Crise alimentaire : plus de 828 millions de personnes se couchent chaque soir le ventre vide

Vendredi 7 Octobre 2022 - 15:00

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Face à un défi humanitaire sans précédent, une étude du Fonds monétaire international appelle à une intervention rapide pour répondre aux besoins de financement des pays et soulager ceux qui ne mangent pas à leur faim.

L’insécurité alimentaire ne cesse de monter depuis 2018. Avec l'invasion de l’Ukraine par la Russie, les chocs climatiques, les conflits régionaux et la pandémie, la production et la distribution alimentaires ont accéléré la crise, renchérissant le coût de l’alimentation. La situation en Ukraine a fait grimper davantage les prix des aliments et des engrais, pénalisant les importateurs et incitant plusieurs pays à restreindre les exportations. Il en résulte un nombre sans précédent de personnes dont la vie et les moyens de subsistance sont en danger immédiat en raison d’une insécurité alimentaire aiguë. Plus de 828 millions de personnes se couchent chaque soir le ventre vide, selon le Programme alimentaire mondial. Les effets du choc alimentaire se font sentir partout, mais de façon plus marquée dans quarante-huit pays, dont beaucoup sont fortement dépendants des importations en provenance d’Ukraine et de Russie, pour la plupart des pays à faible revenu. 

Les "points chauds de la faim"

D'après une étude du Fonds monétaire international, la hausse du coût des denrées alimentaires et des engrais importés augmentera de 9 milliards de dollars, mettant la pression sur la balance des paiements des pays fortement exposés à l’insécurité alimentaire en 2022 et 2023. Un surcoût qui entamera les réserves internationales et la capacité de ces pays à payer les importations de denrées alimentaires et d’engrais. Les prix des denrées alimentaires et de l’énergie restent élevés et contribuent à une crise du coût de la vie susceptible d’accroître la pauvreté et de freiner la croissance, ce qui pourrait alimenter l’instabilité politique. Rien que cette année, on estime que les pays fortement exposés pourraient avoir besoin d'au moins 7 milliards de dollars pour aider les ménages les plus pauvres à faire face à la situation.

Le rapport appelle à une réaction rapide des pouvoirs publics dans quatre domaines, afin d'atténuer la crise alimentaire et éviter une catastrophe humanitaire. Premièrement, un soutien rapide et adéquat à la population menacée par l'insécurité alimentaire. Deuxièmement, maintenir le libre-échange. Troisièmement, accroître la production de denrées alimentaires et améliorer leur distribution. Enfin quatrièmement, investir dans une agriculture résiliente aux changements climatiques pour accroître les récoltes futures. En effet, l’intensité et l’imprévisibilité croissantes des événements climatiques aggravent l’insécurité alimentaire, et les pays à faible revenu, notamment en Afrique subsaharienne, sont parmi les moins bien préparés pour faire face aux effets des changements climatiques. Les solutions doivent être adaptées aux circonstances nationales, en mettant l’accent sur des mesures peu coûteuses et à fort impact, comme investir dans de nouvelles variétés de cultures, améliorer la gestion de l’eau et diffuser les informations.

Ainsi, l’Éthiopie, le Kenya et le Rwanda tirent parti de la technologie mobile pour fournir aux agriculteurs des prévisions pluviométriques qui leur permettent d’optimiser la plantation des cultures et la souscription d’assurances récoltes. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, de nouveaux programmes financés par le Fonds monétaire international en faveur du Bénin, du Cap-Vert, de la Géorgie, du Mozambique, de la Tanzanie et de la Zambie prévoient des mesures pour contrer les conséquences de la crise alimentaire. La communauté internationale doit, elle aussi, prendre des mesures décisives afin de mettre en place les financements nécessaires pour faire face à la crise dans l’immédiat, et renforcer la sécurité alimentaire à moyen et long termes. L'étude invite également les donateurs et les organisations internationales à accroître de toute urgence les dons et financements concessionnels pour fournir des aides en espèces et en nature à la population qui souffre le plus de l’insécurité alimentaire. Dans certains pays, un allégement de la dette sera également nécessaire.

 

Noël Ndong

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