeants et responsables politiques, qui devons soutenir les artistes, et ce n’est pas assez souvent le cas.

Hermione Désirée Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Claudia Lemboumba Sassou N'Guesso (© DR).