Congo/Algérie : Mohamed Benattou réitère le renforcement des relations d'amitié et de coopération entre les deux pays

Jeudi 21 Octobre 2021 - 14:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Arrivé au terme de son mandat diplomatique, l’ambassadeur d’Algérie, Mohamed Benattou, qui vient de passer six ans au Congo, a accordé, le 20 octobre, une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville. Le renforcement des relations d’amitié et de coopération entre les deux pays et le retour de la paix au Mali ont été évoqués au cours de l’entretien.

Les Dépêches de Brazzaville ( LDB): Excellence, vous êtes arrivé au terme de votre mandat diplomatique au Congo. Que ressentez-vous après avoir passé six ans dans ce pays ?

Mohamed Benattou (M.B) : A vrai dire, je quitte le Congo avec regret et avec un gros pincement au cœur. Avant ce séjour finissant, je vous rappelle que j’avais déjà passé quatre années ici à Brazzaville en tant que numéro deux de l’ambassade entre 1986 et 1990. Le destin a voulu que je revienne seize ans plus tard, comme on revient au bercail, en tant qu’ambassadeur dans un pays que j’affectionne. Mes deux séjours intermittents m’ont beaucoup appris sur le Congo, ses réalisations, ses défis et ses ambitions. Je reste persuadé que le Congo saura être à la hauteur des challenges de développement qui l’attendent.

Au plan humain, je ne me suis jamais senti étranger, bien plus, je me suis fendu dans le peuple de ce pays en partageant ses joies et ses tristesses, et les autorités congolaises ont toujours été coopératives et m’ont soutenu dans l’accomplissement de ma mission. Disons que c’est peut-être un autre aurevoir, car on ne sait jamais ce que le destin réserve aux hommes.

LDB : Le Congo et l’Algérie entretiennent d’excellentes relations d’amitié et de coopération dans plusieurs domaines. Durant votre mandat, quels sont les projets qui ont été réalisés ?

M.B : De manière générale, les relations algéro-congolaises avaient subi les soubresauts de l’histoire et les effets des changements géopolitiques des années 1990 d’un monde en pleine mutation. Aujourd’hui, elles ont pu retrouver la place qui leur sied et chacun de nos deux pays marque de son empreinte la diplomatie africaine et internationale. Nous sommes redevenus des acteurs influents avec lesquels il faudra compter à l’avenir.

Ce résultat est le fruit de la détermination commune des plus hautes autorités de nos deux pays, chacun dans sa sphère géopolitique respective, mais dans une communauté de destin inexorable vers une nouvelle « Afrique » débarrassée des  reliques du colonialisme et de l’oppression ainsi que des velléités de néocoloniales tenaces et, désormais, tourné vers l’intégration et le développement continental. Ceci grâce aussi à une concertation politique permanente qui ne s’est jamais estompée.

Au plan bilatéral, je suis fier d’avoir contribué, au niveau de mon humble responsabilité, à réaliser deux choses : la  visite d’Etat qu’a effectuée son excellence  M. Denis Sassou N’Guesso, président de la République du Congo, en Algérie en mars 2017, soit une année après mon arrivée, et la réactivation de la grande commission mixte de coopération qui ne s’était pas tenue depuis 1987.

Le reste s’est automatiquement enclenché s’agissant de la coopération sectorielle avec l’échange de visites au niveau ministériel et des experts pour concrétiser les quatorze accords de coopération signés à la faveur de la 7e session de la commission mixte de coopération.

Nous continuons à assurer le suivi et la concrétisation de notre feuille de route commune pour hisser la coopération multisectorielle au niveau de l’excellence des relations politiques et des liens historiques forts qui unissent l’Algérie et le Congo.

L.D.B : Avant de quitter le Congo, avez-vous des propositions à faire dans le cadre du renforcement des liens d’amitié et de coopération entre  les deux pays ?

M.B : Nous sommes dans une dynamique ascendante de nos relations bilatérales, ce qui appelle une synergie d’actions et d’échanges réciproques pour avancer ensemble vers l’idéal d’une coopération qui doit reposer sur les deux pieds, politiques et économiques.

En Algérie tout comme au Congo, nous sommes désormais engagés comme jamais dans une phase de diversification de notre économie et nous avons réalisé cette année, pour la première fois de notre histoire, un bond de quatre milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures. C’est peu par rapport aux potentialités algériennes mais c’est une première ! Je vous dis cela en pensant que nos deux économies sont interdépendantes même si nous sommes tous deux exportateurs de pétrole. Ce constat peut nous amener à explorer des projets économiques gagnant-gagnant pour étoffer la relation bilatérale et la développer, car les opportunités ne manquent pas (Agriculture, PME, industrie agro-alimentaire etc…).

L’Algérie et le Congo se ressemblent quelque part car nos deux pays ont été quelque peu prisonniers et même otages du reste du monde de relations « import-import » au lieu d’envisager et de conclure des partenariats complémentaires qui créent l’emploi et engendrent une plus-value économique.

 

L.D.B : L’Algérie partage une large frontière avec le Mali confronté à la lutte contre des groupes terroristes. Que peut-on attendre de l’expérience de votre pays pour le retour de la quiétude chez votre voisin ?

M.B : l’Algérie ne partage pas seulement une frontière commune avec le Mali. Bien plus, c’est une relation historique et politique exceptionnelle adossée à une profondeur cultuelle qui renvoie à une histoire commune lointaine et une solidarité réciproque qui n’a jamais failli.

Sous cette optique et face aux défis sécuritaires et politiques liés au terrorisme et à l’instabilité dans ce pays, l’Algérie a mené une intense médiation pour parvenir à l’accord de paix et de réconciliation nationale au Mali en 2015. Cet accord reste, de l’avis de tous, la base et la clé pour le rétablissement de la stabilité et de la concorde au Mali. Aujourd’hui encore, l’Algérie s’investit en présidant le comité de mise en œuvre de cet accord pour le concrétiser sur le terrain. L’expérience algérienne en matière de réconciliation a donné ses fruits après une décennie de terrorisme.  Elle n’a été possible que grâce au courage et à une détermination politique à toutes épreuves.

 

 

 

 

 

 

 

Propos recueillis par Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

-Mohamed Benattou

Notification: 

Non