Au plus fort de la querelle entre pouvoir et opposition, enclenchée par le débat sur l’évolution des institutions et ses suites, Marius Mouambenga mettait la classe politique congolaise devant ses responsabilités.
Le Commissaire général du Comité de suivi de la Convention pour la paix et la reconstruction du Congo, dont la fonction autorise une certaine retenue sortait de ses gonds pour apostropher une classe politique « irresponsable, impliquée depuis toujours dans les malheurs du peuple », et l’exhortait à « prémunir le Congo contre les affres d’autres violences ». D’autres violences, disait-il, au regard des précédentes, auxquelles les populations congolaises avaient déjà été exposées à plusieurs reprises, si on comprend Marius Mouambenga, du fait de la pratique des dirigeants politiques.
Après deux semaines passées à mobiliser leurs partisans au cours de la campagne électorale, et un jour décisif du vote des citoyens-électeurs, le temps n’est-il pas venu pour les candidats à la dernière présidentielle de se projeter sur le futur ? Le moment n’est-il pas venu pour qu’ils fassent un peu de place au Congo, dans l’optique de lui permettre, enfin, de reprendre à vivre normalement ? N’ont-ils pas appris que certains de leurs compatriotes, de peur d’affronter à nouveau les exactions et la mort, ont fui leurs domiciles pour se réfugier loin de la capitale ?
Nous le savons tous, les votes sont des moments d’émotion où les militantismes se renforcent, les croyances se construisent à la base, alors qu’au sommet, chez les candidats en course, la certitude de l’emporter surpasse la lucidité, voire l’humilité d’envisager une éventuelle défaite. Champs de prouesses et de promesses, les joutes électorales peuvent devenir des champs de ruines pour ceux qui très souvent placent la barre du succès trop haut.
Nous le soulignions il y a quelques jours ici même, en disant qu’une élection appelant une autre, le travail qui devait revenir aux candidats de la dernière trouvaille, et à leurs équipes, serait de se donner le temps de digérer les résultats. Puis, de repartir interroger les hommes et les femmes qui ont voté pour eux, tel qu’on a pu le constater, de sillonner aussi les zones où leurs messages ont été les moins suivis, afin de se préparer à mieux aborder les échéances futures.
Même s’il n’a pas été le plus sollicité par les électeurs au scrutin du 20 mai, puisqu’il ne l’a pas gagné, un candidat parmi les huit perdants tenait à Brazzaville, pendant sa campagne électorale, un discours cru, mais fort appréciable devant un parterre de jeunes attentifs : « l’élection présidentielle, déclarait-il, n’est pas une occasion d’empoignades entre gens du Nord, du Sud, de l’Est ou de l’Ouest ; ce n’est pas sous cet angle que les Congolais doivent se regarder ; non, nous devons œuvrer à l’unité de notre pays, faire en sorte de nous aimer les uns les autres ». Si ce candidat « malheureux » se reconnaît dans ce rappel, tant mieux !
Tant mieux aussi, si dans ce moment post-électoral bruyant, les Congolais, partout où ils se trouvent, font de cette quête du vivre ensemble que peuvent ruiner les convictions politiques de chacun, un pari sur leur avenir commun. Envisager cet avenir autrement que dans l’unité et la cohésion nationale nous renverra plusieurs décennies en arrière. Cela ne sera au bénéfice de personne.