Guerre dans l'Est de la RDC : Massad Boulos s'aligne sur le narratif rwandais

Lundi 29 Septembre 2025 - 13:55

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

S'exprimant récemment devant la presse à New-York, en marge de la quatre-vingtième session de l'Assemblée générale des Nations unies, le conseiller pour l’Afrique de Donald Trump, Massad Boulos, a pris ouvertement fait et cause pour le Rwanda dans la guerre qui sévit à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Le point de vue de Massad Boulos apparaît dans ses propos tels que décryptés dans certains milieux intéressés en RDC où ils sont considérés comme l'expression de son alignement sur le narratif rwandais. En déclarant que la guerre en RDC est un conflit inter congolais - une rhétorique longtemps ressassé par Kagame -, l'officiel américain a implicitement, selon maints analystes, dédouané Kigali de sa responsabilité directe. Une telle lecture, pense-t-on, minimise l’aspect transfrontalier du conflit, pourtant documenté par plusieurs rapports onusiens.

Massad Boulos aligne donc son discours sur celui du régime de Paul Kagame, qui fait passer la guerre d’agression dans l'Est pour une simple crise interne congolaise. Ce glissement sémantique, s’il n’est pas corrigé, risque de fragiliser la position diplomatique de la RDC et de compliquer les efforts de justice et de réparation, se convainquent d'autres observateurs. Plus grave, Massad Boulos a repris à son compte les revendications du M23 appuyé par le Rwanda, notamment sur l'intégration de ses membres dans les Forces armées de la RDC ou dans les structures locales, voire gouvernementales. Ce n'est pas tout. Il a poussé l'outrecuidance jusqu'à relativiser la notion de "génocide" appliquée à la RDC en refusant de reconnaître la vérité historique.

Eu égard à ce qui est considéré dans les salons huppés de Kinshasa comme un acte de trahison, d'aucuns émettent déjà des doutes quant à l'aboutissement heureux des processus de Washington et de Doha actuellement au point mort. Qu’en reste-t-il réellement aujourd’hui ? La question vaut la peine d'être posée. Ce qui est sûr est que la nouvelle posture de Massad Boulos apporte de l'eau au moulin des ennemis de la RDC plus que jamais déterminés à bloquer les processus de paix en cours pour maintenir le statu quo et continuer à faire main basse sur ses richesses naturelles.

Sylvain Andema

Notification: 

Non