Institut français du Congo : un week-end animé sur les questions autochtonesLundi 14 Février 2022 - 17:21 Le week-end dernier a été marqué par une triple activité liée aux questions autochtones, à l’Institut français du Congo (IFC) de Brazzaville. Tout a commencé par une table ronde portant sur le thème « Paroles autochtones », dans le hall de l’IFC. Animée par Romain Duda, elle a connu la participation des responsables d’associations et membres de la société civile, des représentants des autochtones (Bayaka, Batwa, Babongo) afin de discuter de l’état des droits autochtones au Congo, de présenter leur point de vue sur des situations qui sont au cœur de leur quotidien : droits humains et discriminations, accès à la santé et à l’école, changements sociaux, environnementaux et climatiques. Un véritable plaidoyer. Pour les panelistes, la situation des peuples autochtones est identique. « On retrouve les mêmes formes de stigmatisation, de discrimination ; les mêmes rapports de domination avec leurs voisins..., créant des questionnements identitaires. D’où est-ce qu’on vient ? C’est quoi la culture ?... Il y a comme une perte d’identité », a indiqué Romain Duda. Il a ajouté qu’il y a beaucoup de jeunes autochtones aujourd’hui qui disent: « Nous allons à l’école pour être comme les Bantous ». C’est devenu un modèle de développement qui n’est pourtant pas forcement le meilleur. Parce qu’ils sont nés pygmées, ils sont nés autochtones, Aka, Mbaka, Batsoua, Baboutis, … Ils le resteront toujours. Les panelistes ont indiqué que les formes de racisme auxquelles ils font allusion ne sont pas seulement observées au niveau de la population locale mais aussi des institutions. C’est surtout ces formes de discrimination qui ont fait l’objet de cette table-ronde, notamment l’accès à l’école, aux soins, à l’administration, à l’emploi... Ces différents échelons de discrimination font qu’aujourd’hui beaucoup d’autochtones sont localement considérés comme des gens de la forêt. « On n’aimerait bien qu’ils se développent, qu’ils sortent de la forêt », a fait savoir l’un d’eux. La table ronde a été suivie d’un échange avec le public. « Forêts humaines » Aka et Baka dans le monde qui vient Une exposition de vingt-cinq tirages de photographies en noir et blanc, prises par Romain Duda lors de différents terrains de recherches anthropologiques au sein de villages autochtones Baka du Cameroun et Aka du nord, entre 2012 et 2021, illustrant le quotidien de ces autochtones Baka, a été ouverte juste après la table-ronde. Le but de cette exposition initiée à la base par la ville de Paris est de faire connaître la richesse de la culture, le fonctionnement social, le rapport intime à la forêt et les savoirs traditionnels de la population autochtone mais aussi mettre en lumière sa situation de marginalisation et les enjeux auxquels elle fait face au XXIe siècle. Il s'agit de rendre visibles les lieux de vie actuels des autochtones : la forêt, espace-ressource traditionnelle, lieu de joie et d’abondance et le village, carrefour économique attirant de plus en plus les jeunes en quête de devenir et d’intégration au modèle dominant. Elle fermera ses portes à la fin de ce mois. « ... Le fait que la population autochtone est marginalisée socialement, il y a un impact sur sa santé. L’exposition se termine avec les thématiques qui sont plus liées à la problématique de l’école et de la santé (la lèpre, la tuberculose, le pian, …) », a expliqué Romain Duda. Notons que Romain Duda a travaillé entre 2012 et 2017 au Cameroun. Il a passé un an et demi dans le village Mbaka (Cameroun) avant de se rendre au nord Congo, précisément dans le département de la Likouala. Au début, ses activités de recherche concernaient les politiques de conservation de la faune et le rapport des autochtones du Cameroun avec la chasse et le gibier. Ensuite il a commencé à travailler sur la santé, l’accès aux soins de la population autochtone du nord Congo dans un projet d’Ordre de Malte. Bruno Okokana Légendes et crédits photo :1- Les panelistes et les participants lors de la table ronde / Adiac
2 - Une vue de l’exposition / Adiac
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