Climat : vers l'unification des pratiques pour un financement vert

Jeudi 2 Avril 2015 - 12:05

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Dans la perspective de la conférence "Paris climat 2015 - COP21 " qui se tiendra en décembre,  Paris a accueilli (28-31 mars 2015) le "Forum Finance Climat.
La rencontre était organisée par l'International Development Finance Club (IDFC - regroupe 22 banques de développement du monde entier). Elle a rassemblé les acteurs financiers publics, privés, nationaux et internationaux des pays développés et ceux en développement impliqués dans le financement du développement et de la lutte contre le dérèglement climatique.

Le Forum financement Climat était placé sous le thème " des solutions partagées pour les pays en développement". Les participants ont plaidé pour un outil commun pour promouvoir un nouveau modèle de développement limitant les émissions de gaz à effet de serre. Les conférenciers ont  mis l'accent sur le souci de "tracer" une définition claire et commune de ce qu'est un investissement +vert+ et inciter tous les acteurs de la finance à adopter cette "méthode". 

Les pays en développement appelés à améliorer leurs structures

Ont été également examinés, les moyens d'aide en faveur des pays en développement, en vue de réaliser leurs transformations structurelles indispensables à une meilleure résilience de leurs économies; ainsi que l'harmonisation des législations, d'une méthodologie et d'une meilleure définition des flux actuels de financement et de leur transparence. Face aux défis du dérèglement climatique, les pays en développement ont été appelés à investir dans les changements structurelles nécessaires. Ils ont été invité à identifier et rationaliser les sources de financement nécessaires, en vue de financer et développer des projets et programmes dynamiques ainsi que des politiques publiques de développement bas carbone et résilients aux dérèglements climatiques.

De nouveaux modèles de développement  et de coopération pour sortir de l'impasse actuelle                                                                                        

Les conférenciers ont insisté sur les enjeux de la Cop21 de décembre à Paris, et ont plaidé en faveur d'un accord ambitieux et contraignant en matière de réduction des émissions à GES. Ils ont appelé à changer de trajectoires suivies jusqu'ici par les pays industrialisés, pour sortir de l'impasse actuelle. Ce qui nécessite, un changement systémique des économies et de sociétés. D'où inventer de nouveaux modèles de développement émissifs, plus résilients et mieux à même de répondre durablement aux aspirations économiques et sociales du monde actuel. Ils ont lancé un appel à des choix d'investissements différents, et au renforcement du rôle d'entraînement en créant des "coalitions" et en développant des pratiques de coopérations nouvelles.

Vers des normes de financement communes
C'est le cas du club de l'IDFC, dont les banques se sont engagées avec" pérennité",  à intégrer la composante du changement climatique dans leurs programmes, pour faire progresser la Finance Climat. Cette coalition a établi une norme permettant de définir et mesurer les financements favorables au climat et de renforcer la dynamique de verdissement du système financier mondial. "Ce qui représente une étape essentielle dans le combat contre le changement climatique", a déclaré le président de l'IDFC Ulrich Schröder.
Des normes communes ont été adoptées, ainsi que des lignes directrices claires et un cadre d’évaluation partagé pour définir ce que recouvre la finance climat ;  ainsi que des effets de levier susceptibles d’entraîner plus encore les acteurs privés du financement vers des investissements climat, spécialement à destination des pays émergents et du Sud. Une liste d'une soixantaine de types de projets "verts" a été établie, par exemple, dans le secteur de l'électricité, de la reforestation, des transports urbains plus propres, dans la perspective de la COP21 décembre 2015.

Vers le verdissement des pratiques
Un groupe pilote a été mis en place pour le verdissement des pratiques. Il fixe des objectifs de financement de projets en termes d'émissions de GES, de prise en compte de la vulnérabilité des projets aux effets de changement climatiques ou d'intégration d'un prix carbone dans les évaluations économiques des investissements. Le vice-président de l'IDFC Enrique Garcia a appelé à "s'appliquer à soi-même [d'abord] les plus hauts standards en la matière". Un consensus sur des cadres de reporting communs des impacts est prévu pour renforcer la crédibilité et la pertinence des  instruments a été souligné.

L'autre vice-président de l'IDFC et directrice générale de l'Agence française de développement (AFD) Anne Paugam, a appelé à son tour, à la structuration du marché de l'économie verte pour  que ceci "ne débouche au greenwashing, c'est-à-dire des opérations estampillées +vertes+ mais, si on regarde de près les projets financés ne le sont pas en tant que ça". Certains organismes financiers intégreraient le risque climat plutôt pour des raisons d'image. Elle a rappelé cependant, que "le changement climatique est une menace pour les acquis du développement, et inversement , le développement peut être une menace pour le climat s'il s'accompagne d'une consommation toujours grande d'énergie et donc d'émissions de CO2".

Le ministre français des Affaires étrangères et du développement international, Laurent Fabius, a salué les Etats-Unis (2è pollueur de la planète après la Chine) dans leur objectif de contribuer  à la réduction des émissions de GES de 26% à 28% d'ici 2025 par rapport à 2005, et la Russie de 25% à 30% d'ici 2030 par rapport à 1990 rejoignant l'Union européenne (UE), la Norvège et le Mexique.

Au-delà des questions de normes et de verdissement, a émergé la notion de risque climat dans les décisions d'investissement.

 

Noël Ndong