Gouvernement de cohésion nationale : la communauté internationale s'en mêle

Mardi 28 Janvier 2014 - 18:15

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 C'est au chef de l'État, Joseph Kabila, seul qui, en vertu des pouvoirs qui lui sont reconnus, pourra abattre ses cartes au moment qu'il aura choisi pour rendre publique la nouvelle équipe gouvernementale.

Quand interviendra le nouveau gouvernement ? Personne ne sait le dire avec précision. Jusqu’à ce jour, le mystère plane sur cette question sensible. Et pourtant, au sortir des concertations nationales, l’avènement du nouveau gouvernement paraissait vraisemblement imminent. La circulaire émise par le Premier ministre Matata Ponyo, le 24 octobre 2013, mettant toutes les structures gouvernementales en veilleuse, avait suffi pour renforcer les certitudes à ce sujet. Malgré cela, le suspense continue toujours à être maintenu au grand dam de nombreux acteurs politiques, tant de la majorité que de l’opposition, qui attendent cette échéance de pied ferme. Dans cette perspective de redistribution des cartes, d’aucuns y voient une opportunité pour se remettre politiquement en selle en s’attribuant un portefeuille. Mais les jours passent sans que leur vœu ne soit exaucé. Le gouvernement Matata considéré comme démissionnaire poursuit allégrement sa marche. Au nom de la continuité de l’État, des ministres censés expédier les affaires courantes continuent de fonctionner comme si de rien n’était.

Personne ne sait quand le chef de l’État pourra finalement se décider à rendre public ce gouvernement qu’on voudrait élargi à l’opposition. Et pourtant, dans son traditionnel message de fin d’année, Joseph Kabila avait promis de passer, dès l’entame de 2014, à la vitesse supérieure avec l’exécution des recommandations des concertations nationales dont la plus importante demeure, à n’en point douter, la constitution du gouvernement de cohésion nationale. Là-dessus, le suspense reste toujours entier. D’après certaines indiscrétions, il attendrait l’adoption et le vote du budget 2014 par les deux chambres du Parlement pour enfin se prononcer. Là encore, des pronostics ont été déjoués. La session extraordinaire convoquée pour examiner le projet de budget 2014 tire presque à sa fin, sa clôture devant intervenir le 4 février prochain.

Si rien n’est fait entre-temps, il est fort à parier que les députés nationaux prendront de nouveau leur congé sans avoir investi le nouveau gouvernement. Il faudra alors attendre la session ordinaire de mars si l’on s’en tient à avoir un gouvernement investi selon les us par l’autorité parlementaire. C'est dire, in fine, que l'attente risque d'être ennuyeuse. D’autres indiscrétions laissent entendre que ce gouvernement de cohésion nationale ne serait pas bien vu par les bonzes de la majorité à cause de son ouverture à l’opposition. Une approche mal digérée parce que consacrant la réduction du quota attribué à la famille politique du chef de l’État que l’on voudrait voir tout régenter. À moins que les « pseudo opposants » qui accepteraient de participer à cette équipe gouvernementale fassent partie de la nouvelle majorité recomposée roulant, en réalité, pour le pouvoir.

Tout est vérouillé

Tout pour l’instant paraît bloqué. L’information en rapport avec les consultations amorcées au niveau des forces politiques reste toujours verrouillée. Où en est-on aujourd’hui ? Entre-temps, les partenaires économiques sérieux sont dans l’expectative préférant ne pas prendre des engagements financiers avec un gouvernement démissionnaire dont les jours sont comptés. Moralité : le pays stagne avec, en toile de fond, les mouvements limités des ministres et des mandataires publics. La léthargie constatée, si elle tarde, risquerait de conduire à l’inanition, font observer les analystes. En situation normale, mettre en place un gouvernement ne peut durer toute une éternité. Qu'est-ce qui bloque lorsqu'on sait que les concertations nationales ont eu lieu et qu'un comité de suivi de ses recommandations a été mis sur pied et que les négociations de Kampala ont connu leur dénouement ?

Au-delà de la pression intérieure avec une opinion publique agacée d’attendre, la communauté internationale, elle aussi, s’y est mise via l’envoyée spéciale de l’ONU dans la région des Grands lacs qui a promis de faire pression sur Joseph Kabila « pour qu’il mette rapidement sur pied un gouvernement d’union nationale ». Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders avait, quant à lui, confirmé son intention de se rendre en RDC dans les tout prochains jours, mais pas avant que le gouvernement de cohésion nationale ne soit installé. La formation du nouveau gouvernement est-il remis aux calendes grecques ? Difficile de l’affirmer d’autant plus qu’aucune source crédible n’ose se hasarder dans des prédictions. C’est dire que, seul le chef de l’État, en vertu des pouvoirs qui lui sont reconnus, pourra abattre ses cartes au moment qu'il aura choisi pour le faire.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Joseph Kabila s'entretenant avec Léon Kengo Wa Dondo et Aubin Minaku