Fête du 30 juin : Bob Bobutaka souligne les assises chrétiennes de la RDC

Mardi 5 Juillet 2022 - 17:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

L’histoire de la République démocratique du Congo (RDC) s’écrit aussi sur des pages religieuses. Bien avant l’accession du pays à l’Indépendance le 30 juin 1960, l’on notait déjà la présence des missionnaires à travers le Congo.

Le Pr Bob Bobutaka de l’Institut supérieur de statistique (ISS)/Kinshasa, de l’Université de Kinshasa (Unikin) et de l’Université pédagogique nationale (UPN) l’a confirmé au cours d’une récente émission à la radio Eglise du Christ au Congo (ECC) à l’occasion des 62 ans d’Indépendance congolaise. « Après la création de l’AIC en 1879, Léopold II a continué à gérer, ensuite les Chrétiens Baptistes sont arrivés au Congo. Le tout premier qu’on peut citer, c’est notamment Greenfield venant du Cameroun, ensuite Macbeth et bien d’autres… C’est d’ailleurs Mr Whiks, un missionnaire baptiste, qui était parmi ceux qui ont dénoncé les violations de droits de l’homme que Léopold II organisait au Congo. Partant de ces éléments-là, la Grande Bretagne était déjà opposée à ce que le très riche espace du Congo soit donné à Léopold II. Il y avait donc eu une guéguerre entre les Britanniques et Léopold II et la Belgique après. C’est ainsi que les territoires ayant subi une influence britannique, notamment en partant de Bolobo (province de Mai-Ndombe) en remontant, ont été les mal-aimés quant les Belges ont débuté leur entreprise de colonisation au Congo, il n’y a pas de développement dans ces zones à cause de ce conflit. Donc, les missionnaires protestants baptistes ont donc pris une part importante dans la création de l’Etat du Congo », a-t-il noté.

Sélon le Pr Bob Bobutaka, Bolobo -dans la province de Mai-Ndombe- a été la rampe de lancement de l’évangélisation baptiste à travers le fleuve Congo. Les Baptistes ont appris aux autochtones à lire et écrire, et aussi le travail artisanal de l’ivoire par le missionnaire Campbell, certains enfants ont pris les noms des missionnaires baptistes. Il a renseigné que le missionnaire Greenfield, avant sa mort à Kisangani, il a demandé que les cantiques soient chantés en langue Banunu-Bobangi. Bob Bobutaka a fait remarquer que la construction du Congo en tant qu’Etat n’a rien à voir avec le Congo Brazzaville, le Cameroun, le Gabon où l’emprise coloniale a été stricte avec l’Etat français. Mais au Congo c’est difficile à expliquer, l’Eternel sait ce qu’il voulait de ce pays, a-t-il dit. Le Congo a des assises chrétiennes. Le Roi Léopold II avait mis fin à l’expansion de l’islam au Congo qui avait une emprise dans l’Est, et il a aussi éradiqué quelques maladies.

Les chrétiens à la Conférence de Berlin

Il y a aussi l’Eglise catholique, arrivée au Congo après les missionnaires protestantes baptistes. L’emprise des Catholiques était plus perçue lors de la Conférence de Berlin de novembre 1884 à février 1885. L’Eglise protestante a eu un problème de leadership, étant plus une expression de la démocratie, avec beaucoup de strates. Les protestants ont eu un problème de représentation, on ne savait pas choisir entre les Britanniques ou les Suédois, ils ont donc été juste observateurs à la Conférence de Berlin, alors que l’Eglise catholique a pris le leadership par le biais du Vatican. Parlant de l’Acte de Berlin, le professeur a martelé que 60 % des activités de la Conférence de Berlin concernaient le Congo : « Dans une étude legistométrique de l’Acte de Berlin, je démontre qu’une trentaine d’articles dont 60 % sont uniquement réservées à la RDC. Lors d’un échange avec le défunt président Lwamba d’heureuse mémoire de la Cour constitutionnelle, je lui ai dit que lorsqu’on parle de la mémoire constitutionnelle de la RDC, on a tendance à occulter tous les éléments d’avant l’Indépendance, on croit que le pays date de 1960. Non, le pays date de 1876. Et le premier souverain et chef de ce pays, c’est Léopold II. Il y a donc eu cette conférence de Berlin, impulsée par le Roi Léopold II qui était puissant grâce à sa possession du Congo ».

La RDC souffre en ce moment juste parce que certains disent des faussetés sur le pays, que la RDC a pris des portions de certains pays. Mais quel autre pays africain était en 1885 à la Conférence de Berlin ? Mais la RDC y était représentée par l’Association internationale du Congo (AIC). Baron Lambermont a signé l’Acte de Berlin pour le compte de l’AIC, l’ancêtre de la RDC dont le premier chef d’Etat est Léopold II. L’Acte de Berlin est la Constitution de l’Afrique, a fait savoir Bob Bobutaka auteur de la « Théorie du pré-carré » : chaque pays colonisé dépend du pouvoir de son pays colonisateur.

Changer de narratif

Il a chargé l’élite congolaise, ignorante des enjeux : « L’on ne changera pas l’histoire du pays. L’on doit créer un nouveau paradigme, un nouveau narratif, comme le dit le ministre des Médias, Patrick Muyaya. Même les hommes de Dieu doivent participer. La manière dont par exemple on enseigne l’évangélisation aujourd’hui, c’est un peu comme ce que Léopold II instruisait les missionnaires belges. On doit plutôt prêcher par rapport à l’existence humaine. J’ai parlé de la « théorie de la croix » (verticalité contact entre homme et Dieu et horizontalité homme comme un être social). Mais ici on demande aux fidèles d’être tout le temps à l’église, du matin au soir et en même temps ils doivent donner des dimes. Non. Là l’église travaille à la paupérisation de la population. Ils doivent aller travailler et ensuite revenir à l’église. Aux Etats-Unis par exemple, les pasteurs travaillent comme tout le monde ».

Et de conclure : « Je suis Banunu Bobangi et j’ai aussi du sang Humbu, parce que je connais mon histoire. Mais combien de Congolais connaissent leurs propres histoires et origines ? Commençons donc par comprendre la vraie histoire de ce pays, ainsi aura-t-on moins de problèmes, et on va même faire taire ceux qui disent que la RDC s’est constituée en arrachant leurs portions de territoires. C’est par manque de connaissance que nous rentrons dans ce jeu, sans pour autant donner des arguments sur la base des faits historiques ».

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Bob Bobutaka.

Notification: 

Non