Coopération : l’administration Biden réitère son engagement économique pour l’Afrique

Lundi 4 Juillet 2022 - 11:15

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La présidence de Donald Trump n’ayant guère manifesté un grand intérêt pour le continent africain, l’actuel président démocrate des Etats-Unis, Joe Biden, qui a plaidé dès le début de son mandat pour le renforcement d’un partenariat bilatéral, veut que les choses soient déjà enclenchées sur le terrain. C’est fort de cette volonté affichée que le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et le secrétaire adjoint au Commerce, Don Graves, se sont rendus en Afrique, respectivement en novembre 2021 et en juin dernier.

Au cours de chacune de leur visite, les deux hommes d’Etat américains ont souligné la nécessité pour Washington de renforcer ses liens économiques avec les pays africains. L’Afrique est « au centre de la politique étrangère des États-Unis », a déclaré au Nigeria le chef de la diplomatie américaine. De son côté, Don Graves, qui s’était rendu en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Sénégal, a promis que tout sera fait pour consolider la présence américaine, notamment par le biais du renforcement des échanges commerciaux avec le continent, actuellement estimés à cinquante milliards de dollars, moins que la Chine, qui les a portés à soixante-quatre milliards.

« Les États-Unis s’engagent à être un partenaire solidaire dans une démarche de respect mutuel », a indiqué le secrétaire adjoint au Commerce, lors d’un point de presse en ligne. « Il ne s’agit pas de puiser et d’extirper hors de l’Afrique mais d’un partenariat gagnant-gagnant dans lequel nous investissons non seulement dans les infrastructures, mais aussi dans le capital humain, en veillant à ne pas faire venir notre main-d’œuvre pour faire le travail », a-t-il ajouté. En guise de preuve dans cette démarche, le diplomate américain a rappelé l’accord conclu pour construire des hôpitaux en Côte d’Ivoire ou encore le plan « Power Africa » visant à fournir de l’électricité aux ménages.

Don Graves pense que privilégier une approche collaborative de soutien aux initiatives africaines, comme la zone de libre-échange continentale, est « une vision prometteuse » pour les deux parties. A cela s’ajoutent des actions entreprises dans le cadre de l’Agoa, la loi sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique.

Les États-Unis devraient éviter d’entrer dans un bras de fer avec la Chine

L’Agoa permet aux pays africains d’exporter leurs produits sur le marché américain sans droits de douane. Ce qui est un outil incontournable dans les échanges commerciaux entre les États-Unis et le continent africain.

Pour Michael Shurkin, analyste politique au sein de la Rand Corporation, Washington entend certes bâtir un partenariat avec l’Afrique fondé sur le développement, mais il ne devrait pas négliger d’autres secteurs dont celui des matières premières. « Je pense que le covid-19 et la guerre en Ukraine nous ont tous appris l’importance de diversifier nos chaînes d’approvisionnement et de les protéger. Il faut garantir un accès fiable au lithium et autres métaux précieux, et surtout éviter à ce que la Chine n’exerce un monopole sur ces matières », a-t-il relevé.

Pour sa part, Scott Lucas, professeur honoraire à l’université de Birmingham, au Royaume-Uni, met en garde contre une concurrence avec la Chine. « Il ne faut pas que les États-Unis entrent dans un bras de fer avec la Chine. L’Afrique ne doit pas être un simple pion sur l’échiquier géopolitique. Plus vous agissez ainsi, plus vous rencontrerez des problèmes, car cette façon de faire vous éloignera des préoccupations réelles des communautés », a-t-il déclaré. Evoquant l’actuelle politique étrangère des Etats-Unis, le spécialiste a dit que la démarche de Washington ne doit pas être celle « d’imposer sa propre politique aux pays africains ». « Il n’y a pas un modèle américain unique pour tous. Il faut donc prévoir le développement économique de l’Afrique, mais en même temps laisser aux gouvernements africains la possibilité de développer leurs propres projets », a souligné Scott Lucas.

Selon plusieurs analystes, l’intérêt que portent les Etats-Unis pour l’Afrique est certes reconnu, mais le pays est encore loin de faire concurrence avec la Chine sur le terrain économico-commercial africain. Pour ces derniers, qu’il s’agisse d’infrastructures ou de ressources naturelles, Pékin a marqué de son empreinte ce continent, se posant en concurrent numéro un des puissances occidentales.

 

 

Nestor N'Gampoula

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