Diplomatie : l'élection du secrétaire général de l'ONU compromise

Lundi 5 Avril 2021 - 12:37

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A peine, il annonçait en janvier qu'il briguerait un second mandat de cinq ans qui débuterait en janvier 2022, la Chine et le Royaume-Uni accueillaient favorablement la candidature d'Antonio Guterres.

Mais depuis, la chancelière allemande et le Premier ministre britannique ainsi que bien d'autres sont restés silencieux sur le sujet. Ces approbations proviennent de nations de premier plan et de certains des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ayant un droit de veto, acquis à une époque géopolitiquement différente il y a 75 ans. Le soutien précoce  de ces pays au Sg de l'ONU sortant -la sélection officielle a lieu en septembre-  compromis à l'ensemble du processus de sélection. A l'issue de l'annonce d'Antonio de vouloir renouveler son mandat,  les présidents de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité  de l'ONU ont écrit aux Etats membres, les invitant à solliciter des candidats. 

Une difficile émergence de candidatures

Le président de l'Assemblée générale, Volkan Bozkir, a créé un site Web  pour documenter le processus de sélection. Le site Internet ne mentionne qu'un seul candidat : le secrétaire général sortant. L'autre candidat qui a soumis une candidature formelle est une femme, Arora Akanksha, 34 ans, originaire de l'Inde et citoyenne du Canada. Mais elle n'est pas mentionnée dans la communication de Volkan Bozkir aux États membres. Des rumeurs disent que d'autres candidats d'ONG envisageaient de postuler, mais personne ne s'est manifesté, jusqu'à présent. Les premiers dialogues informels de sélection ont lieu en mai, le temps presse pour que d'autres soumettent leur candidature. Compte tenu des approbations prématurées d'Antonio Guterres par les pays, tous les initiés de l'ONU savent que les règles du jeu ont été faussées dès le départ. Il est difficile de voir un autre pays nommer un candidat, anéantissant les efforts prudents pour créer un processus de nomination ouvert.

"À une époque de changements transformationnels urgents [...] il est injustifiable qu'un très petit nombre de pays croient qu'ils ont seuls le droit de choisir un dirigeant de l'ONU", a déclaré Simone Filippini, présidente de Leadership 4SDGs, une institution en charge de soutenir la politique gouvernementale visant à réaliser l'Agenda 2030 (ODD-Climat). La société civile a lancé une campagne pour la transparence, sapée par les principaux Etats membres, a-t-elle relevé. "Les vieilles habitudes ont la dent dure", a déploré Simone Filippini, soulignant qu'il est "plus grand temps pour une femme secrétaire générale des Nations unies. Aucun haut dirigeant qualifié et respectueux de lui-même ne participera à un processus qui manque de crédibilité et d'intégrité - et encore moins une femme dirigeante". 

Pour un nouveau leadership

Pour Simone Filippini, "un secrétaire général doit avoir des qualités de leadership avérées [...]Les défis d'aujourd'hui exigent un leadership audacieux, frais et inclusif ". Ce qui passe par "un processus ouvert et transparent". De plus, elle trouve "injustifiable qu'un petit nombre de pays croient qu'ils ont seuls le droit  de choisir un dirigeant de l'ONU", a-t-elle rappelé. La sélection du prochain Sg dans le cadre d'un processus crédible, ouvert et transparent est une nécessité pour l'ONU de conserver sa crédibilité parmi "nous les peuples. La sélection et la nomination d'une des meilleures candidates montreraient également qu'un réel changement est possible". Si le nombre de femmes dirigeantes de haut niveau à l'ONU a grimpé pendant le mandat d'António Guterres,  d'autres tendances, comme la disparité régionale, restent largement inchangées. 

Simone Filippini invite Antonio Guterres à prouver son engagement à transformer l'ONU,  "en donnant l'exemple dont le monde a besoin.  Imaginez s'il décidait publiquement de se retirer en faveur d'un processus crédible et ouvert conduisant à la première femme secrétaire générale". Ce qui serait, selon elle, "une étape historique et sans précédent qui assurerait à Guterres une place solide dans les livres d'histoire".

 

Noël Ndong

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