Future présidence de l’UA : offensive diplomatique de la RDC

Lundi 21 Décembre 2020 - 16:27

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Felix Tshisekedi, qui devrait devenir le président de l'Union africaine (UA) de février 2021 à février 2022, s’est notamment entretenu, le 19 décembre, à Pretoria avec son homologue sud-africain  Cyril Ramaphosa, président en exercice de l’Union africaine (UA).

En dehors des relations économiques entre la RDC et l’Afrique du Sud, les deux personnalités ont échangé sur de grandes questions touchant le continent dans le contexte de l'UA. La RDC succèdera à l'Afrique du Sud remettra la présidence de l'UA à la RDC en 2021. Selon la présidence sud-africaine, cette visite de Félix Tshisekedi a été l’occasion de réfléchir aux moyens de faire progresser l’Agenda 2063 visionnaire et de développement de l’UA et de renforcer la coopération stratégique des deux pays.

Soutien de l’Egypte

Entre-temps, le 16 décembre au Caire, le ministre des Affaires étrangères de l’Egypte, Sameh Shoukry, a reçu en audience le Pr Alphonse Ntumba Luaba, coordonnateur de l’unité  chargée de la prochaine présidence de l’UA de la RDC. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères égyptien, l'ambassadeur Ahmed Hafez, a déclaré que la réunion s'inscrivait dans le cadre des préparatifs de la partie congolaise en vue de sa prochaine présidence de l'UA et de son désir de bénéficier de l'expérience égyptienne réussie à cet égard, à la lumière de la présidence de l’UA assurée par le président égyptien, Abdel Fatah al-Sissi en 2019.

En outre, Ahmed Hafez a ajouté que la réunion a débattu des moyens de soutenir la prochaine présidence congolaise de l'UA aux niveaux notamment technique et logistique, en coordination avec les ministères concernés et les autorités nationales, avec la possibilité de former des cadres congolais dans divers thèmes pertinents, tels que le protocole et les conférences. Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères a également fait savoir que le ministre Sameh Shoukry a affirmé l'importance de la coordination pour obtenir des résultats concrets et spécifiques afin de faire progresser l'action africaine conjointe, conformément à l'Agenda de développement 2063, y compris l'opérationnalisation de la zone de libre-échange continentale, tout en soulignant la nécessité de renforcer les coopérations afin de surmonter la pandémie de coronavirus et de relever les défis économiques et sociaux qui en découlent.

Nouvelle représentation diplomatique au Maroc

 Le samedi 19 décembre à Dakhla, la ministre des Affaires étrangères de la RDC, Marie Tumba Nzeza, a procédé à l’ouverture du Consulta de la RDC à Dakhla, ville située au Sahara occidental (territoire disputé et non autonome selon l'ONU) et sous administration de facto du Maroc depuis son évacuation par la Mauritanie en 1979. Le consulat général à Dakhla sera la deuxième représentation diplomatique de la RDC au Maroc, après l’ambassade à Rabat. Dans l’opinion marocaine, la nouvelle représentation diplomatique concrétise le soutien de la RDC à l’intégrité territoriale du Maroc.

A cette occasion, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré que l'ouverture d'un consulat de la RDC est "un évènement majeur" en raison de l'importance de ce pays et de ses responsabilités au sein de l'UA dont il assurera la présidence à partir de l'année prochaine.

Alors que le président en exercice de l'UA, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, est un opposant à la cause du Maroc au Sahara occidental, Félix Tshisekedi, pour sa part, a récemment pris position en faveur du Maroc lors du regain de tensions au Sahara occidental. En assurant la présidence de l’UA, Félix Tshisekedi, va diriger pendant une année la troïka africaine sur la question du Sahara occidental, l’un des sujets les plus épineux au sein de l’UA. Cette dernière est la seule organisation où sont simultanément membres le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique. La troïka africaine sur la question du Sahara occidental a été mise en place lors du 31e sommet de l’UA tenu à Nouakchott les 1er et 2 juillet 2018. Cette troïka  est composée du président en exercice de l’UA, de son prédécesseur et de son successeur. A travers l’ouverture de ce consulat à Dakhla, la RDC apporte de nouveau son soutien au Maroc, comme l’ont déjà fait certains pays. En effet, le nouveau consulat de la RDC est la 9e représentation diplomatique ouverte à Dakhla en moins d’un an, après la Gambie, la Guinée, Djibouti, le Liberia, le Burkina Faso, la Guinée Bissau et la Guinée Équatoriale et Haïti, premier pays non arabe et non africain à ouvrir un consulat au Sahara marocain.

En outre, la RDC s’ajoute à la liste des dix-neuf pays africains ayant ouvert leurs représentations diplomatiques dans les provinces du sud du Maroc, pour exprimer clairement leur soutien à la marocanité du Sahara occidental, s'est réjoui le ministre marocain des affaires étrangères, assurant que ce chiffre ira crescendo, car la majorité des pays africains sont conscients que le différend entre le Maroc et le Sahara occidental est hérité d'un passé révolu dont l'Afrique peut bien se passer.

Ratification du protocole portant création de la Cour africaine des droits de l’homme

 Le 8 décembre au siège de l'UA à Addis-Abeba (Éthiopie), la RDC a déposé son instrument de ratification du Protocole relatif à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples portant création d’une Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples. Cet acte porte à trente et un le nombre d'États membres de l'UA qui ont ratifié le protocole. « La RDC a fait un autre grand pas en avant pour la sauvegarde des droits de l’Homme et des peuples. J'encourage vivement ce pays d'Afrique centrale à faire encore un pas plus audacieux en déposant la déclaration (visée à l'article 34(6)) pour permettre aux ONG et aux individus d'accéder directement à la Cour », a déclaré l’honorable Juge Sylvain Oré, président de la Cour africaine. Les autres Etats qui ont ratifié le Protocole sont  Algérie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Tchad, Côte d'Ivoire, Comores, Congo, Gabon, Gambie, Ghana, Kenya, Libye, Lesotho, Mali, Malawi, Mozambique Afrique du Sud, Mauritanie, Maurice, Nigéria, Niger, Rwanda, République arabe sahraouie démocratique, Ouganda, Sénégal, Tanzanie, Togo et Tunisie. À ce jour, seulement six des trente et un États parties au Protocole ont déposé la déclaration par laquelle ils acceptent la compétence de la Cour pour recevoir des affaires directement des ONG et des individus. Les six États sont le Burkina Faso, la Gambie, le Ghana, le Mali, le Malawi et la Tunisie.

La Cour africaine a été créée en vertu de l'article 1 du Protocole relatif à la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples portant création d'une Cour africaine des droits de l'Homme et des peuples, pour compléter le mandat de protection de la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples, en vue de renforcer la protection des droits de l'Homme sur le continent. Outre la ratification du Protocole, les États doivent faire une déclaration requise en vertu de l'article 34 (6) du Protocole, pour permettre aux individus et aux ONG de saisir directement la Cour de leurs plaintes. Sans cette déclaration, la Cour n'aurait aucune compétence sur les affaires introduites par les individus et les ONG. Le Protocole a été adopté le 9 juin 1998 au Burkina Faso et est entré en vigueur le 25 janvier 2004. La Cour a officiellement commencé ses opérations en novembre 2006, initialement à Addis-Abeba et, un an plus tard, elle a emménagé dans son siège permanent à Arusha en Tanzanie.

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photos 1 et 5 : Félix Tshisekedi Photo 2 : Le Pr Alphonse Tumba Luaba reçu par le ministre égyptien des affaires étrangères, Sameh Shoukry Photos 3 et 4 : La ministre congolaise des Affaires étrangères, Marie Tumba Nzeza, lors de l'inauguration du nouveau consulat de la RDC à Dakhla

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