Interview. Benjamin Kahitare : « Pour jouer à Kin, il faut être à la hauteur »

Mardi 30 Août 2016 - 19:04

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Compté parmi les hôtes des 48 heures du rire, l’évènement du mois présenté comme une version soft du Festival international d'humour de Kinshasa, Toseka, réservé aux artistes congolais, l’humoriste venu tout droit de son Lubumbashi natal a égayé le Théâtre de Verdure. Troisième à se produire sur la scène, le 21 août, après Sol-Rigo et Jonathan de Goma, il a dit son bonheur d’avoir réussi à faire rire la population de Kinshasa réputée plutôt exigeante.

Benjamin Kahitare sur la scène de Toseka, les 48h du rire Les Dépêches de Brazzaville : Comment peut-on vous présenter à nos lecteurs ?

Benjamin Kahitare  : Je m’appelle Benjamin Kahitare. Je suis ingénieur informaticien mais je fais la comédie. Mon grand-frère a fait le droit, mais il est quado (réparateur de pneus), mon oncle a fait les maths, pour l’instant il est cantonnier, on s’en fout !

L.D.B : C’est votre phrase fétiche, l’introduction de votre stand up. Mais est-ce vrai. Si, oui, comment avez-vous atterri dans l’univers de l’humour ?

B.K. : Je ne savais pas qu’un jour je ferai du théâtre, mais je suis un passionné de la foule et des lumières, des projecteurs. J’aime bien la lumière parce qu’elle est tout près de la vérité. Et d’ailleurs, j’ai intitulé mon prochain spectacle Spotlight. Pour moi, la scène c’est une façon de me dévoiler, montrer ce que je suis réellement. Cela m’a pris beaucoup de temps pour me découvrir en tant que tel et cela a été un travail de longue haleine. Mais je crois que c’est cela qui m’a donné ce courage de faire ce que je fais aujourd’hui.

L.D.B : Aviez-vous déjà entendu parler du Festival international d’humour de Kinshasa, Toseka, avant d’être contacté pour y participer ?

B.K. : Oui, Toseka j’en avais déjà entendu parler. C’est un évènement pour lequel je dis bravo aux organisateurs. C’est un premier festival du genre ici au Congo. J’ai voyagé et vu ce qui se passe sous d’autres cieux, il n’a rien à envier à la scène internationale. Nous avons les talents qu’il faut, il nous reste d’avoir les moyens qu’il faut. Il y a énormément d’effort fourni et de travail réalisé. J’ai beaucoup de respect pour les organisateurs de ce festival et c’était vraiment un honneur pour moi d’avoir été sollicité.

L.D.B : Aviez-vous quelques appréhensions avant d’y être  ?

B.K. : Je dirai, peut-être que oui, peut-être que non. (Petits rires), j’en avais peut-être, c’est vrai mais j’avais surtout une grande soif de rencontrer mes collègues humoristes, de voir cette autre énergie qui se développe… C’est bon de rencontrer ses pairs qui ont leurs histoires aussi, ont grandi à leur manière, ont eu aussi leurs galères parce que ce travail n’est pas facile… Et de connecter cette énergie sur cette scène, ça produit quelque chose de grand. C’est cela qui est très important pour moi.

L.D.B : Toseka n’est pas votre première scène kinoise. Comment appréciez-vous votre prestation à la Halle de la Gombe et celle du Festival Toseka ?

B.K. : Il y a une différence entre les deux. La première fois, j’ai fait un one-man-show, un spectacle où j’ai tenu une heure tout seul sur scène. Mais là au Festival, on donne beaucoup plus d’énergie, on joue de manière concise. Il faut donner le meilleur dans un laps de temps, un moment très limité. C’est encore plus compliqué de le faire bien que le temps soit court. Du point de vue public, il me semble que c’est le même. Je l’apprécie beaucoup, il est play mais en tout cas, il ne fait pas de cadeau. Il sait ce qu’il veut. Aussi, pour jouer à Kin, il faut être à la hauteur, il faut être en mesure de donner le meilleur. Pour cela, il faut bosser. Et, ce qui est bien ; le public n’hésite à te rendre la pareille quand tu lui fais du bien mais il ne te flatte pas du tout non plus quand tu es au dessous de la moyenne, il te fait : « Bima ! bima ! (sors ! sors ! ) ». J’aime cela énormément car cela pousse à travailler.

L.D.B : Votre spectacle était-il inédit, préparé spécialement pour Toseka ou avez-vous réaménagé un ancien, mis des bouts ensemble pour l’occasion  ?

B.K. : Un sketch, c’est comme un tableau. Je ne vais pas dire que c’est des bouts que j’ai collectionnés mais il y a toujours un fil conducteur. J’ai déjà un spectacle que je joue sur la ville de Kinshasa parce qu’elle me passionne beaucoup. La population de Kin est un carrefour de plusieurs cultures congolaises, c’est un peu complexe de jouer devant elle. C’est un peu comme jouer devant tous les Congolais qui parlent plusieurs dialectes et nous sommes différents d’une certaine manière mais nous avons des valeurs communes. Il y a toujours un fil conducteur qui donne l’énergie du départ.

L.D.B : Toseka, si c’était à refaire, vous reviendriez ?

B.K. : Si c’était à refaire ? Je resterai toujours fan de ce festival, de cette ville, cette population qui m’enthousiasme. Je garderai une image positive d’un Congo qui se lève. Si c’était à refaire, je dirai que je n’envierai aucun pays au monde. Le Congo est la terre où je devais être. Je suis à l’endroit où je devais être et c’est un bonheur, vraiment un plaisir de rencontrer cette population kinoise.

Propos recueillis par

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Benjamin Kahitare sur la scène de Toseka

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