France: fin d’une présence militaire historique au SénégalMercredi 16 Juillet 2025 - 13:07 Un tournant géostratégique dans la relation Paris-Dakar et la politique africaine de la France. Le 18 juillet, la France remettra officiellement au Sénégal sa dernière base militaire, marquant la fin des Éléments français au Sénégal (EFS), héritiers d’une présence ininterrompue depuis 1960. L’annonce, faite par l’ambassadrice Christine Fages lors de la réception du 14 juillet à Dakar, scelle une étape majeure du repositionnement stratégique voulu par Emmanuel Macron depuis 2022. « Conformément aux orientations présidentielles, la France va restituer au Sénégal les emprises militaires des EFS dans quatre jours », a-t-elle déclaré devant un parterre d’officiels. Une page militaire et diplomatique se tourne Sans la nommer, l’ambassadrice a fait allusion à la base de Ouakam, point névralgique du dispositif français à Dakar. Cette restitution suit celle, le 1er juillet, de la station d’émission interarmées de Rufisque, en service depuis l’indépendance et clé des communications militaires françaises sur la façade atlantique Sud. Depuis mars, les emprises Maréchal, Saint-Exupéry (Proche du parc de Hann) et le quartier Contre-Amiral Protet, au port de Dakar, ont aussi été transférés, dans le cadre d’un retrait progressif structuré par la commission conjointe franco-sénégalaise du 16 mai, adossée au traité de coopération militaire de 2012. Un nouveau modèle de partenariat L’ambassadrice a insisté sur un tournant. « Notre relation est désormais franche, équilibrée et assumée. Il est temps de remettre à plat l’ensemble de notre coopération pour identifier ce que l’on veut continuer, approfondir, transformer ou arrêter », a-t-elle indiqué. Le nouveau partenariat s’articulera autour de la formation, de la montée en compétence des forces sénégalaises et de l’interopérabilité, rompant avec la logique de tutelle sécuritaire. Ce retrait s’inscrit dans le recentrage stratégique de Paris après son éviction du Mali, du Burkina Faso et du Niger, dans un Sahel désormais dominé par des régimes militaires en rupture avec la France. Dans ce contexte, le Sénégal, pôle de stabilité démocratique, devient un pivot régional pour la diplomatie française et ses partenariats en Afrique de l’Ouest. Sur le plan économique, cette évolution pourrait ouvrir la voie à une coopération industrielle de défense, à des partenariats cyber, voire à un renforcement du soft power militaire français via la formation. La France ne se retire pas d’Afrique : elle change d’attitude, de méthode et de posture. Une stratégie de présence discrète, mais décisive, prend la relève. Noël Ndong Notification:Non |