Immigration et peuplement : Emmanuel Macron veut mieux répartir les étrangers en zone rurale

Lundi 19 Septembre 2022 - 13:00

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Le chef de l’Etat français veut que les zones rurales accueillent davantage d’étrangers qui sont en train de perdre la population. Une partie de la droite et l’extrême droite crient au « Grand remplacement ». Pourtant, l’histoire du peuplement des campagnes françaises par la population étrangère n’est pas nouvelle.

Face aux préfets, le président Emmanuel Macron a confirmé sa volonté d’agir sur une meilleure répartition de la population étrangère en France. « Un projet de loi relatif à l’asile, donc à l’immigration dans la République, sera déposé dès début 2023 », a-t-il annoncé. « Nous avons une politique qui est tout à la fois inefficace et inhumaine, inefficace parce que nous nous retrouvons avec plus d’étrangers en situation irrégulière que nombre de nos voisins, inhumaine parce que cette pression fait qu’on les accueille trop souvent mal », a-t-il précisé. Dans ce cadre, il plaide donc pour une meilleure répartition des étrangers accueillis sur le territoire, notamment dans « les espaces ruraux, qui eux sont en train de perdre de la population ». Pour ces étrangers, il estime que « les conditions de leur accueil seront bien meilleures que si nous les mettons dans des zones qui sont déjà densément peuplées ». De plus, cela permettrait selon lui, par exemple, d'éviter de fermer des classes, « vraisemblablement des écoles et des collèges ».

La droite et l’extrême droite parlent de « Grand remplacement »

La proposition d’Emmanuel Macron provoque  la colère auprès de certains partisans de la droite et de l’extrême-droite. La députée du Rassemblement national, Marine Le Pen, a indiqué: « Emmanuel Macron souhaite repartir les étrangers en situation irrégulière dans les espaces ruraux. Nous, nous considérons qu’ils doivent repartir chez eux. Incapable d’appliquer la loi, il veut la changer  », omettant de préciser que le président français a également promis « d’améliorer l’efficacité des politiques de reconduite ». Même réaction indignée  pour le fondateur de Reconquête, Eric Zemmour, qui considère que « le grand remplacement est pour Emmanuel Macron une nécessité ». Un constat corroboré par l’eurodéputée du LR, Nadine Morano. Pour Eric Ciotti, « vouloir déplacer les problèmes liés à l’immigration vers les zones rurales est une hérésie et une lâcheté. Macron continue son entreprise de déconstruction de la Nation ». Il appelle à mettre fin à « l’immigration de masse ».

L’histoire du peuplement des campagnes françaises par les étrangers

En réalité, la répartition de la population immigrée sur le territoire français est une constante depuis la moitié des années 1970. « L’institutionnalisation du dispositif d’accueil repose sur  un double principe de centralisation et de dissémination des centres d’hébergement sur l’ensemble du territoire. Il est guidé par deux critères : la concentration de la population étrangère et la situation économique de la zone envisagée », selon la revue européenne des migrations internationales qui détaille ce lien entre immigration et zones rurales : « Les communes rurales ont ainsi dès le départ été incluses dans l’accueil de réfugiés ». Au fil des ans, « la multiplication des structures inventées pour accueillir la population concernée s’accompagne de leur dispersion spatiale croissante sur le territoire national ». Dès 2003, « à l’exception de deux départements métropolitains », l’ensemble des départements va être doté de CADA (Centres d'accueil pour demandeurs d'asile).  En janvier 2016, le ministre de l’Intérieur d'alors, Bernard Cazeneuve, expliquait aux préfets que l'Etat souhaitait « assurer une meilleure répartition territoriale de l’offre d’hébergement dédiée aux demandeurs d’asile ». Puis il est mis en place « un schéma national d’accueil des demandeurs d’asile, basé sur des objectifs chiffrés de développement des parcs d’hébergement des CADA par région métropolitaine ».

Le ministre de l’Intérieur actuel, Gérard Darmanin, appelle à aborder le sujet de front, à ne pas éviter le débat. Deux débats auront donc lieu en octobre ou en novembre sur l’immigration au Parlement, pour aboutir en décembre ou janvier 2023 sur un projet de loi. 

Noël Ndong

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