Fruits et légumes : une flambée des prix incontrôlable

Samedi 19 Avril 2014 - 2:19

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Depuis quelques années, la spéculation sur les prix des fruits et légumes à Brazzaville ne permet plus au citoyen moyen d’en consommer. Riches en oligoéléments et vitamines, ces produits ne sont pas à la portée de toutes les bourses

Ces aliments se font rares dans les ménages à cause de leur prix relativement élevé. En effet, les prix proposés par les vendeuses ne permettent pas à la plupart des Congolais d’en acheter. À ce rythme, les fruits et légumes entrent peu à peu dans la catégorie « luxe », car peu de Congolais peuvent s’offrir un repas complet faute de moyens financiers. En effet, la spéculation, conséquence de la désorganisation au niveau des marchés de gros des fruits et légumes, est à l'origine de la hausse des prix de ces produits observée depuis quelques années. Cela s’explique par le manque d'organisation et de contrôle au niveau des marchés de gros.

La flambée des prix de ces denrées alimentaires ne cesse de croître. Et pour cause : manque de politique agricole, manque d’arbres d’essences fruitières à grande échelle et absence de modernisation des cultures maraîchères. Résultats : légumes, champignons, tomates, safous, mangues, choux, saka-saka, mangoustans, litchis, oranges, mandarines, feuilles de manioc, bref, tout devient coûteux à Brazzaville, d’où la méfiance de certains Congolais de consommer bio.

Ce phénomène s’explique également par une pénurie omniprésente, car la plupart des fruits et légumes sont saisonniers et proviennent de villages dont les producteurs pratiquent l’agriculture de proximité. Ainsi, le phénomène de spéculation et des intermédiaires enrichit pour le moins les agriculteurs, les grossistes et les détaillants aux dépens des citoyens. D'aucuns peuvent imaginer la réaction des ménagères à la flambée de ces prix qui va jusqu'à semer le désespoir.

Deux poids, deux mesures dans un même lieu et pour le même produit. Le manque d'offre de produits sur le marché national, le manque d’entretien, les conséquences des intempéries qui perturbent la récolte, l'absence des marchés de proximité qui génèrent le phénomène de la spéculation et des intermédiaires, sont, entre autres, les raisons de la flambée des prix.

Bref aperçu des prix à Brazzaville

Ces dernières années, les prix de certains produits de large consommation s'affichent allégrement dans des fourchettes élevées par rapport à la bourse du Congolais moyen. À titre d’exemple : le prix de la pomme de terre a atteint les 500 à 1 000 FCFA ; les étals de tomates varient de 100 à 500 FCFA, voire 1 000 FCFA ; les carottes s'inscrivent dans la fourchette des 100 à 500 FCFA ; la banane coûte 200 FCFA, la papaye 1 000 FCFA, ou encore la mangue de 100 à 200, voire 250 FCFA. Pour ne citer que ceux-là, car les prix de ces produits sont définis par leur disponibilité sur le marché. Plus la production baisse, plus la spéculation gagne du terrain, faute de régulation.

Des hausses significatives, car dans les années 1990, ces produits coûtaient deux fois moins cher. Bien que la plupart des fruits et légumes vendus sur le marché passent pour des marchandises informelles, cette résolution ne favorise guère la baisse de prix sur le marché, et n’assure nullement la sécurité alimentaire des citoyens congolais en raison de leur conditionnement inadéquat.

Promouvoir une production de masse

Selon le directeur de la commercialisation des produits agricoles, la démarche entreprise par le ministère de l’Agriculture est d’injecter sur une période de trois ans des boutures saines de manioc et des plants de bananes afin d’augmenter l’offre, car, dit-il, tant que l’offre est inférieure à la demande, il est difficile de mettre un terme à ce phénomène. Cependant, il est important de lancer des programmes de production alimentaire à impact rapide dans des zones clés. À cet effet, un certain nombre de mesures doit être prises, à savoir mettre en place une réglementation de la spéculation orientée vers le marché ; des stocks de légumes et fruits ; un financement renforcé des importations avant que le Congo ne bénéficie d’une autonomie dans la filière fruit ; une aide alimentaire fiable ; et augmenter l’échelle des investissements en faveur d’une croissance agricole soutenue.

Plaidoyer…

Il faut donc, plaider pour construction d'infrastructures commerciales modernes. En amont, mettre en place une chaîne de production allant de la période de récolte jusqu’à la livraison du produit final, afin que cela se passe selon les normes requises. Ainsi, il est important de réaliser des marchés de gros et détail spécialisés dans la vente des produits agricols en vue de mettre fin à la désorganisation de ces espaces, car chaque commerçant fixe son prix par rapport à ses intérêts. Tout cela dans le but de mettre fin à la spéculation qui ne cesse de gagner du terrain. Ces marchés doivent également être décentralisés surtout pour les marchés de gros.

Des textes juridiques fixant les conditions et modalités d’implantation, d’organisation et de fonctionnement des espaces commerciaux, ainsi que l’exercice de certaines activités commerciales doivent être élaborés puis adoptés afin de mieux organiser les transactions commerciales à travers notamment l’introduction de la lettre d’accompagnement que l’agriculteur doit remettre désormais au mandataire afin d’assurer la traçabilité du produit. Une mesure qui devrait contribuer à lutter contre la multiplication des intermédiaires qui opèrent dans le circuit de distribution des fruits et légumes, à l’origine de la flambée des prix.

Josiane-Mambou Loukoula