Insalubrité : Kinshasa, crasseuse capitale…

Lundi 23 Mai 2022 - 12:00

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La saleté, c’est l’une de grandes caractéristiques de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo depuis des lustres. Le chanteur JB Mpiana l’a dit dans une de ses chansons, soulignant que « poto moindo » (belle ville subsaharienne) de jadis est devenue une ville folle, sale, avec des mœurs détruites, une grosse poubelle. Cette chanson, se souvient-on, a même été un peu censurée.

Ancien gouverneur de la ville province de Kinshasa, André Kimbuta Yango avait bizarrement pris la décision de placer des poubelles publiques sur les grandes avenues, rendant la mégapole malodorante car des ordures ainsi exposées dégageaient une puanteur insupportable. « J’ai demandé aux autorités un financement conséquent pour évacuer les immondices et rendre la ville propre, mais en vain », avait-il lâché une fois. L’on se souvient encore d’une autre phrase qui s’était échappée de lui face à une détérioration indescriptible sur une centaine de mètres de la chaussée de l’avenue de l’Université, dans la commune de Ngaba, que la population avait nommée « Libulu manzengele ». Celui qu’on appelle « Haut sommet » ou encore « Ya André » s’était écrié sur un ton un peu humoristique mais sincère et hors caméra : « Mboka oyo ekobonga lisusu te » (Cette ville ne s’affranchira plus de son marasme). C’est la représentation de l’Union européenne à Kinshasa qui s’était investie dans l’évacuation des immondices entassées sur les décharges publiques placées au bords de grandes artères de la ville.

Écarté des affaires, André Kimbuta a laissé la place à Gentiny Ngobila Mbaka. Et ce dernier a de go centré son action sur la propreté de la capitale, avec le programme « Kin bopeto ». Quelques artères principales dans la ville sont réhabilitées, d'autres en reconstruction après des décennies, mais la saleté a tellement la peau dure, presqu’au grand désespoir des autorités du pays. Lorsqu’il y a averse sur Kinshasa, ce n’est nullement le beau temps après ! La ville est quasi inondée, l’eau des pluies s’évacuant à peine par des tranchées et caniveaux non curés, des mares stagnant par-ci par-là. Une configuration de chaos général s’observe à Kinshasa après la pluie, sans mentionner des dégâts importants, et même parfois de pertes en vies humaines occasionnées par le contact inaproprié et involontaire entre le courant électrique -dont les fils sont mal installés- et les eaux trainantes de pluie. L’on a encore frais en mémoire le drame de Matadi-Kibala dans la partie ouest de la ville où une trentaine des femmes vendant dans un petit marché a perdu la vie à la suite de la rupture d’un câble électrique de moyenne tension placé en hauteur. C’est à croire que l’autorité n’existe pas, la ville semble ne pas être gérée.

Lingwala et Kinshasa…

Certaines communes de Kinshasa pourraient même prétendre au meilleur prix de mauvaise gouvernance. Tenez, les communes de Lingwala et Kinshasa sont presque inaccessibles après même une assez forte pluie d’une trentaine de minutes. Les conduits d’eau construits depuis la colonisation belge et bourrés d’ordures y jetés par la population en déficit de conscientisation sur la gestion des ordures sont littéralement obstrués.

C’est le typique cas du ruisseau de la commune de Lingwala, traversant le camp policier Lufungula, bordant les rues Kato et Entente, ainsi que Kato nord, avant de franchir l’avenue de Libération (ancienne avenue du 24 novembre) et se muer en rivière Gombe. Ce petit cours d’eau est une parfaite illustration de l’inattention des autorités concernées sur le sujet. Ce ruisseau n’a plus été curé depuis deux ou trois ans, étant devenu un dépotoir d’ordures et un canal de vidange de fosses sceptiques des habitations environnantes. L’eau y coule péniblement, une forte végétation a poussé sur le lit du ruisseau déjà rempli de déchets en plastique. Le bureau communal de Lingwala ne semble pas du tout s’en émouvoir.

Après la pluie dans la commune de Kinshasa, tout est boue ! La saleté est à son comble, il n’est pas surprenant de remarquer un amas de merde -provenant des fosses sceptiques et déversé dans des caniveaux du reste pleins d’eaux qui ne coulent pas ! Les autorités urbaines (les bourgmestres) ainsi que leur hiérarchie (le gouverneur) devraient être interpellées sur la question de l’hygiène dans la capitale de la République démocratique du Congo, a plaidé un natif de Lingwala ayant requis l’anonymat.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

1et 2- Un ruisseau de la commune de Lingwala rempli d'ordures...

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