Couleurs de chez nous : nuisances sonores

Vendredi 26 Octobre 2018 - 21:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Oui. C’est bien d’elles qu’il s’agit. Un vice contre lequel tous les combats engagés sont restés vains comme ceux engagés contre les antivaleurs aujourd’hui.

A propos, les nuisances sonores sont la caractéristique même des Congolais. Dans nos villes, l’impression générale est celle de la fête en continu ; une atmosphère de début ou de fin de carnaval. A Brazzaville, Pointe-Noire, Ouesso, Dolisie ou ailleurs dans nos campements et hameaux, le silence n’est pas d’or. Que de bruit !

Sur le podium : les églises. Elles ont, depuis, ravi la vedette de la nuisance sonore aux bars dancing considérés comme des espèces en voie de disparition après un long règne. Heureusement que les VIP et caves qui ont pris le relais ont l’avantage des murs insonorisés et de la musique feutrée. Si bien que le voisinage n’est pas heurté par la musique produite. Presque.

Revenons à nos « Maisons de Dieu » pour dire, sans aucun mépris, que leur prolifération dans nos villes a multiplié les nuisances sonores. Si, hier, seuls les dimanches étaient consacrés à l’Eternel, aujourd’hui, c’est tous les jours qui sont consacrés à Dieu lui-même. Louanges et prières de délivrances se succédant, il est difficile d’obtenir de ces temples des temps présents la moindre trêve pour le repos des oreilles. Nuit et jour, c’est avec tambours et trompettes que des fidèles martèlent le sol et les murs des habitations pour en déloger le diable.

Si le bruit des églises mérite respect car protecteur des esprits et des âmes, celui des usagers de la route devrait interpeller. Nombreux sont ces passagers qui prient les conducteurs d’autobus et de taxis de « diminuer le volume » de leur musique. Tant mieux quand ils tombent sur des conducteurs compréhensifs ! Autrement, une telle demande n’est pas sans provoquer la querelle.

Autres acteurs des nuisances sonores : les motards. Ces conducteurs de motos appelées « Jakarta » dont le plaisir consiste à ôter une pièce du tuyau d’échappement pour obtenir un vacarme. Dans les rues des quartiers, avenues ou sur les grandes artères, les va et vient en trombe de ces jeunes sur leurs motos rappellent le bruit de ce gros avion qui survolait Brazzaville à 21 h durant les années 1980-1990.

Que dire des passagers des bus ? On ne sait pas comment des gens d’horizons divers et de conditions différentes peuvent, au nom de leur présence dans le bus, s’approprier un sujet pour développer un débat. Seulement ? Non. Nos bus sont de véritables amphithéâtres ambulants. Ici, tous les sujets sont autorisés, de la politique au sexe en passant par des témoignages sur des vies privées.

Passionnés du bruit, les Congolais, notamment les jeunes, ne supportent plus de parler doucement. Même causant à deux, vous les entendrez à dix mètres. Allez à la cité pour constater combien les conversations dans une maisonnée traversent les murs et sont captées par des voisins. Ce n’est pas que la promiscuité en soit la cause. Plutôt cette incapacité qu’ont certains individus de savoir poser leur voix. Et de circonscrire le périmètre de leur communication. Devrait-on parler de ceux qui crient au téléphone ? Peut-être sont-ils pris par une forme d’hystérie collective ? Une problématique pour psychologues et psychiatres.

Van Francis Ntaloubi

Notification: 

Non