Fespam 2023. Henri Ossebi: « La rumba est désormais un bien public mondial »

Lundi 29 Mai 2023 - 16:17

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Ambassadeur et délégué permanent du Congo auprès de l’Unesco, Henri Ossebi et son équipe, en étroite collaboration avec les comités scientifiques des deux Congo, ont conduit la campagne de promotion et un lobbying diplomatique actif. Cette stratégie a débouché, le 14 décembre 2021 après son triomphe à la « Semaine africaine de l’Unesco », sur l’inscription de la rumba sur la liste du patrimoine culturel de l’humanité. Interview.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Comment accueillez-vous le lancement du Festival panafricain de musique (Fespam) à Paris ?

Henri Ossebi (H.O.) : Avec surprise d’abord, avec honneur et plaisir surtout. Parce que la relance du cycle des célébrations du Fespam était fortement souhaitée et attendue. Elle vient d’être impulsée par la volonté du président de la République, Denis Sassou N’Guesso lui-même. Pour des raisons tant professionnelles que personnelles et scientifiques, je m’en réjouis. Cette célébration va raviver le souvenir des éditions antérieures et surtout consolider le statut de Brazzaville reconnue « Ville créative de l’Unesco ». Enfin, parce que, à cause notamment de la parenthèse covid-19, le succès international de l’inscription de la rumba n’avait pas eu au Congo un écho médiatique et festif à la hauteur de cette victoire. Beaucoup l’ont déploré. Aujourd’hui, la démarche volontariste du chef de l’État assumée par la ministre Lydie Pongault vient à point nommé combler ce vide. J’ajoute que le choix du siège de l’Unesco où, en novembre 2006, Jean-Serge Essous avait été hissé à la dignité d’ambassadeur de l’Unesco pour la paix, devant le président de la République du Congo et en présence de Manu Dibango, Papa Noël Nedule, Pierre Moutouari, ce choix, disais-je, est à la fois judicieux et symboliquement très fort. 

L.D.B. : La relance du Fespam va-t-elle dans le sens de vos attentes en ce qui concerne la visibilité de la rumba ?

H.O. : Le problème n’est pas celui de la visibilité. Mes attentes non plus. La rumba est désormais un « bien public mondial ». Les comités scientifiques des deux rives du fleuve Congo, qui ont admirablement préparé le dossier de candidature, ont déposé leur rapport de fin de mission, en prenant soin d’élaborer et de remettre aux autorités un document de « Stratégie de promotion et de sauvegarde de la rumba » pour la suite. Ce qui appelle évidemment un autre type d’expertise et doit mobiliser autant les moyens de l’État que l’appui des partenaires divers pour sa mise en œuvre. Autrement dit, il faut passer d’une logique de la célébration à une stratégie de pérennisation. Celle-ci doit faire partie intégrante d’une politique sectorielle lucide, pertinente et inclusive. C’est ce que sans doute le président de la République envisage, de par le nouvel intitulé même du ministère en charge de ce dossier. Lequel ministère est dépositaire de cette stratégie nationale de gouvernance de ce bien public mondial.  En pérennisant la rumba, le Congo lui garantira naturellement, grâce aux effets collatéraux ainsi induits, son rayonnement et sa visibilité.

L.D.B. : Après la rumba, comptez-vous obtenir une autre inscription au référentiel de l’Unesco ?

H.O. : Les éléments à proposer ne manquent pas. Ce n’est cependant pas à moi d’en décider. Comme pour la rumba, tout pourrait partir d’une candidature officielle, portée par un ou plusieurs pays, mais répondant aux critères d’éligibilité prescrits par le Comité intergouvernemental de l’Unesco en charge de cette matière. Sous réserve d’être porté par un dossier scientifiquement solide, de portée internationale, conçu sans précipitation, pour franchir les différentes étapes concurrentielles de sa sélection. Le Congo a donc un vaste champ à sa disposition.

 

 

Verbatim

En pérennisant la rumba, le Congo lui garantira naturellement, grâce aux effets collatéraux ainsi induits, son rayonnement et sa visibilité.

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Henri Ossebi, ambassadeur du Congo auprès de l'Unesco et la directrice générale de l'Unesco, à la Semaine africaine 2019 / Bedel Photo Bango

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