Golfe de Guinée/UE : le Setúbal portugais rejoint le Dixmude français pour des actions coordonnées

Avec un effectif de 58 militaires et sous le commandement du capitaine de frégate, Dias Marques, durant trois mois, le patrouilleur portugais Setùbal va participer à des exercices, des actions de coopération et se livrera au patrouillage dans le Golfe entre l'Angola, Capo Verde, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Nigeria et São Tomé et Príncipe. Le porte-hélicoptères amphibie français Dixmude est déjà présent dans la zone, pour une durée de quatre mois. L’objectif commun des deux navires est d'assurer une présence maritime, déjouer les attaques pirates, venir en aide aux navires attaqués, renforcer les marines locales par des exercices et des entraînements en commun.

Première action dans le cadre des présences maritimes coordonnées de l'UE

Cette mission est la première dans le cadre du projet pilote des présences maritimes coordonnées arrêté par l’UE en janvier. Ce concept de la présence maritime coordonnée fait du golfe de Guinée un théâtre de son projet pilote de securité en mer. Il vise à coordonner les différentes présences maritimes européennes, sans avoir le format complet d’une opération au titre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Son avantage est dans sa souplesse. ll permet de garder à chaque membre son autonomie d'action, son propre calendrier et ne prive pas les pays riverains de leurs responsabilités premières, en leur offrant l'impression d'une force militaire qui se superpose à leurs propres forces. Il doit mettre en contact les vaisseaux des Etats membres naviguant dans certaines zones du monde pour améliorer leur sécurité, réduire les rivalités géostratégiques, le piratage endémique, les interférences ou risques de collision. 

Des présences ancrées

Toutefois, la marine portugaise a une présence régulière dans une zone historiquement locale, à travers l'Initiative Mar Alberto, qui promeut les missions de coopération en matière de défense avec la Communauté des pays de langue portugaise (7 pays) : Angola; Brésil; Guinée-Bissau; Cap-Vert; Portugal; Timor; Sao Tome et Principe; Portugal - tous d'anciennes colonies portugaises). Du côté français, l’opération Corymbe date de 1990. Elle a été mise en place, dans un premier temps, pour assurer la sécurité des populations françaises présentes dans les différents pays du pourtour du golfe de Guinée (Côte d’Ivoire notamment) et ensuite pour pouvoir intervenir en évacuation, en cas de tension locale et peu à peu, elle est montée en puissance et s’est diversifiée, avec de nombreuses interactions avec les pays de la zone.

Mécanisme léger et coordination des moyens

 "Nous constatons une demande croissante pour que l'Union européenne ait un rôle en tant que fournisseur de sécurité maritime, non seulement dans notre région, mais aussi plus loin - je pense à l'Asie ou au Pacifique, à l'océan indien", a indiqué la haute représentante Federica Mogherini, en charge de la politique de sécurité. L'UE a déjà déployé des opérations militaires navales dans des zones stratégiques clés. Elle veut y ajouter un nouveau moyen: utiliser la présence de navires d'États membres volontaires pour partager des informations, des alertes, des analyses ou promouvoir le partenariat avec les pays côtiers des zones concernées. "Ce mécanisme serait très léger. Et je tiens à souligner que ce ne serait pas un substitut, mais un complément aux opérations militaires traditionnelles que l'Union européenne mène et peut continuer à mener à l'avenir", avait déjà précisé Federica Mogherini, alors qu'elle présidait une réunion informelle des ministres européens de la Défense à Helsinki (Finlande) en 2019. L'objectif est de coordonner les moyens.